La Corée du Nord assure qu’elle est sur le point de disposer d’une capacité de frappe depuis un sous-marin

Si rien n’indique qu’il sera opérationnel, il aura été la « vedette » du défilé militaire organisé à Pyongyang le 10 octobre dernier, pour le 75e anniversaire du Parti des travailleurs. Monté sur un véhicule à 11 essieux, d’une longueur évaluée à 24 mètres pour un diamètre de 2,5 mètres, le missile balistique mobile présenté à cette occasion est le plus imposant jamais vu jusqu’alors, avec la capacité d’emporter 100 tonnes de carburant et une charge militaire de 15 à 20 tonnes, dont plusieurs têtes, nucléaires ou conventionnelles [MIRV – Multiple Independently targeted Reentry Vehicle].

Pour certains analystes, comme Markus Schiller, un missile mobile aussi imposant est « pratiquement inutilisable » et « n’absolument aucun sens, sauf dans un contexte d’équation des menaces qui consisterait à envoyer le message suivant : ‘Ayez très peur’. »

Mais la présentation de ce missile confirmait alors ce que le renseignement américain, le groupe d’experts du comité des sanctions des Nations unies et l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA] ne cessèrent d’affirmer dans leurs rapports, à savoir que, malgré le moratoire sur ses essais nucléaires et les lancements de missiles intercontinentaux qu’elle avait annoncé en avril 2018, la Corée du Nord continuait à développer son arsenal.

Cette annonce avait permis un rapprochement qualifié d’historique entre Pyongyang et Séoul [mais l’expérience commandait de se garder de tout enthousiasme] ainsi que l’ouverture d’un dialogue la Corée du Nord et les États-Unis… alors que, six mois plus tôt, nombreux étaient les observateurs et les analystes à craindre un conflit dans la péninsule coréenne. Depuis, les discussions n’ayant pas avancé d’un iota, le chef du régime nord-coréen, Kim Jong-un, a mis officiellement un terme à ce moratoire… après toutefois avoir rencontré le président américain, Donald Trump, à trois reprises.

« Nous continuerons à développer notre armée à des fins d’autodéfense et de dissuasion », avait ainsi assuré Kim Jong-un, lors de la parade militaire du 10 octobre.

Si l’attention s’était alors portée sur ce missile balistique mobile géant, un autre a suscité beaucoup moins de commentaires alors qu’il aurait sans doute mérité plus d’attention. En effet, les forces nord-coréennes présentèrent également un nouveau missile balistique mer-sol, le Pukguksong-4, présentant apparemment des dimensions plus réduites que son prédécesseur, le Pukguksong-3, dont la portée avait été estimée au moins 1.900 km, lors d’un tir d’essai réalisé en octobre 2019.

Trois mois avant l’essai du Pukguksong-3, Pyongyang avait diffusé des photographies montrant Kim Jong-un visiter le chantier d’un sous-marin qualifié de « stratégique », c’est à dire pouvant emporter des missiles balistiques mer-sol. Une capacité que la Corée du Nord d’emploie à acquérir depuis plusieurs années maintenant.

Seulement, le navire en question n’était qu’un sous-marin de type Roméo d’origine soviétique, datant des années 1950, profondément modifié, des tubes lance-missiles ayant été apparement installés dans l’un des compartiement de batteries, ce qui laissait supposer que son autonomie en plongée serait réduite.

Quoi qu’il en soit, ce 9 janvier, lors du congrès Parti des travailleurs, Kim Jong-un a indiqué que de « nouvelles recherches de planification pour un sous-marin nucléaire ont été menées à bien et sont sur le point d’entrer dans le processus d’examen final. »

Que le sous-marin présenté en juillet 2019 soit à propulsion nucléaire est improbable. Cependant, il avait été rapporté, trois ans plus tôt, que la Corée du Nord développait le sous-marin expérimental « Gorae ». Mais que ce dernier soit doté de chaufferies nucléaires est tout aussi improbable, étant donné que sa conception serait basée sur celle du sous-marin lanceur d’engins Golf II, d’origine, là encore, soviétique.

Que ce soit un Roméo modifié ou Gorae, le sous-marin annoncé par Kim Jong-un ne devrait pas présenter une menace de premier plan pour l’US Navy et les forces navales sud-coréennes et japonaises en raison de leur manque probable de discrétion acoustique.

En attendant, le dossier nord-coréen risque fort de s’imposer à Joe Biden, le prochain président américain… Dans son discours, Kim Jong-un a désigné les États-Unis comme étant « le grand ennemi » de la Corée du Nord. « Quelle que soit la personne au pouvoir [à Washington, ndlr], la vraie nature de sa politique contre la Corée du Nord ne va jamais changer », a-t-il dit.

En novembre, Pyongyang avait accueilli l’élection de M. Biden en des termes peu amènes. « Les chiens enragés comme Biden peuvent faire du mal à beaucoup de gens si on les laisse en liberté. […] Il faut les battre à mort avec un bâton » et « le faire sera aussi bénéfique pour les États-Unis », avait affirmé l’agence officielle KCNA.

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