Avec l’Inde en ligne de mire, Boeing montre le décollage d’un F/A-18 Super Hornet à partir d’un tremplin

À terme, et si les arbitrages budgétaires lui sont favorables, la marine indienne [Indian Navy] comptera trois porte-avions… mais dans des configurations différentes. En effet, l’INS Vikramaditya [ex-Amiral Gorshkov] a été mis en service en 2013 après avoir été remis en état par la Russie. Et l’INS Vikrant, de conception locale, va entamer ses essais en mer en 2021. Ces deux navires sont en configuration STOBAR [Short Take-Off But Arrested Recovery], c’est à dire qu’ils sont dotés d’un plan incliné pour faire décoller leurs aéronefs et de brins d’arrêt pour les récupérer.

Le troisième porte-avions souhaité par l’Indian Navy – l’INS Vishal – sera en configuration CATOBAR, à l’instar de ceux en service au sein de la Marine nationale et de l’US Navy [et bientôt de la composante navale de l’Armée populaire de libération]. Un tel navire est équipé de catapultes – à vapeur ou électromagnétique – et de brins d’arrêt.

Aussi, la marine indienne a besoin d’appareils pouvant opérer depuis ces deux types de porte-avions. C’est d’ailleurs l’enjeu du programme « Multi Role Carrier Borne Fighters » [MRCBF] pour lequel elle a lancé une procédure pour acquérir 57 chasseurs-bombardiers multi-rôles.

Le MiG-29K/KUB pourrait être le candidat idéal, d’autant que cet avion de facture russe est déjà en service au sein de l’Indian Navy. Seulement, 9% des 45 appareils livrés ont été perdus en l’espace de seulement trois ans. Et leur disponibilité est régulièrement pointée du doigt, en raison de problèmes techniques récurrents et des difficultés pour s’approvisionner en pièces détachées.

Cela étant, trois autres types d’avions sont en lice : une version embarquée du JAS-39 Gripen E/F du suédois Saab, qui n’existe que sur la planche à dessin, le Rafale Marine de Dassault Aviation et le F/A-18 Super Hornet de Boeing. Évidemment, la compétition se jouera entre les deux derniers… à la condition qu’ils démontrent leur capacité à décoller avec un tremplin.

Durant ses essais à bord du porte-avions Foch, en 1993, le Rafale Marine, encore au stade de prototype, avait pu décoller grâce à un mini plan incliné. Puis, en 2012, une étude de Dassault Aviation, citée par Mer&Marine, confirma la capacité de l’avion à opérer depuis un porte-avions en configuration STOBAR…

Quant à la quantité d’armes et de carburant qu’un Rafale Marine pourrait emporter, le quotidien « The Economic Times » indiqué, en 2018, que le constructeur français avait fourni les résultats de « tests approfondis » montrant qu’il pouvait « décoller d’un pont d’envol doté d’un tremplin » avec une « charge significative ».

De son côté, et comme il l’avait annoncé en février, Boeing a effectué des essais durant l’été dernier, à la Naval Air Station Patuxent River [Maryland]. Si le F/A-18 Hornet avait démontré sa capacité à décoller avec un tremplin durant son développement, ce n’était pas encore le cas pour le F/A-18 Super Hornet qui est un avion différent, même s’il a gardé l’allure de son prédécesseur.

« Boeing et l’US Navy en sont aux premières phases d’exploitation d’un F/A-18 Super Hornet [Block III] à partir d’un tremplin à la Naval Air Station Patuxent River pour démontrer qu’il est compatible avec la configuration STOBAR des porte-avions de la marine indienne », avait alors affirmé Justin Gibson, porte-parole du constructeur américain, confirmant ainsi une information révélée par un journaliste indien.

Mais aucune image de ces essais n’avait alors été diffusée. C’est désormais chose faite. Via Twitter, Boeing a publié une très courte vidéo montrant en effet un F/A-18 Super Hornet prendre son envol grâce à un plan incliné.

« Le premier décollage réussi et sûr du F/A-18 Super Hornet à partir d’un tremplin commence le processus de validation pour qu’ils puissent opérer efficacement à partir des porte-avions de la marine indienne », a déclaré Ankur Kanaglekar, le responsable des ventes de Boeing en Inde.

Cela étant, la vidéo diffusée montre le F/A-18 Super Hornet en question dans une configuration assez légère, avec deux missiles air-air AIM-9 Sidewinder en bout d’ailes et apparemment deux bombes inertes. Mais Boeing a dit avoir fait des tests avec différentes charges utiles. Sans doute en diffusera-t-il les images.

Cette « offensive » de Boeing pour le programme MRCBF s’explique sans doute par le fait que le Rafale M a plusieurs atouts dans sa manche susceptibles de lui faire gagner la mise. Aussi, l’avionneur américain fait valoir que le F/A-18 Super Hornet offrira à l’aéronavale indienne des capacités avancées, avec un faible coût d’acquisition, d’exploitation et d’entretien.

Mais ce n’est pas avec de tels arguments qu’il pourra faire la différence. D’où les deux points sur lesquels il insiste particulièrement : le F/A-18 Super Hornet existe en version biplace, ce qui peut être un avantage pour les missions complexes et il peut être un « multiplicateur de force » s’il fonctionne en relation avec l’avion de patrouille maritime P-8I Poseidon de Boeing, en service au sein de l’Indian Navy. Reste à voir si cette dernière se laissera convaincre…

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