La procédure pour acquérir 90 blindés destinés à la Gendarmerie a été lancée

Sur les 155 Véhicules blindés à roues de la Gendarmerie [VBRG] acquis auprès du constructeur Berliet [aujourd’hui disparu] dans les années 1970, il n’en reste plus que 84 encore opérationnels, pour un taux de disponibilité de 74%. Ce chiffre figure dans le rapport pour avis qu’a rendu le député Xavier Batut à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances initial pour 2021.

Le parlementaire avait donné d’autres précisions. Ainsi, sur ces 84 VBRG, 32 sont affectés au Groupement blindé de gendarmerie mobile [GBGM] de Versailles-Satory, 11 se trouvent au Centre national d’entraînement des forces de gendarmerie [CNEFG] de Saint-Astier, 37 ont été envoyé outre-Mer, 3 sont en Corse et un est au camp d’entraînement de Beynes.

Ces VBRG ont ensuite été rejoints par 20 Véhicules de l’avant blindé [VAB] qui, affichant 35 ans au compteur, ont été cédés à la Gendarmerie par l’armée de Terre. Toujours selon le rapport de M. Batut, 10 se trouvent GBGM de Satory, 2 à Saint-Astier et 8 en Nouvelle-Calédonie.

Mais cela fait des années que l’on parle de remplacer les VBRG. Et cela d’autant plus que, ces derniers mois, ils ont été énormément sollicités en raison de l’intensité des manifestations que l’on a connues.

« Depuis près de trois ans, une accélération et une multiplication de situations de crises variées ont nécessité le recours accru aux VBRG, outre-mer mais également, pour la première fois depuis des décennies, sur le territoire métropolitain. […] Ces engagements aujourd’hui réguliers ont mis en évidence l’urgence de procéder au remplacement du parc blindé de la gendarmerie, âgé de plus de 45 ans », souligne ainsi le député Batut.

Jusqu’alors, et comme aucun blindé actuellement sur le marché n’a son moteur à l’arrière, ce qui permet de le doter d’une lame pour dégager les obstacles mis par des manifestants, la Gendarmerie a imaginé des solutions pour maintenir son parc de blindés, comme le rétrofit des VBRG et des VAB « Maintien de l’ordre » [MO]. Mais c’est poser des rustines sur une chambre à air usée jusqu’à la corde. Aussi, la solution d’un achat de véhicules neufs est-elle considérée comme idéale.

Cela étant, la loi de finances initiale 2021 autorise la gendarmerie à entamer le renouvellement de sa composante blindée, avec une enveloppe de 32,8 millions d’euros permettant de financer 48 véhicule, dont 45 pour la gendarmerie mobile et trois pour le GIGN.

Ce qui est en ligne avec l’estimation faite par les députés Jean-Louis Thiériot et Benjamin Griveaux dans leur rapport sur l’avenir de la Base industrielle technologique de défense [BITD]. Selon ces derniers, il en coûterait 65 millions d’euros pour 89 blindés. Et une telle solution n’aurait que des avantages. Même si elle est deux fois plus chère que le rétrofit des VBRG et des VAB, elle permettrait de doter les gendarmes de véhicules ayant une espérance de vie quare fois plus longue tout en offrant un « gain opérationnel net et vraisemblablement, de nettes économies de Maintien condition opérationnelle. »

Quoi qu’il en soit, la procédure pour remplacer les blindés de la Gendarmerie a d’ores et déjà lancée, alors qu’elle devait l’être en 2021.

Daté du 17 décembre [mais diffusé cinq jours plus tard], un avis de marché lance en effet un appel à candidatures pour livrer 90 « véhicules blindés maintien de l’ordre et maintenance associée au profit de la gendarmerie nationale. »

« L’accord-cadre a pour objet l’acquisition de véhicules blindés maintien de l’ordre et sa maintenance associée au profit de la gendarmerie nationale. Il comprend trois postes : acquisition de véhicules équipés, maintenance et pièces détachées associées, formation. L’accord cadre est conclu sans montant minimum ni montant maximum. A titre indicatif et non contractuel, les quantités estimées sont de quatre-vingt-dix véhicules », lit-on dans cet avis [.pdf], qui ne donne pas de précisions sur le cahier des charges. La date limite pour faire acte de candidature a été fixée au 18 janvier 2021.

Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, en octobre, le Directeur de la Gendarmerie nationale [DGGN], le général Christian Rodriguez, avait estimé que le « neuf était idéal » pour remplacer les VBRG. Et il avait relativisé la question du moteur placé à l’arrière.

« Sur le sujet des lames et des moteurs, les tests effectués au niveau du VBRG et du VAB rétrofités avec une lame fonctionnent plutôt correctement. Par ailleurs, la lame est destinée à percuter les barricades, lesquelles sont de moins en moins présentes dans les manifestations. En revanche, le besoin se situe davantage au niveau des manœuvres sous blindage. Le cahier des charges devra mettre en avant les critères particuliers actuels », avait en effet déclaré le général Rodriguez. Et d’ajouter : « L’idée est de parvenir à mettre en place l’ensemble des engins d’ici 2026, mais le calendrier dépendra des constructeurs. »

A priori, deux constructeurs français devraient être en lice : Nexter, qui a présenté une version MO du Véhicule blindé multi-rôles [VBMR] léger Serval, commandé à 978 exemplaires par l’armée de Terre, et Arquus, qui a des arguments à faire valoir avec son Sherpa Light.

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