Le chef d’état-major israélien annonce de nouveaux plans opérationnels contre l’Iran

Signé en juillet 2015 par le groupe 5+1 [les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies et l’Allemagne] et l’Iran, l’accord de Vienne [ou Plan d’action global commun – PAGC ou JCPoA en anglais] consiste à limiter les capacités nucléaires de Téhéran afin de l’empêcher ainsi d’obtenir l’arme nuclaire, en échange d’une levée partielle des sanctions internationales contre son économie. Seulement, Israël a toujours considéré que ce texte n’apportait pas suffisamment de garanties. D’où l’hostilité affichée à son égard par Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien.

En mai 2018, ce dernier fut rejoint par le président Trump, lequel a fait sortir les États-Unis du PAGC, en mai 2018, avant de rétablir les sanctions américaines contre l’économie iranienne. L’une des raisons ayant motivé cette décision était que l’Iran profitait de sa manne financière pour financer des groupes armés au Moyen Orient. En outre, Washington [mais aussi Paris, Londres et Berlin] reprochait également à Téhéran de continuer de développer son arsenal de missiles balistiques, ce que l’accord de 2015 lui interdisait [du moins, selon l’interprétation qui pouvait en être faite].

Les sanctions ayant été rétablies et devant les difficultés des Européens à mettre en place un mécanisme appelé à en attenuer les rigueurs, l’Iran commença à s’affranchir des obligations prises dans le cadre du PAGC. Dans le même temps, l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] se pencha sur des sites nucléaires que Téhéran avait omis de déclarer en 2015… et dont Israël signala l’existence. Et de demander des explications, ou du moins des éclaircissements à leur sujet.

Quoi qu’il en soit, et après la défaite de M. Trump face au candidat démocrate, Joe Biden, lors de la dernière élection présidentielle américaine, l’Iran a annoncé son intention de produire, sur son site souterrain de Fordo, de l’uranium enrichi à 20%, soit à un taux cinq fois supérieur à celui autorisé par le PAGC [soit un taux de 3,5%, suffisant pour des applications civiles].

Cette annonce constitue évidemment un grave violation du PAGC, que la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Russie souhaitent préserver. En effet, pour provoquer une réaction en chaîne surcritique pendant un temps très bref pour créer une explosion, l’uranium doit contenir un minimum d’environ 20% d’isotopes 235U. Cependant, un tel taux d’enrichissement ne suffit pas pour produire une arme nucléaire, à moins de la vouloir massive et intransportable…

Reste qu’il est plus facile d’enrichir de l’uranium de 20 à 90% [soit le niveau requis pour une arme nucléaire opérationnelle] que de l’enrichir de 3 à 20%. D’où les propos récemment tenus par Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères, dans les colonnes du Journal du Dimanche.

« L’Iran – je le dis clairement – est en train de se doter de la capacité nucléaire. […] Il y a également une élection présidentielle en Iran à la mi-juin. Il est donc urgent de dire aux Iraniens que cela suffit et de prendre les dispositions pour que l’Iran et les États-Unis reviennent dans l’Accord de Vienne », a en effet affirmé le chef du Quai d’Orsay.

Et d’ajouter : « En sortant de cet accord, l’administration Trump a choisi la stratégie qu’il a appelée de la pression maximale contre l’Iran. Le résultat, c’est que cette stratégie n’a fait que renforcer le risque et la menace. Il faut donc enrayer cette mécanique. »

Et encore, « cela ne suffira pas [car] il faudra des discussions difficiles sur la prolifération balistique et les déstabilisations par l’Iran de ses voisins dans la région », a ajouté M. Le Drian, pour qui il y a « urgence ».

Dans ce contexte, quelles seront les priorités de la diplomatie américaine sous la présidence de Joe Biden? Considérant la politique de son prédécesseur à l’égard de l’Iran comme un échec, l’élu démocrate a dit vouloir faire revenir les États-Unis dans le PAGC… mais à la condition que Téhéran revienne au strict respect de ses engagements. De leur côté, les dirigeants iraniens attendent que Washington fasse un premier pas pour ensuite respecter les termes de l’accord de Vienne.

En attendant, en Israël, on estime que revenir au PAGC serait une « mauvaise chose ». C’est ce qu’a encore affirmé le général Aviv Kochavi, le chef d’état-major des forces israéliennes, à l’occasion de l’une de ses rares interventions publiques, le 26 janvier.

« Tout accord qui ressemble à l’accord de 2015 est une mauvaise chose, tant sur le plan stratégique qu’opérationnel », a ainsi dénoncé le général Kochavi, lors d’un congrès organisé par l’Institut de recherche de défense de l’Université de Tel-Aviv [INSS].

« Les pressions sur l’Iran doivent se poursuivre, l’Iran ne peut pas avoir de capacités pour posséder une bombe nucléaire », a continué le chef d’état-major israélien. Sinon, cela serait « une inacceptable et conduirait à une prolifération nucléaire dans toute la région », a-t-il fait valoir, observant que, « en ce qui concerne le front nord [Liban et Syrie, ndlr], ne montre pas d’intention de se retirer. » D’où les opérations de Tsahal pour « empêcher la poursuite de cette implantation. »

Cela étant, de nouveaux plans opérationnels contre l’Iran et ses activités nucléaires sont en préparation, selon le général Kochavi. « Nous prenons soin de ces plans et les développerons au cours de l’année à venir. Ceux qui décident de les exécuter, bien sûr, sont les dirigeants politiques. Mais ces plans doivent être sur la table », a-t-il expliqué.

Pour Téhéran, de tels propos relèvent de la « guerre psychologique ».

« Ils sont en train de mener une guerre psychologique, ils n’ont pratiquement aucun plan, aucune capacité », a en effet réagi Mahmoud Vaezi, le directeur du cabinet du président iranien, Hassan Rohani, ce 27 janvier.

« Pour défendre l’Iran, nos forces armées sont entraînées. Les différentes manoeuvres que nous avons effectuées sont des signes que nous n’avons pas l’intention d’attaquer », a poursuivi M. Vaezi. « Nous n’avons pas l’intention d’entrer en guerre, mais nous défendons sérieusement le pays », a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]