Le Rafale et le F-16V donnés favoris pour la modernisation de la force aérienne croate

Le 21 décembre, le Premier ministre croate, Andrej Plenković, a publié un communiqué pour indiquer qu’il venait de recevoir de la part de la « commission interinstitutions pour l’acquisition d’un avion de combat multirôle » une analyse approfondie des quatre offres reçues dans le cadre d’un appel d’offres visant à moderniser les forces aériennes du pays.

« Sur la base d’une analyse d’experts complète et multicritères […], la Commission a également adopté à l’unanimité une conclusion sur la meilleure offre. La Commission a examiné deux offres pour le nouvel avion [F-16 Block 70 et Gripen C/D] et deux offres pour des avions d’occasion [Rafale F3-R et F-16 Block 30 israélien]. Toutes les offres ont été évaluées de manière approfondie et précise dans trois domaines: le domaine stratégique, le domaine des capacités et le domaine financier », est-il expliqué dans ce communiqué.

Cette analyse doit être maintenant soumise au comité de défense du Parlement croate. Puis, une décision sera annoncée par Zagreb et, dans la foulée, des négociations en vue d’obtenir un accord de gouvenement à gouvernement seront lancées afin de finaliser l’achat de 12 avions de combat d’ici la fin de l’année 2021.

Pour le moment, le contenu de cette étude est classifié. Mais selon plusieurs journaux croates, deux avions sont donnés favoris : le F-16 Block 70 « Viper » et le Rafale F3R.

« Des informations non officielles indiquent qu’il est fort probable que la commission ait recommandé le choix entre le F-16 américain et le Rafale français », assure en effet le quotidien Jutarnji List.

Les dates de livraison des avions ainsi que le montant du contrat seront évidemment des critères importants. D’après les chiffres évoqués par la presse croate, il est supposé que l’offre française présente le meilleur rapport qualité/prix puisqu’il est question de 7 milliards de kunas [930 millions d’euros] pour 12 Rafale F3R. Et, en se basant sur les F-16V commandés par la Bulgarie, la proposition américaine est évaluée à plus de 11 milliards de kunas [1,46 milliards d’euros].

Le domaine stratégique sera également déterminant, comme l’a indique le Premier ministre croate dans son communiqué. Là, Zagreb a deux options : se rapprocher des États-Unis avec le choix du F-16V ou bien jouer la carte de la coopération européenne en matière de défense. Dans un cas comme dans l’autre, l’Otan s’en trouverait renforcée. Mais la seconde hypothèse renforcerait également le pilier européen de l’Alliance. C’est ce qu’avait rappelé Florence Parly, la ministre français des Armées, lors de son dernier déplacement en Croatie, en novembre dernier.

« Nous œuvrons ensemble pour le renforcement de l’autonomie stratégique européenne avec la Coopération structurée permanente [CSP] et le Fonds européen de défense [FED], qui ont connu des avancées importantes grâce à la présidence croate de l’Union européenne. Demain, cette relation stratégique pourrait franchir une nouvelle étape décisive : la France a déposé […] une offre de Rafale pour le renouvellement de la flotte croate d’avions de combat. Un projet qui serait structurant pour la coopération entre nos deux pays, et pour une Europe de la défense plus forte », fit en effet valoir Mme Parly.

Quoi qu’il en soit, sollicité par le site d’informations Dnevno, l’analyste militaire croate Jan Ivanjek semble pencher pour l’offre française, d’autant plus que cette dernière repose sur la livraison de 12 Rafale F3R, c’est à dire le dernier standard de l’avion proposé par Dassault Aviation.

« On parle beaucoup du Rafale, car avec le F-16 Block 70, c’est l’avion le plus avancé qui soit » et « il est proposé à la Croatie dans sa version la plus puissante », a relevé M. Ivanjek. Il s’agit de « deux avions excellents, mais le Rafale a de plus grandes capacités en ce qui concerne les caractéristiques tactiques et techniques », a-t-il continué.

« Je ne spéculerai pas sur ce qu’a recommandé la commission, ni sur la décision que prendra le gouvernement. Mais étant ce qui est proposé, il faut s’attendre à ce que la Croatie soit confrontée à un dilemme entre le Rafale F3R et le F-16 Viper », a conclu l’analyste militaire croate

Cela étant, côté français, l’équation risque de se compliquer pour l’armée de l’Air & de l’Espace, qui va devoir se passer de 12 de ses Rafale F3R quand le contrat avec la Grèce sera signé [ce qui devrait être le cas en janvier 2021… une fois que la Cour des comptes grecque aura donné son feu vert].

« Tout ce que nous souhaitons, c’est évidemment des dates de livraison de ces avions qui permettent une soutenabilité de cet effort par l’armée de l’Air & de l’Espace », avait expliqué le général François Lecointre, le chef d’état-major des armées [CEMA], en octobre dernier. « Donc, soit ces deux prospects sont enchaînés dans le temps, et à ce moment là, l’effort sera soutenable, soit nous serons dans l’impossibilité, au risque de lacunes importantes sur le plan opérationnel et sur le plan organique », avait-il ajouté.

Photo : Rafale F3R © EMA

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