Un « planeur » sous-marin présumé chinois a été récupéré par des pêcheurs indonésiens

Le 17 mars dernier, l’Académie chinoise des sciences annonçait que le navire de recherche Xiang Yang Hong 06 venait de rentrer à Zhoushan après une mission de trois mois dans l’océan Indien. Et d’ajouter qu’il avait récupéré 12 planeurs sous-marins [encore appelés « gliders »] de type Haiyi [ou Sea Wing], mis au point par l’Institut d’automatisation de Shenyang. Or, des sources avaient évoqué, en décembre 2019, la mise à l’eau de 14 engins.

Précédemment, la mission du Xiang Yang Hong 06 avait été présentée par l’agence Xinhua comme une expédition faisant partie d’un « projet conjoint d’études maritimes et écologiques avancées sur l’océan Indien », relevant du deuxième Institut d’océanographie relevant du ministère chinois des Ressources naturelles.

Quoi qu’il en soit, selon l’Académie chinoise des sciences, ces planeurs sous-marins auraient ainsi parcouru 12.000 km et effectué plus de 3.400 observations, permettant ainsi d’obtenir un « grand nombre de données hydrologiques, notamment la température, la salinité, la turbidité et la teneur en oxygène ». Or, de telles données ne peuvent qu’intéresser la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL], et en particulier les sous-mariniers chinois.

En effet, l’océan n’est pas un milieu homogène : il se compose de plusieurs masses d’eau juxtaposées ayant des propriétés différentes [comme, justement, la salinité, la température et la turbidité]. Or, ces dernières ont une incidence sur la propagation du son. En fonction de leurs caractéristiques, qui peuvent varier selon les saisons, certaines de ces masses d’eau peuvent être plus favorables que d’autres à un sous-marin. On parle alors de « cuvettes de non-détection » ou de « zones d’ombre. » Aussi, la lutte sous la mer [LSM] et la lutte anti-sous-marins [ASM] supposent d’avoir une connaissance la plus fine possible des milieux marins.

Étant donné l’intérêt que porte la marine chinoise à l’Océan indien, la mission Xiang Yang Hong 06 avait très probablement une dimension militaire. Reste à savoir si ce navire a déployé 12 planeurs sous-marin, comme l’a soutenu l’Académie chinoise des sciences, ou 14 comme cela a pu être avancé par d’autres sources.

La découverte que viennent de faire des pêcheurs indonésiens constitue peut-être un élément de réponse, encore que, tout dépend des courants marins. En effet, le 20 décembre, et d’après le quotidien Detik News, l’un d’eux a retrouvé dans ses filets un « objet semblable à une torpille, doté d’une caméra », alors qu’il naviguait dans les environs des îles Selayar. Et les photographies publiées à cette occasion, dont certaines ont été diffusées sur les réseaux sociaux, suggèrent qu’il s’agit d’un planeur sous-marin de type Haiyi, ayant un peu souffert de son périple sous-marin [ce qui suggère qu’il est resté longtemps en mer].

Ce n’est pas la première fois que cela arrive : en mars, un engin identique, quoique en bien meilleur état, avait également été trouvé par des pêcheurs indonésiens près des îles Masalembu, à environ 350 nautiques à l’oust des îles Selayar.

Cela étant, la région où le planeur sous-marin a été récupéré la semaine passée se situe au nord-ouest des iles de Bali et de Lombok, séparées un détroit [dit de « Lombok »] qui relie la mer de Java à l’océan Indien. Et il se trouve que ce passage a une « importance stratégique considérable », comme le soulignait, dès 1987, l’amiral Henri Labrousse [Les détroits stratégiques du Pacifique occidental].

« C’est un véritable ‘pertuis’ de 600 mètres de profondeur. Il sert de lieu de transit pour les sous-marins nucléaires américains et russes qui ne peuvent emprunter le détroit de Malacca, et qui circulent entre le Pacifique et l’océan Indien. Cette route est associée au détroit de Macassar [45 milles de large], qui débouche dans la mer des Célèbes », avait-il expliqué.

Photo : Académie chinoise des sciences

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