L’armée de l’Air et de l’Espace met l’accent sur sa capacité d’action à grande distance
En 2018, et après avoir pris part, depuis ses bases en France, à l’opération Hamilton, conduite en avril contre le programme syrien d’armes chimiques, l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE] mena la mission Pégase pour démontrer sa capacité de « projection de puissance » sur de très longues distances en déployant trois Rafale, un A400M, un A310 et un avion-ravitailleur C-135FR dans la région Indo-Pacifique.
« Les objectifs de cette mission étaient d’abord d’affirmer notre présence dans cette zone du monde. […] Il s’agissait également de mieux connaître cette région et de renforcer notre coopération militaire avec des partenaires stratégiques majeurs, que sont l’Australie et l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Vietnam et Singapour. […] Et j’en rajouterai un quatrième, la possibilité pour nos aviateurs de montrer avec fierté tout ce dont ils sont capables. C’est absolument déterminant que de pouvoir mener de grandes opérations – qui sont très exigeantes pour nos aviateurs, parce qu’elles les amènent à se projeter très loin », avait dit Florence Parly, la ministre des Armées.
Cela étant, l’aAE mène régulièrement des exercices de projection à longue distance, comme par exemple celui appelé « Marathon-Monfreid », qui consiste à faire décoller des Rafale des Forces aériennes stratégiques [FAS] depuis leur base en France pour un raid simulé en direction de Djibouti, où les attendent les Mirage 2000-5 de l’escadron de chasse 3/11 « Corse » pour leur livrer une opposition.
Le 15 décembre, un tel exercice de « démonstration de projection de puissance », appelé « Minotaure », a été mené par trois Rafale B des FAS, partis de Saint-Dizier et escortés par deux Rafale C de la 30e escadre de chasse. Appuyée par un A330 MRTT et un avion radar E-3F Sentry, cette formation a mis le cap vers Djibouti avant de se frotter à une opposition air/air et air/sol « dense » dès leur arrivée… après un vol de plus de 10h et plusieurs ravitaillements en vol.
« Réaliser un combat aérien de haute intensité après un vol de projection de plus de dix heures est aujourd’hui une capacité exceptionnelle détenue par l’armée de l’Air et de l’Espace », a d’ailleurs souligné le Sirpa Air.
Puis, le 6 janvier, avec le concours de deux avions ravitailleurs A330 MRTT « Voyager » de la Royal Air Force, deux Mirage 2000D de la 3e escadre de chasse partis de Nancy et deux Mirage 2000-5 de l’escadron de chasse 1/2 Cigognes ayant décollé de Luxeuil, ont à leur tour rejoint Djibouti dans le cadre de l’exercice « Shaheen », reprsentatif d’un mission tactique de « haute intensité ».
Et à la différence du raid « Minotaure » conduit trois semaines plus tôt, le « comité d’acceuil’ aura été un peu plus musclé, avec deux Rafale et deux Mirage 2000-5 ainsi que des systèmes de défense sol/air chargés d’empêcher cette formation de pénétrer dans l’espace aérien djiboutien et de lancer ses missiles de croisière, emportés par les Mirage 2000D.
« Nous devons calculer le point de largage de nos missiles afin de leur faire suivre une route, en basse ou haute altitude, de telle sorte qu’ils évitent ces dits systèmes qui pourraient les neutraliser. Par ailleurs, afin de les saturer, nous devons tirer simultanément nos deux [missiles] Scalp pour nous assurer qu’au moins l’un d’entre eux touche la cible », a expliqué commandant de la mission.
Par la suite, et toujours à Djibouti, les deux Mirage 2000D, les deux Mirage 2000-5 de l’EC 1/2 Cigognes et les six Rafale, rejoints par un A330 MRTT Phénix, ont enchaîné sur une campagne valorisée axée sur l’ »Entry Force » [entrée en premier au déclenchement d’une opération]. « Cet entraînement est comparable à ‘Volfa’ [un exercice du même type organisé en France]. Le nombre d’avions est certes plus modeste, mais les missions, reposant sur un scénario ayant pour dominante la notion d’Entry Force, demeurent tout aussi complexes », a fait valoir le directeur de l’exercice.
Cette campagne n’est pas encore terminée qu’un nouvel exercice, encore axé sur la capacité d’action à longue distance et appelé « Skyros », va débuter le 20 janvier.
« Au départ de Djibouti, quatre Rafale, deux A400M Atlas et un A330 Phénix feront successivement escale en Inde, aux Émirats Arabes Unis, en Égypte et enfin en Grèce. Ces aéronefs, dont la complémentarité permet une projection en totale autonomie, seront mis en œuvre par environ 170 aviateurs », a en effet annoncé l’État-major des armées [EMA], qui en assurera le commandement opérationnel pour « démontrer la capacité de la France à agir à grande distance en un temps restreint. »
« Cette mission permettra à la fois de démontrer les capacités opérationnelles des forces aériennes françaises, de compléter la formation des équipages et de renforcer les liens de la France avec les pays visités », poursuit l’EMA.
Parmi les pays concernés par l’exercice Skyros [du nom de l’île grecque?], on notera que l’Égypte et l’Inde disposent de Rafale… Tandis que la Grèce va s’en doter et que les Émirats arabes unis s’interrogent.
« Outre une manœuvre de projection de puissance, cette mission constitue aussi pour la France une occasion de renforcer les liens qu’elle entretient avec les pays visités. En effet, les différentes escales seront aussi l’occasion de réaliser des activités conjointes de préparation opérationnelle de haut niveau, renforçant ainsi l’interopérabilité avec les armées locales », a ainsi expliqué l’EMA.