Niger : Des jihadistes présumés ont attaqué deux villages situés près de la frontière avec le Mali

Ces dernières années, au Niger, les groupes jihadistes, dont, notamment, l’État islamique au Grand Sahara [EIGS], ont multiplié les attaques dans la région de Tillabéri, frontalière avec le Mali. Au point que cette dernière a fait l’objet de l’opération « Dongo », lancée par Niamey en 2017… avec seulement 245 membres des forces de sécurité nigériennes. Et l’état d’urgence y a été instauré.

Pour autant, ces mesures se sont avérées insuffisantes : en décembre 2019, l’EIGS y a revendiqué plusieurs attaques particulièrement meutrières contre les forces armées nigériennes. Ce qui a d’ailleurs motivé les mesures prises lors du sommet de Pau [janvier 2020] par la France et les pays membres du G5 Sahel [Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, Mauritanie].

Ainsi, il a été décidé de renforcer la force Barkhane, d’améliorer la coordination et le partage du renseignement avec la Force conjointe du G5 Sahel et de concenter les opérations sur la région dite des trois frontières [car située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina Faso] et l’EIGS. Et Niamey a lancé une nouvelle opération, appelée « Almahaou » dans le Tillabéri.

Les décisions prises à Pau ont donné des résultats : depuis un an, la branche sahélienne de l’État islamique n’a plus lancé d’attaque d’ampleur contre les forces armées locales.

Seulement, les jihadistes ont sans doute changé d’approche, sur fond de tensions interethniques, l’EIGS, par exemple, recrutant parmi les Peuls. C’est, en tout cas, ce que suggèrent les deux attaques commises contre deux villages situés dans la région de Tillabéri, le 2 janvier, jour où les résultats du premier tour de l’élection présidentielle nigérienne devaient être publiés.

Ainsi, rapporte RFI, des jeunes du village de Tchombangou, organisés en groupe d’autodéfense, ont tué deux jihadistes venus probablement en reconnaissance. Le groupe armé terroriste [GAT] auquel ils appartenait ont lancé des représailles.

« L’attaque a eu lieu vers midi », a confirmé un haut responsable local auprès de l’AFP. « Ce sont de nombreux civils qui ont été tués dans une attaque à Tchombangou », a déclaré un élu, sans donner plus de précisions. « Les assaillants sont venus encercler le village et ils ont tué jusqu’à cinquante personnes. Des blessés ont été évacués à l’hôpital de Ouallam », a raconté un journaliste d’une radio locale.

Un bilan confirmé par une source sécuritaire nigérienne auprès de l’agence Reuters. « Environ 49 villageois ont été tués et 17 personnes blessées dans le village de Tchombangou », a-t-elle affimé.

Mais un autre village a également attaqué. Un haut fonctionnaire du ministère nigérien de l’Intérieur a ainsi fait état d’une trentaine de civils tués à Zaroumdareye, localité située non loin de Tchombangou.

« Des autorités régionales et des sources sécuritaires bien informées confirment les massacres dans les deux villages visés par les jihadistes », rapporte RFI.

D’après le journaliste Wassim Nasr [France24], « Ces dernières semaines un ultimatum a été donné à certains villages frontaliers entre le Mali et le Niger. Les habitants ont été sommé de choisir un camp par l’EI ou à participer à la logistique du groupe. En l’absence d’État, certains ont appelé le JNIM [ou GSIM, pour Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, encore appelé RVIM, ndlr] à l’aide. »

Cela étant, en mai 2020, plusieurs villages de la commune d’Anzourou, située dans la région de Tiallbéri, avaient été attaqués par des individus arrivés à moto. Selon le gouverneur, Tidjani Ibrahim Katiella, ces derniers ont tué une vingtaine de civils, « pillé des boutiques pour prendre des céréales et emporté du bétail avant de partir en direction du Nord. »

Par ailleurs, outre la région de Tillabéri, celle de Diffa, située dans le sud-est du Niger, fait aussi l’objet d’infiltrations récurrentes de jihadistes, venus du Nigéria, où deux groupes sont actifs, dont Boko Haram et la Province de l’État islamique en Afrique de l’Ouest [ISWAP]. Le 14 décembre, au moins 27 civils y avaient été tués lors d’une attaque jihadiste.

Arrivé en tête lors du premier tour de l’élection présidentielle avec 39,33% des voix, Mohamed Bazoum, qui a occupé les fonctions de ministre de l’Intérieur ces dernières années, a promis de renforcer la lutte contre les groupes jihadistes. Au second tour, le 20 février prochain, il sera opposé à l’ancien président Mahamane Ousmane.

Photo : archive

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