L’administration Biden va passer en revue « certaines » exportations d’équipements militaires

Selon des chiffres publiés en décembre par le département d’État et le Pentagone, le montant total des exportations américaines d’équipements militaires a atteint 175 milliards de dollars au cours de l’exercice 2020, soit 2,4% de plus par rapport à l’année précédente. Ce résultat est dû en grande partie aux ventes commerciales directes, lesquelles ont représenté 124,3 milliards de dollars [contre 114,7 milliards un an plus tôt], le reste des transactions relevant du dispositif des « Foreign Military Sales », pour 50,78 milliards.

En outre, entre l’élection présidentielle du 3 novembre et l’investiture de Joe Biden comme 46e président des États-Unis, le 20 janvier, l’administration Trump a autorisé pas moins de 14 nouvelles ventes dans le cadre des FMS, pour une valeur totale estimée à 26,3 milliards de dollars.

Parmi ces ultimes autorisations de l’ère Trump, plusieurs concernent des pays du Moyen-Orient, en particulier les Émirats arabes unis [50 F-35, 18 drones MQ-9 SeaGuardian], l’Arabie Saoudite [3.000 bombes GBU-39 SDB] et le Koweït [hélicoptères AH64E]. D’autres ont été accordées à Taïwan, à l’Australie, à la Roumanie ou encore au Canada.

Or, le 27 janvier, un porte-parole de la diplomatie américaine a annoncé que ces ventes allaient être suspendues temporairement afin de « permettre » à la nouvelle administration de les « réexaminer ». Et d’expliquer qu’il s’agit de « faire en sorte que les ventes d’armes par les États-Unis répondent à nos objectifs stratégiques. » C’est une « mesure de routine administrative typique de la plupart des transitions, qui démontre [notre] engagement en faveur de la transparence et de la bonne gouvernance », a-t-il justifié.

Les commandes passées par le Canada [missiles SM-2, soutien de la flotte d’avions C-17] ou la Croatie [modernisation de véhicules Bradley] ne devrait pas poser de problème… En revanche, d’autres, comme celles destinées aux Émirats arabes unis, ont prêté le flanc à la polémique, des résolutions visant à les bloquer ayant été discutées au Congrès, avant finalement d’être rejetées.

Les élus à l’origine de ces résolutions avaient expliqué que la vente de F-35 à Abu Dhabi était de nature à remettre en cause la supériorité militaire d’Israël au Moyen-Orient [Qualitative Military Edge – QME]. En outre, ils s’étaient inquiétés d’un possible accès de la Chine et de la Russie, pays avec lesquels les Émirats arabes unis ont de bons rapports, à des technologies sensibles. Enfin, ils pointèrent le risque de voir de tels équipements être utilisés au Yémen et en Libye.

Alors qu’il n’était encore que le conseiller diplomatie du candidat Biden, Antony Blinken avait expliqué les ventes d’armes aux Émirats allaient être « examinées très, très attentivement ». Maitenant qu’il a été confirmé à la tête de la diplomatie américaine, il a semblé minimiser la portée de l’examen annoncé.

« De manière générale, lorsqu’il s’agit de ventes d’armes, il est courant quand une nouvelle administration entre en fonction, de les passer en revue afin de s’assurer qu’elles fassent progresser nos objectifs stratégiques et notre politique étrangère. C’est donc ce que nous faisons », a ainsi expliqué M. Blinken.

Cela étant, les premières livraisons de F-35A aux forces aériennes émiraties sont attendues à partir de 2027, d’après l’accord signé le 21 janvier dernier. Aussi, il n’y pas d’urgence…

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