En coopération avec les forces locales, Barkhane a « neutralisé » plusieurs dizaines de jihadistes au Burkina Faso

L’activité opérationnelle de la force française Barkhane aura été dense au cours de ces derniers jours. En particulier dans le nord du Burkina Faso, pays considéré comme étant le maillon faible de la lutte contre le terrorisme.

En effet, ce dernier représente un enjeu pour les deux principales organisations jihadistes qui sévissent au Sahel, à savoir le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM, lié à al-Qaïda] et l’État islamique au grand Sahara [EIGS] dans la mesure où il est traversé par plusieurs « couloirs » de trafics et qu’il est un point de passage obligé vers le golfe de Guinée.

Ainsi, selon l’État-major des armées [EMA], le triangle délimitée par Boulikessi [sud du Mali], Ouanzerbé [ouest du Niger] et Gorom Gorom [nord du Burkina Faso] constitue une zone disputée par les deux organisations jihadistes. D’où les opérations qui y ont été menées la semaine passée par Barkhane, des éléments de la Force conjointe du G5 Sahel et les forces armées locales.

Le Groupement tactique Désert [GTD] n°2 « Conti » y a déployé deux sous-groupements [SGTD], lesquels ont coordonné leurs actions avec des Éléments tactiques interarmes [ETIA] maliens et nigériens de la FC-G5S ainsi qu’avec des unités des forces armées maliennes [FAMa] et burkinabè [FNAB].

L’un de ces deux SGTD, accompagné par un ETIA malien, a mené des reconnaissances « offensives » dans le secteur de Gorom Gorom. Au cours de celles-ci, les militaires français et maliens, alternant les modes d’action, ont « pu surprendre l’ennemi à de multiples occasions saisissant de nombreuses ressources », rapporte l’EMA, dans son dernier compte-rendu des opérations.

Le second SGTD de Conti, associé à ETIA nigérien, a « harcelé » les groupes jihadistes dans une zone située entre Ouanzerbé et la forêt de Boguel Younous [Burkina Faso]. En coordination avec un bataillon burkinabè, leurs actions « ont facilité la détection » ainsi que la « neutralisation » de plusieurs jihadistes.

Dans le même temps, le Groupement commando de Barkhane a poursuivi ses patrouilles de recherche et d’action dans la profondeur à l’ouest de Boulikessi. Selon l’EMA, de « nombreuses ressources » ont été saisies, dont six motos et trois engins explosifs improvisés [IED].

Cela étant, l’EMA est resté vague sur les moyens utilisés lors de trois actions menées au Burkina Faso, précisément au sud de la localité malienne de Boulikessi.

En effet, le 16 janvier, l’EMA indique qu’un « déplacement suspect d’un groupe d’une trentaine de motos a été identifié par les moyens de renseignement de la Force au Burkina Faso ». Quels moyens? Interrogé à ce sujet lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées, son porte-parole, le colonel Frédéric Barbry, n’a pas souhaité faire de commentaire.

Toujours est-il que ce rassemblement suspect, caractérisé comme étant celui d’un groupe armé terroriste [GAT], a été visé par une patrouille d’hélicoptères d’attaque Tigre. Ce raid a permis de « neutraliser une dizaine » de jihadistes et de détruire une vingtaine de motos. Le même jour, « les moyens de renseignement de la force » ont repéré un pick-up qui, faisant route vers N’Daki, au Mali, a été détruit par une frappe réalisée par un drone MQ-9 Reaper après avoir été « caractérisé » comme cible.

Le lendemain, dans le même secteur, et grâce à « divers moyens d’observation et de renseignement », un rassemblement de quarante motos a été repéré. Ce qui a nécessité une nouvelle intervention des hélicoptères Tigre.

« Afin d’empêcher que cette colonne ne pénètre davantage vers les zones habitées, plusieurs tirs ont été réalisés par une patrouille de Tigre, permettant d’arrêter la colonne de neutraliser plus d’une dizaine de GAT et de détruire une dizaine de motos », précise l’EMA.

Ce dernier se refusant toujours à donner un bilan précis des pertes infligées par Barkhane et ses partenaires aux groupes terroristes, ce sont donc plus d’une vingtaine de jihadistes qui ont été mis hors de combat lors de ces différents actions conduites au Burkina Faso.

Par ailleurs, les opérations se sont poursuivies dans le Gourma malien. Avec l’appui de « moyens de surveillance et d’attaque », le GTD Lamy et trois compagnies issues des 33e Régiment de commandos parachutistes et du 62e Régiment d’infanterie des FAMa ont traqué les jihadistes dans la région d’Isey et la forêt de Foulsaré. Ce qui a permis de découvrir un important « plot » logistique, comprenant notamment un atelier servant à fabriquer des IED. Selon l’EMA, plus d’une quinzaine de téléphones, des batteries, de l’explosif artisanal, du cordon détonant, une ceinture d’explosifs, du matériel médical et cinq fûts d’essence ont été saisis.

Enfin, relevant de Barkhane, le groupement européen de forces spéciales Takuba, a accompagné l’Unité légère de reconnaissance et d’intervention [ULRI] n°4 malienne dans le secteur d’Asongo. Cett dernière a « surpris et a stoppé la progression tactique d’un groupe armé », ce qui a donné lieu à un échange de tirs, à l’issue desquels les jihadistes ont pris la fuite.

À noter que, au cours de cette action, les soldats maliens ont libéré un civil retenu prisonnier par les terroristes. « Grâce à une excellente discrimination et la très bonne réaction de l’ULRI FAMa, ce dernier n’a pas été touché. Il a pu être libéré et remis aux autorités locales le lendemain », souligne l’EMA.

Photos : © EMA

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