Le groupe Leonardo s’est fait voler des informations sur le démonstrateur de drone de combat nEUROn

Le 5 décembre, un cadre et un ancien employé de Leonardo ont été arrrêtés pour leur rôle présumé dans une opération ayant visé à pirater des ordinateurs du groupe italien dans le but de lui voler des informations sensibles.

Ainsi, via un communiqué, les procureurs de Naples ont expliqué que l’un des hommes, ancien employé de la division « cybersécurité » de Leonardo, était soupçonné d’avoir infecté 94 ordinateurs avec des logiciels malveillants afin d’obtenir au moins 10 giga-octerts d' »informations classifiées d’une valeur significative pour l’entreprise ». Et d’ajouter que ces données avaient été volées à des fins « illicites qui font toujours l’objet d’une enquête. » Les faits se seraient produits entre 2015 et 2017.

Quant au second mis en cause, il s’agit du chef de l’équipe de « préparation aux situations d’urgence cybernétiques » de Leonardo, chargée justement de prévenir les attaques informatiques contre le groupe. Placé en résidence surveillée, il lui est reproché d’avoir chercher à induire en erreur l’enquête des procureurs. Au moment des faits, en 2017, il était alors consultant pour la société informatique Open eSSe, alors sollicitée pour aider la police italienne sur cette affaire.

En effet, l’affaire a été découverte par Leonardo, qui, ayant constaté des sorties anormales de données de certains ordinateurs, a alerté les autorités.

La nature des informations ainsi dérobées n’avait jusqu’alors pas été précisée. C’est désormais chose faite… Selon Reuters, qui a eu accès aux 108 pages du dossier de la justice italienne, il a été prouvé que l’un des ordinateurs piratés appartenait à un ingénieur qui travaillait sur le système électronique du nEUROn, le démonstrateur de drone de combat conçu sous la direction de Dassault Aviation, dans le cadre d’un programme européen mis en route en 2003. Les autres données volées concernaient la production d’avions C-27 et ATR.

Cela étant, Leonardo a assuré qu’aucune informations « stratégique et classifiée » ne se trouvait sur les ordinateurs piratés.

Quant à la motivation des hommes, la justice italienne s’interroge. Et d’avancer plusieurs hypothèses, dont l’espionnage industriel et commercial, la revente des données au plus offrant ou simplement l’intention de nuire à l’image de Leonardo en démontrat la vulnérabilité de ses systèmes informatiques alors qu’elle est [aussi] spécialisée en cybersécurité.

Pour rappel, le démonstrateur de drone de combat nEUROn a effectué son premier vole en décembre 2012. Il a depuis effecuté au moins cinq campagnes d’essais, dont la dernière connue, qui s’est achevée en février 2020, a consisté à collecter des données pour préparer le Système de combat aérien du futur [SCAF] sous l’égide de la Direction générale de l’armement [DGA]

Le nEUROn, dont la furtivité serait ‘excellente’ selon les tests effectués dans une chambre anéchoïque du centre de recherche de la DGA de Bruz, peut voler à la vitesse de Mach 0,8 à 14.000 mètres d’altitude, grâce à son turboréacteur Rolls-Royce Turbomeca Adour Mk. 951. Affichant une masse de 7 tonnes pour 12,5 mètres d’envergure et 9,2 mètres de large, il emporte en soute des bombes guidées laser de 250 kg [GBU-12]. Outre la France, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, la Suède et la Grèce contribuent à ce programme.

Photo : © Dassault Aviation

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