Décès de Daniel Cordier, Compagnon de la Libération

Deux semaines après le décès de Pierre Simonet, un autre Compagnon de la Libération vient de nous quitter. En effet, Daniel Cordier, qui fut le secrétaire de Jean Moulin, s’est éteint, ce 20 novembre, à l’âge de cent ans.

Né le 10 août 1920 à Bordeaux dans une famille de négociants, le jeune Daniel Cordier est d’abord séduit par les idées monarchistes de Charles Maurras. Mais, dans l’attente de son incorporation, ce militant de l’Action française est révolté par le discours prononcé le 17 juin 1940 par le maréchal Pétain à la radio. Sa décision est prise : il continuera le combat, quoi qu’il en coûte.

Quatre jours plus tard, à Bayonne, il réunit des volontaires, dont son ami Philippe Marmissolle-Daguerre [qui sera aussi fait Compagnon de la Libération, ndlr], et s’embarque à bord du navire belge Leopold II pour rejoindre l’Afrique du Nord. Finalement, il débarquera avec ses camarades à Falmoth, en Angleterre.

Sans tarder, Daniel Cordier rejoint les rangs de la France Libre. Affecté au Bataillon de Chasseurs, il entame sa formation militaire. Puis, en août 1941, il est promu aspirant. Les circonstances aidant, n’ayant pas eu encore l’opportunité de partir se battre en Afrique, il demande à rejoindre le service « Action » du Bureau central de Renseignements et d’Action [BCRA], c’est à dire le service de renseignement de la France Libre.

Sa requête acceptée, il suit alors l’entraînement des agents de l’Intelligence Service. Puis, avec le nom de code BipW, il est parachuté en France, en juillet 1942, près de Montluçon, pour sa première mission. Puis, il se met au service de « Rex », alias Jean Moulin, qui n’est autre que le représentant du général de Gaulle et délégué du Comité national français, au point d’en devenir son plus proche collaborateur. Sa mission est de l’assister dans ses efforts pour unifier les différents mouvements de Résistance.

Le 21 juin 1943, Jean Moulin est arrêté par la Gestapo, dans des circonstances qui ne seront jamais formellement établies. Mais Daniel Cordier poursuit inlassablement sa tâche, notamment en zone nord, en tant que secrétaire de la Délégation générale en France. Mais, le 21 mars 1944, il est obligé de fuir en Espagne. Interné à Pampelune, puis à Miranda, il parvient à revenir en Angleterre quelques semaines plus tard. Il est alors nommé chef de la section des parachutages d’agents du BCRA.

Par la suite, il devient le chef de cabinet du colonel Passy, alors patron de la Direction générale des Études et Recherches [DGER]. Mais il démission de son poste en 1946, quand le général de Gaulle quitte le pouvoir.

Rendu à la vie civile, ayant rompu avec les idées royalistes et maurassiennes, Daniel Cordier se consacre à l’art. Étant devenu collectionneur, il ouvre ainsi des galeries d’art à Paris et à New York, puis devient membre de la commission d’achat du Centre Georges Pompidou.

Puis, ayant abandonné ses activtés dans le domaine de l’art pour se consacrer à ses travaux d’historien, l’ancien agent du BCRA publie une somme sur Jean Moulin en 1983. Il s’agissait alors pour lui de répondre aux calomnies répandues sur le compte de son ancien chef par Henri Fresnay.

Auteur de plusieurs autres ouvrages, dont ses mémoires [« Alias Caracalla« ], Daniel Cordier était l’avant-dernier Compagnon de la Libération encore en vie, avec Hubert Germain.

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