Le président Biden propose à Moscou une prolongation de cinq ans du traité de maîtrise des armements New Start

Signé en 2010 et entré en vigueur en février 2011 pour une durée de dix ans, le traité de maîtrise des armement stratégiques New Start, qui limite la taille des arsenaux nucléaires américains et russe à 1.550 têtes nucléaires déployés et à 700 lanceurs stratégiques, arrivera à échéance le mois prochain. Et, jusqu’à présent, aucune des deux parties ne semblait prête à le prolonger en raison de désaccords profonds.

En effet, l’administration Trump estimait qu’un tel traité devait également concerner la Chine et être étendu aux armes hypersoniques, dont certaines sont déjà en dotation au sein des forces russes, comme le système Avangard et, prochainement, le missile Kh-47М2 Kinzhal. En outre, des désaccords sur les mécanisme de vérification persistaient. Même chose au niveau de la volonté russe d’y inclure la défense antimissile.

Évidemment, la Chine a fait savoir qu’elle ne souhaitait nullement intégrer le traité New Start, faisant valoir que son arsenal nucléaire, même s’il semble se développer, n’avait rien à voir à la taille de ceux possédés par les États-Unis et la Russie.

S’agissant des armes hypersoniques, Moscou a eu un « geste de bonne volonté » en proposant, en décembre, d’inclure son système Avangard dans le traité New Start.

« C’est un geste de bonne volonté, malgré un certain nombre de questions juridiques surgissant notamment au sujet d’une vision non constructive des États-Unis sur le contrôle de tels systèmes. Il reste encore à régler ces questions. D’une manière générale, nous sommes ouverts aux débats sur le dossier, dans des formats plurilatéraux également », avait expliqué le minsitère russe des Affaires étrangères, à l’époque.

Cela étant, l’article XIV du traité prévoit qu’il peut éventuellement être prolongé d’année en année pour une durée maximale de cinq ans. Ce qui fait qu’il est donc possible de le maintenir en l’état jusqu’en 2026. Et c’est ce que vient de proposer le président Biden, peu après avoir pris ses fonctions à la Maison Blanche.

« Le président a toujours dit clairement que le traité New Start était dans l’intérêt de la sécurité nationale des Etats-Unis et une telle extension est encore plus nécessaire quand les relations avec la Russie sont tendues », a en effet annoncé Jen Psaki, la porte-parole de la présidence américaine.

Dans le même temps, M. Biden a également demandé aux services de renseignement américains de livrer un « examen global » certaines activités dont est spoupçonnée la Russie, comme la cyberattaque « Sunburst« , les ingérences dans les élections, l’usage d’armes chimiques contre l’opposant russe Alexeï Navalny ou encore l’affaire des primes qui auraient été offertes aux taliban pour tuer des soldats américains en Afghanistan.

Quoi qu’il en soit, la proposition de la Maison Blanche a été bien accueillie par le Kremlin. « Nous ne pouvons que saluer la volonté politique de prolonger ce document », a a déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, le président russe. « Tout dépendra des détails de cette proposition », qui doivent encore « être étudiés », a-t-il cependant ajouté, rappelant qu’un « certain nombre » de conditions posées par l’administration Trump pour prolonger le traité « ne convenaient absolument pas » à la partie russe. « Prenons d’abord connaissance de ce que les Américains proposent et nous ferons ensuite un commentaire », a-t-il insisté.

D’un point de vue militaire, le New Start offre des garanties sur la réalité des arsenaux détenus par la Russie et les États-Unis. Des garanties supérieures à celles qu’apporte le renseignement. En outre, il permet également un dialogue entre militaires des deux côtés.

En outre, pour les États-Unis, la fin du traité n’aurait pas forcément été à leur avantage. En effet, la Russie a pris de l’avance sur la modernisation des armes et vecteurs nucléaires… Ce qui fait que, dans le cas où New Start venait à disparaître, elle serait plus prompte à augmenter la taille de son arsenal.

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