Des bombardiers russes et chinois de nouveau en patrouille au large de la Corée du Sud et du Japon

En juillet 2019, un avion de guet aérien russe de type A-50 « Mainstay » s’était aventuré à deux reprises dans l’espace aérien de la Corée du Sud, dans les environs de l’archipel Dokdo, par ailleurs objet d’un différend territorial avec le Japon. Ne répondant pas aux messages d’avertissement adressés par la force aérienne sud-coréenne, cette dernière procéda à des tirs de semonce. Au total, les F-15 et les KF-16 de la RoKAF tirèrent 360 obus de 20 mm.

Cet A-50 « Mainstay » accompagnait une formation de quatre bombardiers, dont deux Tu-95MS « Bear » russes et deux H6K chinois, à l’occasion d’un exercice, alors inédit, mené dans les zones d’identification et de défense aériennes [ADIZ] sud-coréenne et japonaise. Par la suite, Séoul et Tokyo adressèrent une note de protestation à Moscou et à Pékin.

Cet exercice russo-chinois n’était alors pas anodin. « C’est important parce que cela montre que les forces aériennes des deux pays ont suffisamment confiance en elles pour coordonner une patrouille de cette nature, d’une façon que les pays de la région vont certainement trouver déstabilisatrice », avait expliqué, à l’époque, Lyle Morris, analyste au centre de recherche américain Rand Corporation, cité par l’AFP. D’autant plus que la violation de l’espace aérien au niveau de l’archipel Dokdo [Takeshima pour les Japonais] ne pouvait qu’avoir pour objectif de souligner les désaccords de la Corée du Sud et du Japon, deux pays proches des États-Unis.

Par la suite, le ministère chinois de la Défense déclara qu’il n’était pas exclu de planifier d’autres patrouilles sino-russes de ce type à l’avenir. Il aura fallu attendre le 21 décembre pour voir de nouveau des Tu-95MS et des H-6K évoluer ensemble au-dessus des eaux des mers du Japon et de la Chine orientale… Et mettre en alerte les forces aériennes sud-coréennes et japonaises, lesquelles ont fait décoller des chasseurs F-16 et F-15 pour les tenir à l’oeil.

Mais cet exercice russo-chinois n’a pas seulement impliqué des bombardiers puisque, au total, ce sont 15 avions russes, dont des Su-35S, des Tu-95 et au moins un A-50, qui ont été repérés par la défense aérienne sud-coréenne. « Nous avons envoyé des avions de chasse avant leur entrée dans notre ADIZ afin de prévenir tout incident [comprendre : toute violation de l’espace aérien », a expliqué l’état-major sud-coréen, selon l’agence Yonhap.

« Nous avons appelé les attachés militaires des deux nations et avons exprimé nos préoccupations concernant l’incident », a ensuite affirmé un responsable du ministère sud-coréen de la Défense. Et celui des Affaires étrangères a dit avoir « exprimé ses regrets à la Chine et à la Russie concernant l’intrusion, par voie diplomatique, et a appelé à ce que des mesures soient prises pour éviter que cela ne se reproduise. »

A priori, les bombardiers chinois auraient évolué près du rocher de Socotra, connu en Corée du Sud sous le nom de Ieodo. Or, situé à 149 km au sud-ouest de l’île coréenne de Marado et à 287 km au nord-est de l’île chinoise de Yushan, il fait l’objet d’une dispute avec Pékin, bien que selon droit maritime international, un rocher régulièrement submergé par les eaux en dehors d’eaux territoriale ne peut faire l’objet d’aucune réclamation. Cela étant, les Sud-Coréens y ont installé une station océanographique et construit une plateforme pour hélicoptère. En outre, l’archipel Dokdo aurait été de nouveau survolé.

De son côté, le ministère japonais de la Défense a publié des photographies montrant les bombardiers russes et chinois interceptés par les F-15 de ses forces aériennes d’autodéfense et une carte montrant le détail de leur parcours [.pdf].

À Moscou, les autorités militaires russes ont fait valoir que les avions impliqués dans cette mission russo-chinoise avaient « agi en stricte conformité avec les dispositions du droit international, les violations de l’espace aérien d’États étrangers n’étant pas autorisées ».

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