L’US Navy annonce le déploiement d’un sous-marin nucléaire lanceur de missiles dans le golfe Persique

L’an passé, à la même époque, et alors que les emprises de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve] étaient régulièrement la cible de roquettes tirées par des milices chiites pro-iraniennes, une nouvelle attaque contre la base K1 fit un tué parmi les sous-traitants américains. Cet incident fut celui de trop.

Ainsi, des F-15 de l’US Air Force bombardèrent des positions tenues par le Kata’ib Hezbollah tant en Irak qu’en Syrie. Ces raids firent 25 tués chez les miliciens chiites. Le 31 décembre, lors des obsèques de ces derniers, des milliers de manifestants affiliés au Hachd al-Chaabi, une coalition de milices pro-Téhéran pour la plupart, s’en prirent à l’ambassade des États-Unis à Bagdad.

Sans doute que cet événement scella le sort du général Qassem Soleimani, le chef d’al-Qods, l’unité des Gardiens de la révolution iraniens chargée des opérations extérieures… et donc impliquée dans les attaques contre les intérêts américains en Irak.

En effet, dans la nuit du 2 au 3 janvier, une frappe américaine tué le général Soleimani ainsi qu’Abou Mehdi al-Mouhandis, numéro deux et chef opérationnel du Hachd al-Chaabi. En représaille, l’Iran tira des missiles contre deux bases irakiennes abritant des soldats américains quelques jours plus tard.

Les attaques des milices chiites continurèrent. L’une d’elles, commise contre la base de Taji, le jour de l’anniversaire du général Soleimani, le 11 mars, tua trois soldats de la coalition antijihadiste [2 américains et 1 britannique]. Ce qui entraîna de nouvelles représailles.

Cela étant, en octobre, les milices pro-Téhéran annoncèrent une trève, assurant qu’elles ne viseraient plus de cibles occidentales. Mais cette pause ne dura pas. Le 18 novembre, des roquettes visèrent l’ambassade américaine à Bagdad. Puis, trois semaines plus tard, deux convois logistiques de la coalition furent la cible d’attaques commises avec des engins explosifs improvisés dans la province méridionale de Mouthanna et dans la région de Latifiya, près de Bagdad. Toutes les deux furent revendiquées par un groupuscule appelé « Qassem al-Jabbarine ».

Et alors que les États-Unis ont réduit significativement leur effectif militaire en Irak pour le ramener à 2.500 personnels, leur ambassade a nouvelle fois été visée par des roquettes, le 20 décembre. Évidemment, à mesure que le date de l’anniversaire de la mort du général Soleimani approche, les autorités américaines craignent de voir de telles attaques se multiplier avec la bénédiction de Téhéran.

Ainsi, le général Frank McKenzie, le chef de l’US CENTCOM, le commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, a prévenu. « Nous sommes prêts à nous défendre et à défendre nos amis et nos alliés dans la région, et nous sommes prêts à réagir si nécessaire », a-t-il assuré devant la presse.

Seulement, le porte-avions USS Nimitz a été repositionné, avec son escorte, au large de la Corne de l’Afrique, où il a rejoint le navire d’assaut amphibie [classe Wasp] USS Makin Island afin de soutenir l’opération Octave Quartz, laquelle concerne le redéploiement des forces américaines hors de Somalie.

Mais si l’US Air Force, qui ne manque pas moyens dans la région, a récemment communiqué sur l’envoi de deux bombardiers B-52H Stratofortress au Moyen-Orient, l’US Navy n’est pas en reste. Le 21 décembre, fait plutôt inhabituel, elle a annoncé le passage du sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière USS Georgia dans le détroit d’Ormuz. Et mieux encore, elle a publié des photographies montrant le navire naviguer en surface.

Il est rare de voir la marine américaine communiquer sur la position de ses sous-marins. En règle générale, quand cela arrive, c’est pour envoyer un message, comme en 2017, quand l’USS Michigan, qui appartient à la même classe que l’USS Georgia, montra son kiosque à Busan, en Corée du Sud, quand les tensions avec la Corée du Nord étaient à leur paroxysme.

Les croiseurs USS Port Royal et USS Philippine Sea accompagnent le USS Georgia. Mais le plus intéressant porte sur les capacités de ce dernier et sur lesquelles l’US Navy a bien insisté. Ainsi, elle a fait valoir qu’il peut emporter jusqu’à 154 missiles de croisière Tomahawk ainsi qu’un détachement de 66 commandos des forces spéciales [des Navy Seal, ndlr]. D’ailleurs, sur les photographies publiées à l’occasion, on voit clairement le module amovible qui permet l’entrée et la sortie des plongeurs quand le sous-marin est en immersion [Dry Deck Shelter, DDS, ndlr].

Le déploiement de l’USS Georgia « démontre l’engagement des Etats-Unis […] à assurer la sécurité des voies maritimes grâce à un large éventail de capacités qui leur permettent de rester prêts à se défendre contre toute attaque à tout moment », a averti l’US Navy.

Photo : © U.S. Navy / Mass Communication Specialist 2nd Class Indra Beaufort

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