Séoul envoie une unité anti-piraterie dans le golfe Persique après la saisie de l’un de ses pétroliers par l’Iran

Durant l’été 2019, et devant la multiplication des incidents concernant les pétroliers transitant par le détroit d’Ormuz [dont le britannique « Stena Impero », arraisonné par la composante navale des Gardiens de la révolution iranien], deux opérations navales furent mises sur pied.

La première, appelée Agenor, a été lancée à l’initiative de la France, avec les contributions des Pays-Bas et du Danemark. Actuellement, la frégate Jean Bart est actuellement en mission dans la région, l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la Flotille 21F qui y avait été déployé pendant quelques semaines étant revenu à Lorient au début du mois de décembre, après avoir effectué une centaine d’heures de vol au-dessus des golfes Persique et d’Oman,

La second opération, appelée Sentinel, réunit notamment les États-Unis [qui en assurent le commandement], le Royame-Uni, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, l’Albanie et l’Australie. La Corée du Sud avait été sollicitée par Washington pour y prendre part. Mais pour ménager ses relations avec l’Iran, elle avait refusé, préférant plutôt étendre provisoirement la zone d’opération de son unité anti-piraterie « Cheonghae », alors déployée au large de la Somalie depuis 2009, vers le golfe Persique.

« Compte tenu de la situation actuelle au Moyen-Orient, le gouvernement a décidé d’étendre temporairement le champ d’action de l’unité Cheonghae dans le but de garantir la sécurité de nos ressortissants et la libre navigation des vaisseaux », avait affirmé, en février 2020, le ministère sud-coréen de la Défense, pour justifier cette décision.

Seulement, ce 4 janvier, les Gardiens de la révolution [ou padarans] ont annoncé avoir saisi le pétrolier MT Hankuk Chemi, battant pavillon sud-coréen, au motif qu’il aurait violé des « protocoles environnementaux ».

« Un navire propriété de la Corée du Sud a été saisi ce matin […] Ce pétrolier était parti du port d’Al-Jubail en Arabie saoudite et a été saisi pour violation répétée des lois sur l’environnement marin », a en effet indiqué Sepahnews, le site officiel des Gardiens de la révolution. Et de faire état de l’arrestation de son équipage, comprenant des marins sud-coréens, vietnamiens birmans et indonésiens.

Le communiqué des pasdarans ne précise pas où le pétrolier sud-coréen a été saisi, ni où il a été transféré.

Selon DM Shipping, l’exploitant du pétrolier saisi, les autorités iraniennes ont d’abord contacté le MT Hankuk Chemi alors qu’il naviguait en haute mer. Puis les pasdarans sont ensuite monté à bord « vers 16h30 » et exigé que le navire soit examiné dans les eaux iraniennes.

Le capitaine « a demandé pourquoi nous devions aller nous faire examiner et n’a obtenu aucune réponse », relate DM Shipping, qui nie toute pollution provenant du MT Hankuk Chemi.

Cette version a été confirmée par le ministère sud-coréen des Affaires étrangères. Ce dernier a indiqué avoir « constaté que les vingt marins de équipage sont en sécurité » et « demande la libération prompte du navire. »

En attendant, le ministère sud-coréen de la Défense a fait savoir qu’il a ordonné le « déploiement immédiat de l’unité anti-piraterie Cheonghae dans les eaux proches du détroit d’Ormuz après avoir reçu un rapport sur la saisie » du Hankuk Chemi par l’Iran.

L’unité Cheonghae repose sur un contre-torpilleur et 300 militaires, pour la plupart appartenant aux forces spéciales. Elle s’était notamment illustrée en 2011, lors de la libération du chimiquier MV Samho Jewelry, alors aux mains de pirates somaliens. L’assaut donné par une équipe de 15 commandos marine, avait permis la libération des 21 membres de l’équipage et la neutralisation de 8 pirates.

Pour rappel,  la Corée du Sud était, en 2018 le 4e importateur mondial de pétrole brut, avec 7,1 % des importations mondiales. L’Arabie Saoudite est l’un de ses principaux fournisseurs, avec le Koweït.

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