À quoi pourrait ressembler le VBAE, le successeur du Véhicule blindé léger de l’armée de Terre?
Selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25, l’armée de Terre devrait compter 730 Véhicules blindés légers [VBL] « régénérés » d’ici 2025. Une nécessité étant donné que, depuis leur entrée en service au début des années 1990, ces véhicules ont vu leur masse augmenter sensiblement, ce qui n’est pas sans conséquences sur la mécanique [moteur, boîte de vitesses, systèmes de freinage, suspension, etc].
Cela étant, le remplacement du VBL est prévu dans le cadre du programme SCORPION [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’infovalorisation], lequel vise à remplacer la majeure partie des véhicules de l’armée de Terre, tout en misant sur le combat collaboratif et en intégrant les dernières technologies selon une approche incrémentale.
Mais, il a été décidé de se concentrer d’abord sur le renouvellement des blindés médians, avec les Véhicules blindés multi-rôles [VBMR] Griffon et Serval ainsi que les Engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC]. Le Véhicule blindé d’aide à l’engagement [VBAE], c’est à dire le successeur du VBL, devra donc attendre… À moins que, comme l’avait souhaité, en 2018, le général Charles Beaudouin, chargé des plans et des programmes au sein de l’état-major de l’armée de Terre [EMAT], il soit lancé durant la période couverte par l’actuelle LPM.
« Nous avons bon espoir de lancer ce programme pendant la LPM et peut-être – soyons fous! – de voir les premières livraisons avant son terme », avait en effet affirmé, au sujet du VBAE, le général Beaudouin, lors d’une audition parlementaire. Et d’expliquer que l’EMAT voulait adopter une « démarche innovante pour son développement » et « discuter d’emblée avec la Direction générale de l’armement et l’industriel ».
Deux véhicules sont régulièrement avancés pour le VBAE : le Hawkei de Thales, déjà en service au sein des forces australiennes, et, surtout, le Scarabee d’Arquus, qui cumule les innovations, dont la motorisation hybride, évolution en mode « furtif », un système de deux directions indépendantes qui lui donne un rayon de braquage inférieur à 5 mètres pour une masse de près de 8 tonnes, matériaux composites, remorque robotisée, etc…
Seulement, selon les images diffusées via un site Internet mis en ligne par l’armée de Terre et la DGA pour éxpliquer les enjeux du programme Scorpion ainsi que ceux de l’ambition « Titan », le futur VBAE ne ressemble ni au Scarabee, ni au Hawkei. Ce qui laisse penser que ce sera un véhicule entièrement nouveau, aux formes anguleuses.
Sur la fiche de présentation de ce VBAE tel qu’il est imaginé par la DGA et l’armée de Terre, on lit qu’il s’agira d’un « petit véhicule spécialisé très mobile, furtif et protégé », doté de « capacités d’acquisition et d’agression qui contribue[ro]nt au combat collaboratif SCORPION », de « capacités d’autodéfense et d’un « kit de surpotection ». Son équipage se constitué d’un pilote, d’un chef de bord, d’un cavalier porté et, éventuellement, d’un passager.
S’agissant des besoins exprimés par l’armée de Terre, le VBAE devra évidemment être très mobile et furtif. Dans sa variante « agression », il sera équipé d’un « armement très puissant pour un engin de cette gamme ». Enfin, doté de « capteurs performants », il devra être évolutif et « prédisposé à la robotisation ». Le Scarabée coche toutes les cases, comme le Hawkei.
Mais il devrait intégrer des innovations qui font actuellement l’objet de développement dans le cadre du programme SCORPION. Tel est le cas, par exemple, de PROMETEUS, un projet qui vise à offrir une « nouvelle protection globale » des véhicules SCORPION et MGCS [Main Ground Combat System] ou encore de FOCUS, dont l’objectif est de concevoir des algorithmes de de détection d’alertes laser et de départs de missiles pour l’autoprotection des blindés.
Photos : © armée de Terre / DGA