Covid-19/Vaccins : Un Transall de l’escadron électronique « Dunkerque » envoyé en mission aux Antilles

La semaine passée, le Premier ministre, Jean Castex, a détaillé la campagne de vaccination contre la covid-19 que le gouvernement entend lancer durant la dernière semaine de décembre, sous réserve du feu vert que doit donner l’Agence européenne du médicament à la commercialisation des vaccins développés par les laboratoires Pfizer/BioNTech et Moderna, considérés comme « sûrs et efficaces », au prix de potentiels effets secondaires bénins.

En fonction de l’avis que rendra la Haute Autorité de Santé [HAS] sur les conditions d’utilisation de ces vaccins, la campagne commencera par les pensionnaires et le personnel des Ehpad [soit un million de personnes]. Puis elle montera en puissance à partir de début janvier, avec une phase devant s’échelonner sur une période de 6 à 8 semaines afin de tenir compte du délai de 21 jours entre la première vaccination et le rappel. Par la suite, elle concernera les 14 millions de personnes considérées comme prioritaires. Puis viendra le tour du reste de la population. À noter que, si elle sera gratuite, la vaccination n’aura aucun cacactère obligatoire.

Six contrats d’approvisionnement ont été signés au niveau européen. La France disposera aisin de 200 millions de doses, ce qui permettra de vacciner 100 millions de personnes, une marge de sécurité ayant été appliquée. Or, parmi les vaccins retenus, ceux de Pfizer/BioNTech et de Moderna ont comme principe actif l’ARN messager [ARNm], c’est à dire une copie temporaire d’un fragment d’ADN de la protéine de pointe S du SARS Cov-2 [le coronavirus à l’origine de la maladie], celle qui lui permet d’infecter les organismes. En clair, l’ARNm qui sera injecté va indiquer aux cellules quelles sont les protéines qu’elles doivent synthétiser pour se défendre contre le virus.

Le souci est que de tels vaccins doivent être conservés à de très basses températures. Celui de Pfizer/BioNTech exige ainsi d’être stocké à -80°c. Ce qui nécessite de « super congélateurs », comme ceux produits par l’entreprise Froilabo. Ces derniers ont une capacité de stockage de 1.000 litres [soit 300.000 doses] à -87°c. Ces denriers jours, plusieurs ont été livrés à des hôpitaux, lesquels les ont mis dans des endroits secrets afin d’éviter les vols.

Le ministère des Solidarités et de la Santé a demandé aux forces armées de fournir un appui logistique à cette campagne de vaccination. Le 18 décembre, le ministère des Armées a ainsi annoncé qu’il venait d’être sollicité pour acherminer des congélateurs à très basses températures aux hopitaux des départements, régions et collectivités d’outre-Mer [DROM/COM].

« S’inscrivant dans le cadre de l’opération Résilience, ces missions logistiques débuteront le dimanche 20 décembre 2020 par le transport par avion militaire de deux congélateurs vers Fort-de-France [Martinique] et Pointe-à-Pitre [Guadeloupe]. D’autres missions seront réalisées dans le cadre du déploiement de la stratégie gouvernementale », a en effet indiqué le ministère des Armées.

Curieusement, ce n’est pas un escadron de transport « classique » de l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE], avec un A400M Atlas ou un C-130 Hercules qui a été mis à contribution pour cette première mission logistique. En effet, c’est un Transall C-160R de l’Escadron électronique aéroporté 00.054 Dunkerque qui a assuré le transport de deux congélateurs vers les Antilles, le 20 décembre.

« L’avion de transport de l’aAE a quitté la piste à 08h45 en direction des Antilles après chargement de ces deux imposants réfrigérants par l’Escadron de transit et d’accueil aérien [ETAA] d’Évreux », explique l’État-major des armées [EMA].

Et d’ajouter : « Ce convoyage s’inscrit dans le cadre du soutien des armées à nos concitoyens. Les congélateurs capables de maintenir une température de -80°C, vont être livrés à Pointe-à-Pitre [Guadeloupe] à 21h20 UTC puis à Fort-de-France [Martinique] à 23h20 UTC, le 21 décembre. »

Le C-160 Transall avait assuré sa dernière opération extérieure l’été dernier, avant la mise en sommeil des traditions de l’escadron de transport 2/64 Anjou. Trois exemplaires ont depuis été transférés au 00.054 Dunkerque pour appuyer les C-160G « Gabriel » de guerre électronique… et donc aussi pour assurer des missions ponctuelles de transport, comme celle effectuée au titre de l’opération Résilience, avec 3 pilotes, 1 navigateur, 3 mécaniciens et 1 chef de soute. Le Transall sera de retour à Évreux le 24 décembre au soir.

D’autres missions de ce type sont prévues « dans les semaines et mois à venir », a souligné l’EMA. Le « Dunkerque » sera-t-il de nouveau mis à contribution?

Par ailleurs, on ignore encore pour le moment si les armées seront sollicitées pour assurer la sécurité des emprises où seront stockés les vaccins. Ce 21 décembre, le secrétaire général d’INTERPOL, Jürgen Stock, a dit s’attendre à une hausse « dramatique » de la criminalité à l’occasion de l’acheminement des doses de vaccins contre la covid-19.

« Nous allons assister à des vols, à des cambriolages d’entrepôts et à des attaques lors du transport des vaccins », a prévenu ce responsable.

Selon le Journal du Dimanche, une note confidentielle du gouvernement identifie trois risques « majeurs » : les actes de malveillance [intrusions sur des sites de stockage, attaques informatiques, qui, du reste, ont déjà eu lieu, etc], actions d’activistes « anti-vaccin » et actes terroristes. « Le plan Vigipirate, porté au niveau urgence attentat le 29 octobre, va renforcer les dispositifs de sécurité dans les établissements de santé et leurs alentours », écrit l’hebdomadaire.

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