Selon Bangui, la Russie a envoyé plusieurs centaines de soldats en Centrafrique
Le 15 décembre, le MPC [Mouvement patriotique pour la Centrafrique], dont la dérive sectaire a été dénoncée par le Haut-commissariat aux réfugiés en 2018, le groupe 3R [Retour, réclamation, réconciliation], le FPRC [Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique], l’UPC [Union pour la paix en Centrafrique] et deux factions anti-balaka [Mokom et Ndomaté], ont signé une déclaration commune pour dénoncer l’énième accord de paix qui avait été trouvé à Khartoum, en février 2019. Et, d’après RFI, ils se sont réunis au sein de la « Coalition des patriotes pour le changement. »
Trois jours plus tard, soit à un peu plus d’une semaine de l’élection présidentielle centrafricaine, des éléments armés appartenant au MPC, au 3R et aux factions anti-balaka, se sont mis en mouvement vers Bangui, obligeant les casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation de la République centrafricaine [MINUSCA] à intervenir.
Cette dernière a déployé des forces à Bossemptélé et à Bossembélé, deux localités situées dans la préfecture de l’Ombella-M’Poko alors cibles d’attaques par des éléments armés.
« Au cours de ce déploiement, les casques bleus ont dispersé les éléments armés qui bloquaient la route Bossemptélé-Bossembélé à hauteur de Yaloké. A Bossangoa, les casques bleus ont bloqué des éléments armés à moto qui ont tenté de quitter la ville », a précisé la MINUSCA, avant de faire valoir que le renforcement de ses moyens [aériens compris] était une « réponse aux violences commises par ces groupes armés et qui ont également touché Yaloké et Bozoum ».
Dans le même temps, le gouvernement centrafricain a dénoncé une tentative de coup d’État, mise sur le compte de l’ancien président François Bozizé, qui était encore récemment le chef de file de la « Coalition de l’opposition démocratique » [COD], laquelle a exigé « le report des élections prévues le 27 décembre jusqu’au rétablissement de la paix et de la sécurité. »
Pour rappel, François Bozizé avait été renversé par coalition de la Séléka, dominante musulmane. La détérioraton de la situation, par la suite, avait conduit la France à lancer l’opération Sangaris, puis les Nations unies à créer la MINUSCA. Puis, le processus politique ayant été rétabli après une période de transition, Faustin-Archange Touadéra fut élu président en 2016. Et ce dernier a entrepris un rapprochement avec la Russie, intéressée par les ressources naturelles de la Centrafrique.
Depuis, Bangui et Moscou ont signé des accords de coopération dans plusieurs domaines. Et la société militaire privée [SMP] russe Wagner s’y est implantée, à la faveur de livraisons d’armes aux forces centrafricaines, pour lesquelles la diplomatie russe avait obtenu une dérogation à l’embargo auprès du Conseil de sécurité des Nations unies. Ce rapprochement avec la Russie s’est notamment traduit par quelques frictions avec la France…
Reste que les dernières attaques des groupes armés de la « Coalition des patriotes pour le changement » vont renforcer davantage l’influence russe en Centrafrique.
En effet, alors que la MINUSCA a assuré que la situation était désormais sous contrôle, Ange Maxime Kazagui, le porte-parole du gouvernement centrafricain, a annoncé que la Russie a envoyé en Centrafrique « plusieurs centaines d’hommes des forces régulières, et des équipements lourds » dans le cadre d’un accord de coopération bilatérale. Il n’a cependant précisé la date de l’arrivée de ces troupes, ni leur effectif exact.
Outre la Russie, le Rwanda, dont le contingent mis à la disposition de la MINUSCA a été pris pour cible par les groupes armés, a également envoyé « plusieurs centaines d’hommes qui qui sont déjà sur le terrain et ont déjà commencé à combattre », a affirmé le responsable centrafricain. Ce qui Kigali a confirm ».
Le Rwanda « a déployé une force de protection en République centrafricaine, dans le cadre d’un accord bilatéral de défense. Le déploiement est en réponse au ciblage du contingent des Forces de Défense du Rwanda [RDF] sous la force de maintien de la paix de l’ONU par les rebelles soutenus par François Bozizé », a en effet déclaré le ministère rwandais de la Défense, ce 21 décembre.
Quant au déploiement de troupes russes en Centrafrique, Moscou ne l’a pas encore confirmé, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’étant borné à dire que « les informations en provenance de ce pays suscitent une sérieuse inquiétude. »
Cela étant, au titre de sa coopération militaire avec la Centrafrique, la Russie a décidé d’offrir aux Forces armées centrafricaines [FACa] une vingtaine de véhicules blindés de reconnaissance BRDM-2, armés de mitrailleuses PKT de 7,62 mm et KPVT 14,5 mm et pouvant emporter, en armement secondaire, des missiles antichars ou anti-aérien. Les premiers exemplaires ont été livrés en octobre dernier. Selon Russia 24, un nouveau lot serait arrivé au début de ce mois.
Photo : Livraison de BRDM-2 aux FACa – capture d’écran