Un pétrolier victime d’une explosion suspecte dans un port saoudien

Pétrolier battant pavillon de Singapour, le BW Rhine a été victime d’une explosion, d’origine a priori externe, alors qu’il était en train de décharger sa cargaison au terminal pétrolier de Djeddah, en Arabie Saoudite, le 13 décembre.

Un incendie s’est ensuite déclaré à bord mais il a vite été maîtrisé par l’equipage et les pompiers du port, a indiqué le groupe Hafnia, son armateur établi à Singapour. Aucun des 22 marins n’a été blessé. « Il est possible que du pétrole se soit échappé du bateau, mais cela n’a pas encore été confirmé », a-t-il par ailleurs indiqué, via un communiqué.

Pour le moment, les autorités saoudiennes gardent le silence sur ce nouvel incident, qui survient trois semaines après qu’un autre pétrolier, le MT Agrari, appartenant à une compagnie grecque, a également été victime d’une explosion à environ un mètre au-dessus de sa ligne de flottaison, alors qu’il était au mouillage au port saoudien d’Al Shuqaiq, à 160 km au nord de la frontière yéménite. L’hypothèse d’une mine patelle [que l’on fixe sur la coque d’un navire] avait été avancée, de même que celle d’une mine navale.

L’explosion au port de Djeddah a d’abord été rapportée par le Bureau des opérations commerciales maritimes du Royaume-Uni [UKMTO], sans préciser l’identité du pétrolier concerné. Ce dernier en a profité pour lancer une nouvelle mise en garde aux navires présents dans la région, les appelant à faire preuve d’une « extrême vigilance ».

Selon les données AIS [Système d’identification automatique], le BW RHine avait appareillé de Fujaïrah [Émirats arabes unis] le 9 novembre. Puis il fit une escale à Ain Soukhna [Égypte] puis à Yanbu [nord de l’Arabie Saoudite] avant d’arriver à Djeddah, où par ailleurs, fin novembre, un site de la compagnie pétrolière Saudi Aramco a été touché par un missile de croisière tiré par les rebelles yéménites Houthis, liés à l’Iran.

Si les détails concernant le BW Rhine restent incertains, le spécialiste de la sécurité maritime Dryad Global estime qu’il est « très propable » qu’en engin explosif soit la cause de cet incident. « La crédibité de la source » et la « cadence actuelle » des incidents de cette nature constatés dans la région plaident dans ce sens.

« Des incidents antérieurs ont impliqué l’utilisation d’engins piégés contre des navires, la dernière attaque ayant eu lieu au port d’Al-Shuqaiq le 23 novembre 2020 », rappelle en effet Dryad Global.

En règle général, en mer Rouge, les rebelles Houthis visent les navires battant pavillon saoudien [ou affrétés par l’Arabie Saoudite et les Émirats unis]. Des bâtiments militaires ont même été attaqués, comme une frégate de la classe Al-Madinah en service au sein de la marine saoudienne. Des missiles, tirés depuis la côte yéménite, ont également visé des destroyers américains.

S’il est avéré que le BW Rhine a été victime d’un engin explosif et que les rebelles Houthis en sont les responsables, alors cela signifierait qu’ils ont désormais la capacité à agir à plus de 300 nautiques de leur zone d’opération habituelle [voire de 500 nm depuis Hoddeidah]. Cela étant, pour Dryad Global, cette hypothèse n’est pas la plus probable.

« Si effectivement le navire a été visé par un engin explosif, il reste une possibilité réaliste que le navire ait été ciblé par des mines à patelle, similaires à celles qui furent déployées par les forces iraniennes dans le golfe d’Oman en 2019 », estime le spécialiste britannique de la sécurité maritime, en faisant une allusion aux sabotages de plusieurs pétroliers, au large du port émirati de Fujairah. À l’époque, les États-Unis avaient accusé les Gardiens de la révolution iranien d’en avoir été les auteurs.

Photo : © Hafnia

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