Le Royaume-Uni, l’Italie et la Suède ont signé un protocole d’accord sur le développement du Tempest

Habituellement, la moindre avancée concernant le programme d’avion de combat « Tempest », lancé en juillet 2018 à l’occasion du salon aéronautique de Farnborough, fait l’objet d’une communication enthousiaste de la part de la Royal Air Force [RAF] ou du ministère britannique de la Défense [MoD].

Or, la signature d’un protocole d’accord entre le Royaume-Uni, l’Italie et la Suède, le 21 décembre dernier, au sujet du développement du Tempest, n’a pas suscité le moindre commentaire à Londres… Et c’est le ministre italien de la Défense, Lorenzo Guerini, qui, le 3 janvier, a publié un communiqué pour l’annoncer.

Si la participation de l’Italie au programme Tempest était acquise, en raison, notamment, de la présence de Leonardo UK aux côtés, notamment, de BAE Systems et de MBDA UK, celle de la Suède était moins évidente. En effet, en juillet 2019, le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist, et son homologue britannique, qui était alors Penny Mordaunt, signèrent un mémorendum d’entente [MoU – Memorandum of Understanding] visant à « examiner les possibilités de développement conjoint » en matière d’aviation de combat.

« Le protocole d’entente engage les deux gouvernements à travailler à un programme conjoint de développement et d’acquisition dans le combat aérien, y compris à l’élaboration de nouveaux concepts répondant aux besoins futurs des deux pays », avait alors expliqué la partie britannique.

Près d’un an plus tard, à l’occasion d’un forum de l’Otan, M. Hultvist avait détaillé la politique que son pays entendait suivre en matière de défense et annoncé le développement d’un avion de combat de 6e génération, sans donner de détails supplémentaires. Et il se pourrait donc que ce soit le… Tempest.

Selon l’accord signé en décembre [alors que les négociations sur le Brexit entraient dans la dernière ligne droite], le Royaume-Uni, l’Italie et la Suède auront un rôle « égal dans la recherche, le développement et la conception conjointe » du Tempest.

Pour rappel, Londres a déjà prévu d’investir 2 milliards de livres sterling dans la mise au point de cet avion de combat de 6e génération. Aussi, on comprend que la participation financière de Rome et de Stockholm sera d’un montant équivalent.

« L’accord sera suivi des dispositions du projet et de la phase de développement complet, actuellement prévue pour 2025 », poursuit le ministre italien, précisant qu’une « première ligne budgétaire importante pour la participation italienne au Tempest a été clairement identifiée dans le programme Eurofighter pour permettre le démarrage concret des activités à travers la transition technologique dite ‘du l’Eurofighter vers le Tempest. »

Cela étant, le communiqué de M. Guerini est surprenant sur un point. « Le Future Combat Air System Cooperation [FCASC] MoU, signé parmi les seuls pays européens qui connaissent, produisent et utilisent déjà les technologies aéronautiques de 5e génération, base nécessaire à la construction des futurs avions, permettra de valoriser l’industrie nationale et de garantir un savoir-faire dans un secteur prestigieux comme celui des technologies relatives aux avions de sixième génération », écrit-il.

Or, la Suède ne dispose pas d’avions de 5e génération comme peut l’être le F-35 américain… Et son industrie aéronautique n’est pas impliquée dans le développement et la fabrication de cet appareil. Un autre point curieux est que le ministre italien évoque surtout le Tempest comme devant être le successeur de l’Eurofighter Typhoon… sans jamais citer le Gripen suédois.

Enfin, M. Guerini a fait savoir que l’Italie « juge souhaitable d’évaluer une éventuelle convergence » du programme Tempest avec le Système de combat aérien du futur [SCAF], le projet concurrent porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne. Il s’agit de « rendre le produit européen encore plus compétitif à l’échelle mondiale » et d’éviter « le risque d’une concurrence entre les groupes européens » qui ne pourrait que « profiter à d’autres acteurs qui […] développent des technologies similaires. »

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