Libye : Le maréchal Haftar appelle ses troupes à « chasser l’occupant » turc

Signé en octobre, l’accord de cessez-le-feu entre les deux rivaux qui se disputent le pouvoir en Libye a, jusqu’à présent, globalement été respecté. Et cela a permis de relancer les discussions entre le gouvernement d’union nationale [GNA], installé à Tripoli, et celui de Tobrouk, issu du Parlement élu en 2014. Seulement, l’un et l’autre sont soutenus par des puissances étrangères, qui cherchent à profiter du conflit libyen pour pousser leurs intérêts.

Ainsi, la Turquie appuie le GNA et les forces qui lui sont loyales en leur livrant des armes et en leur envoyant des « conseillers militaires » ainsi que des mercenaires recrutés parmi les groupes rebelles syriens qui lui sont acquis. Cet appui n’est pas totalement désintéressé : Ankara a en effet signé avec Tripoli un accord sur ses frontières maritimes. Accord qui lui permet de pousser ses revendications en Méditerranée orientale aux dépens de la Grèce, de la République de Chypre et de l’Égypte. Le tout avec la perspective d’y exploiter des gisements d’hydrocarbures en ligne de mire.

Le gouvernement de Tobrouk et l’Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar ne sont pas en reste puisqu’ils peuvent se prévaloir d’un soutien militaire fourni par les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Russie. Soutien qui se traduit par des livraisons d’armes [y compris des avions de combat] et par l’envoi de mercenaires, en particulier ceux de la société militaire privée [SMP] Wagner, qui a ses entrées en Kremlin.

Selon les estimations, il y aurait ainsi 20.000 mercenaires et combattants étrangers en Libye. Et, les appels exigeant leur retrait sont sans effet. Comme d’ailleurs ceux réclament la fin des violations de l’embargo sur les armes…

Le 15 décembre, le Conseil de sécurité des Nations unies a une nouvelle fois exigé le retrait de ces combattants étrangers, via une déclaration adoptée à l’unanimité… Mais, un peu moins de deux semaines plus tard, le Parlement turc a prolongé de 18 mois le mandat de ses troupes en Libye, conformément au voeu du président Erdogan. La raison? Les intérêts de la Turquie en Méditerranée et en Afrique du Nord seraient « affectés négativement » dans le cas où le maréchal Haftar repassait à l’offensive.

Justement, ce dernier a pris le prétexte de la décision du Parlement turc pour mobiliser ses troupes. « Nous devons rappeler aujourd’hui qu’il n’y aura pas de paix en présence d’un colonisateur sur notre terre », a-t-il déclaré, lors d’un discours prononcé à l’occasion du 69e anniversaire de l’indépendance de la Libye

« Nous allons donc reprendre les armes pour façonner notre paix de nos propres mains […] et, puisque la Turquie rejette la paix et opte pour la guerre, préparez-vous à chasser l’occupant par la foi, la volonté et les armes », a insisté le maréchal Haftar. « Officiers et soldats, préparez-vous! », a-t-il martelé.

La réaction d’Ankara à de tels propos n’a pas traîné. Ce 26 décembre, le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar s’est envolé vers Tripoli… alors que sa venue en Libye n’avait pas ét préalablement annoncée. Selon l’agence d’État Anadolu, il est accompagné par le général Yaşar Güler, le chef d’état-major des forces turques, et d’autres chefs militaires.

Selon la même source, « M. Akar et les commandants rencontreront séparément le président du Conseil suprême d’État libyen, Khaled al-Michri » ainsi que les ministres de la Défense et de l’Intérieur » du GNA, à savoir Selahaddin al-Namrouche et le ministre de l’Intérieur Fethi Bashagha.

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