En remplaçant le BSTAT par le BM2, l’armée de Terre réforme le parcours de ses sous-officiers

Le programme SCORPION fait entrer l’armée de Terre dans une nouvelle ère, avec des véhicules et des équipements conçus pour le combat collaboratif « infovalorisé ». Ce qui suppose la maîtrise de compétences nouvelles… et donc un effort en matière de formation à l’engagement opérationnel.

Les premiers Véhicules blindés multi-rôles [VBMR] « Griffon » ont été livrés en 2019. Et l’objectif, réaffirmé encore récemment par l’armée de Terre, est d’être en mesure d’en projeter une quarantaine en opération extérieure à la fin de l’année 2021. Quant aux Engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC] « Jaguar », les vingt premiers exemplaires seront reçus en mai prochain. Dans le même temps, le Système d’information du combat Scorpion [SICS] se déploie au sein des régiments. Enfin, les premiers VBMR légers « Serval » et chars Leclerc révovés sont attendus pour 2022.

Cette montée en puissance du programme SCORPION ne sera pas conséquence sur le parcours des sous-officiers, dont au moins 50% n’ont pas le Brevet supérieur de technicien de l’armée de Terre [BSTAT], selon un rapport parlementaire publié en novembre 2019. Cette situation n’était pas nouvelle : elle avait été décrite deux anx plus tôt par le chef de la section sous-officiers du bureau politique des ressources humaines de l’armée de Terre.

« L’enchaînement de la déflation, puis la remontée rapide de la FOT [Force opérationnelle terrestre, passée de 66.000 à 77.000 soldats à partir de 2015, ndlr] a créé une situation inédite. Nos effectifs de jeunes sous-officiers sont aujourd’hui atteints, mais nous constatons un manque de 3.000 titulaires du BSTAT. Pour remédier à cette situation, nous avons proposé des mesures concrètes afin de fidéliser nos jeunes sergents tout en leur permettant d’avoir des opportunités de carrières », avait-il affirmé.

D’où la décision de l’état-major de l’armée de Terre [EMAT] de « rénover » le parcours des sous-officiers.

Actuellement, quand un jeune sous-officiers termine sa formation spécialisée de 1er niveau, il obtient le Brevet de spécialiste de l’armée de Terre [BSAT]. Puis, au bout de 7 à 10 ans et à l’issue d’une formation de spécialité de 2e niveau, il peut décrocher le Brevet supérieur de technicien de l’armée de Terre [BSTAT] qui, entre autres, sanctionne son aptitude à commander une trentaine de soldats. Plus tard, s’il réussit les épreuves de sélection professionnelle [ESP], il pourra terminer sa carrière avec les galons de major si, entre-temps, il n’est pas devenu officier via l’École militaire interarmes [EMIA] ou d’autres voies de recrutement interne.

Aussi, au regard des « besoins croissants en technicité », du « nécessaire durcissement de la préparation opérationnelle, liés au déploiement des équipements SCORPION » et de la « perspective de conflits de haute intensité », l’idée de l’EMAT est d’accélérer ce processus en remplaçant le BSTAT par un « Brevet militaire de deuxième niveau » [BM2] qu’un sous-officier pourra obtenir au bout de cinq ans de services.

« Un sergent ne peut plus attendre sept ans pour être formé au niveau auquel il est d’ores et déjà employé. C’est pourquoi le nouveau brevet militaire du 2e niveau [BM2], véritable brevet de SOA2, deviendra un passage imposé du cursus des sous-officiers de recrutement direct et semi-direct, dans leur cinquième année de service en tant que sous-officier. La réussite du BM2
entraînera dans l’année la promotion au grade de sergent-chef », explique en effet la Direction des ressources humaines de l’armée de Terre [DRHAT] dans le dernier Terre Information Magazine.

Trois ans après l’obtention de ce BM2, le sous-officiers pourra prétendre au Brevet militaire de 3e niveau [BM3], attribué selon un système de valorisation des acquis de l’expérience par le chef de corps de son unité. Ce brevet se matérialisera par un insigne inspiré du « médaillon de vétérance » institué en 1771 [et de l’insigne du BSTAT]. En être le titulaire ouvrira la voie au grade d’adjudant.

Enfin, les ESP vont être revues en 2023. « L’avancement au grade de major a vocation à être systèmatique à la suite de l’obtention du BM4, certifiant l’aptitude à tenir des emplois comparables à ceux d’un officier subalterne », annonce la DRHAT.

Cette dernière souligne que cette « rénovation du parcours professionnel est conçue en cohérence avec la politique de mobilité modernisée : un sous-officier BM2 exploitera ses compétences dans sa première affectation avant son premier créneau de mobilité vers un CIAT », en clair, un état-major, un centre d’entraînement ou en école.

Cette réforme va entrer progressivement en vigueur entre 2022 et 2025, avec un « effort important de formation pour parvenir à aligner les millésimes sur un BM2 à cinq ans de sous-officier. »

Photo : © armée de Terre

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