La France rejoint un projet de l’Otan pour développer un hélicoptère polyvalent de nouvelle génération

D’ici les quinze ou vingt années qui viennent, les pays membres de l’Otan auront à renouveler leurs flottes d’hélicoptères de manoeuvre. Ce qui, sans compter ceux utilisés par les forces américaines, se chiffre à au moins un millier d’appareils à remplacer. D’où le projet de « capacités giravion de nouvelle génération » [NGRC – Next Generation Rotorcraft Capabilities], dont cinq pays viennent d’annoncer le lancement, sous la bannière de l’Otan.

Parmi les Alliés qui ont rejoint ce projet, on trouve l’Italie, le Royaume-Uni, la Grèce, l’Allemagne et… la France. Ce qui peut sembler suprenant au regard des discours sur l’autonomie stratégique européenne tenus par les autorités françaises, et donc sur l’importance qu’accordent ces dernières à la Coopération structurée permanente [CSP/PESCO] ainsi qu’au Fonds européen de défense [FEDEF].

La participation du Royaume-Uni à ce projet pourrait expliquer celle de la France, Brexit oblige. En effet, les Britanniques ne pourront théoriquement plus participer à la CSP en raison de leur sortie de l’Union européenne. Mais en théorie seulement. Car, à l’initiative de l’Allemagne [.pdf], les projets de cette coopération structurée permanente pourront être ouverts à des pays tiers, au cas par cas et sous réserve de remplir certaines conditions.

Cependant, ce projet de l’Otan aboutira à une solution européenne… Et, par conséquent, renforcera l’autonomie stratégique des Européens, conformément aux voeux de la France. D’autant plus que la dotation du FEDEF ayant été réduite de près de 50% lors des négocation du cadre financier pluriannuel de l’UE, il n’est pas certain qu’un tel programme aurait pu être financé.

En outre, la France a également rejoint le projet « Aéronefs maritimes multimissions » [M3A] de l’Otan, alors que cette capacité doit faire l’objet d’une coopération avec l’Allemagne.

Quoi qu’il en soit, explique l’Otan, le projet NGRC vise à « développer une solution pour répondre » aux futurs besoins en matière d’hélicoptères de manoeuvre, « en tirant parti d’un large éventail de progrès récents en matière de technologie, de méthodes de production et de concepts opérationnels. »

Dans un premier temps, il s’agira de définir les besoins et de préparer un « plan de coopération en plusieurs phases ».

« En investissant nos ressources et en regroupant nos initiatives de développement dans un cadre multinational, nous faisons en sorte que les Alliés soient dotés des meilleures capacités disponibles, ce qui contribue à maintenir l’avance technologique de l’Otan, a fait valoir Mircea Geoană, le secrétaire général délégué de l’Alliance.

Deux industriels seront appelés à tenir un rôle majeur dans ce projet : Airbus Helicopters et Leonardo. Même si on ignore le détails des caractéristiques que devra avoir cet hélicoptère de manoeuvre de nouvelle génération, le premier pourrait prendre l’avantage avec le Racer, un appareil très rapide destiné, pour le moment, à un usage civil et développé dans le cadre du programme européen Clean Sky 2.

Cela étant, les États-Unis ont un coup d’avance dans ce domaine, avec leur programme « Future Vertical Lift », qui se divise en deux sous-projets : le Future Attack Reconnaissance Aircraft [FARA] et le Future Long-Range Assault Aircraft [FLRAA], pour lequel Bell et le tandem Sikorky/Boeing ont soumis respectivement le V-280 Valor et le SB-1 Defiant.

Or, des documents budgétaires italiens publiés en septembre ont évoqué une possible participation de l’industrie transalpine au programme FVL américain.

Photo : Racer © Airbus Helicopters

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