Al-Qaïda au Maghreb islamique annonce le nom de son nouveau chef
Le 3 juin dernier, Abdelmalek Droukdel, l’insaisissable chef d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI], était tué lors d’une opération des forces spéciales françaises à Talahnadak, localité située dans le nord du Mali, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière algérienne. Se posait dès lors la question de son successeur à la tête de l’organisation jihadiste. Et le nom le plus souvent cité était alors celui d’Abou Obeida Youssef al-Annabi, le chef de son « conseil des notables » [Majlis al-Shura].
Cette hypothèse a été confirmée plus de six mois après l’élimination de Droukdel. En effet, dans une vidéo repéré par SITE Intelligence et dont le journaliste de France24 Wassim Nasr s’est fait l’écho, AQMI a annoncé avoir reconnu al-Annabi comme étant son nouveau chef.
#AlAndalous dans une vidéo de 20:26 #AQMI annonce, par la voix d’Abou al-Nouman al-Chinkiti, que le successeur d’Abou Mossaab Abdel Wadoud #Droukdel est Abou Oubaïda Youssef #AlAanabi pic.twitter.com/nTQ1sNXvva
— Wassim Nasr (@SimNasr) November 21, 2020
On ne sait que peu de choses sur Abou Obeida Youssef al-Annabi, si ce n’est qu’il est né à Annaba [Algérie] en février 1969 et qu’il a rejoint le Groupe salafiste pour la prédication et le combat [GSPC] dès sa création, à la fin des années 1990. Cette organisation fera allégeance en 2006 à al-Qaïda et deviendra ainsi AQMI.
Considéré comme étant le second de Droukdel, avec lequel, a-t-il été dit, il aurait eu des désaccords, al-Annabi aurait failli être tué par l’armée algérienne en novembre 2009, à Bouzguen, dans le nord du pays.
Dans un vidéo diffusée en avril 2013, al-Anabi avait appelé à s’en prendre aux intérêts français dans le monde, en réponse à l’opération Serval. Puis il récidiva deux ans plus tard, en lançant un appel visant à « internationaliser le jihad », ce qui lui valut d’être inscrit sur la liste noire du département d’État américain. En 2016, le Conseil de sécurité des Nations unies ajouta son nom à la liste des personnes visées par des sanctions pour « avoir concouru à financer, organiser, faciliter, préparer ou exécuter des actes ou activités de l’organisation al-Qaida au Maghreb islamique. »
L’an passé, al-Anabi avait répondu aux questions de France24, par l’intermédaire de Wassim Nasr, après plusieurs mois de négociations. À cette occasion, il avait renouvelé ses menaces à l’égard de la France, précisant qu’il ne se fixait « aucune limite pour combattre la présence française au Sahel. » Quant aux relations d’AQMI [et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans] avec l’État islamique au grand Sahara [EIGS], il avait qualifié ses chefs « d’illégitimes » tout en tendant la main à ses combattants en les encouragent à ne « pas perdurer dans l’erreur ».
Par ailleurs, al-Anabi semble accorder une importance particulière à l’Algérie. En mars 2019, il avait dit soutenir la contestation contre le président Abelaziz Bouteflika et son gouvernement, qui prenait alors de l’ampleur, tout appelant à l’application de la charia, le « but final », selon lui, étant que l’Algérie soit « gouvernée selon l’islam et l’islam seul ».