Mme Parly fait la promotion du Rafale en Croatie au nom d’une « Europe de la défense plus forte »

D’ici quelques semaines, le gouvernement croate le précisera le type d’avion de combat qui équipera ses forces aériennes, lesquelles mettent actuellement en oeuvre de vieux MiG-21 Bis/UM à bout de souffle.

Quatre offres sont sur la table. Après un premier échec en raison d’un veto américain, Israël revient à la charge en proposant des F-16 « Barak » d’occasion. Les mêmes causes reproduisant les mêmes effets, on peut penser que l’état-major croate se réticent à prendre le risque d’un tel choix, d’autant plus que le temps presse.

Justement, le suédois Saab, qui a soumis la candidature du JAS-39 C/D MS20, assure qu’il serait en mesure de livrer les avions éventuellement commandés par Zagreb deux ans après la signature du contrat. Cependant, le fait que ce soit la version C/D et non E/F qui est proposée peut susciter quelques réserves.

Le F-16 Viper, la dernière version de l’avion de Lockheed-Martin, a quelques arguments à faire valoir, avec son radar à antenne active [AESA] APG-83 et son avionique dernier cri. En outre, le groupe américain a évoqué de possibles coopérations avec au moins six entreprises croates. D’après les médias locaux, deux offres ont été faites à Zagreb : l’une reposant sur huit avions, l’autre sur douze. Quant au délais de livraisons, il est question de trois ou quatre ans après la signature du contrat, ce qui porte à 2025.

Quant à la proposition française, elle porte sur la livraison de douze Rafale F3 d’occasion, qui n’ont rien à envier aux F-16 Viper s’agissant des capacités et des performances, avec leur radar AESA Thales RBE2 et la panoplie d’armements et de capteurs qu’ils peuvent emporter. Pour le moment, la France joue la carte de la discrétion dans la procédure croate. Cependant, à l’occasion d’une visite à Zagreb, la minsitre des Armées, Florence Parly, l’a évoquée lors de son entretien avec Mario Banožić, son homologue croate, le 23 novembre.

Selon le compte-rendu de leur rencontre publié par le ministère croate de la Défense, M. Banožić a qualifié la France « d’allié précieux » avec lequel la Croatie « développe de bonnes relations fondées sur la confiance depuis des années ». Et de souligner le soutien de Paris lors des candidatures de Zagreb à l’Otan et à l’Union européenne [UE].

De son côté, Mme Parly a souligné le « succès de la coopération bilatérale de défense entre la France et la Croatie ». Et de faire part du souhait de Paris d’aller plus loin encore dans cette relation, notamment dans le domaine de l’industrie de l’armement. Mais, via Twitter, la ministre a précisé son propos.

« En 2013, la France et la Croatie avaient signé un accord relatif à la coopération en matière de défense. Cette coopération s’enrichit chaque année, avec des exercices opérationnels conjoints, des escales de bâtiments de la Marine nationale dans des ports croates. Nous œuvrons ensemble pour le renforcement de l’autonomie stratégique européenne avec la Coopération structurée permanente [CSP] et le Fonds européen de défense [FED], qui ont connu des avancées importantes grâce à la présidence croate de l’Union européenne », a commencé par rappeler Mme Parly.

« Demain, cette relation stratégique pourrait franchir une nouvelle étape décisive : la France a déposé le 10 novembre une offre de Rafale pour le renouvellement de la flotte croate d’avions de combat. Un projet qui serait structurant pour la coopération entre nos deux pays, et pour une Europe de la défense plus forte », a ensuite fait valoir la ministre.

De tels arguments peuvent-ils faire mouche? Le compte-rendu publié à Zagreb précise que, concernant les avions de combat, « la partie croate a remercié ses collègues français pour leur profressionnalisme » et que « le processus d’évaluation des offres reçues devrait se terminer le 12 décembre. »

Après l’annonce grecque relative à l’acquisition de douze Rafale d’occasion prélevés sur la flotte de l’armée de l’Air & de l’Espace [et qui devront être remplacés aussi rapidement que possible], un éventuel choix de Zagreb en faveur de l’offre française risque de poser un souci.

Lors d’une audition à l’Assemblée, début octobre, Mme Parly a assuré qu’une commande de 12 Rafale serait passée d’ici la fin de cette année et qu’elle viendrait s’ajouter à celle portant sur 28 exemplaires devant être livrés entre 2022 et 2024.

« Tout ce que nous souhaitons, c’est évidemment des dates de livraison de ces avions qui permettent une soutenabilité de cet effort par l’armée de l’Air & de l’Espace », avait confié le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, aux sénateurs, en évoquant un éventuel succès en Croatie après la vente à la Grèce [qui n’est toujours pas signée, ndlr].

« Donc, soit ces deux prospects sont enchaînés dans le temps, et à ce moment là, l’effort sera soutenable, soit nous serons dans l’impossibilité, au risque de lacunes importantes sur le plan opérationnel et sur le plan organique », avait ensuite ajouté le CEMA, avant d’appeler Dassault Aviation à « accepter de prendre le risque d’ouvrir des chaînes [d’assemblage] supplémentaires […] parce que, de toute évidence, les armées françaises […] ne peuvent pas servir de système d’assurance systématique. »

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