Vers une forte réduction nombre d’hélicoptères lourds de transport mis à la disposition de la force Barkhane

Faute de disposer d’hélicoptères de transport lourds [HTL], la France est obligée de se tourner vers ses alliés afin de pouvoir en mettre à la disposition de la force Barkhane, au Sahel. Pour le moment, seuls le Royaume-Uni et le Danemark ont répondu présents, en envoyant respectivement trois CH-47D Chinook et deux EH-101 Merlin à Gao.

De tels appareils sont très utiles. Et il suffit de regarder le nombre de missions et d’heures de vol qu’ils ont effectuées depuis leur arrivée au Mali pour s’en convaince. Ainsi, les deux EH-101 effectuent, en moyenne, 6 à 7 missions par semaine, si l’on se fie aux chiffres régulièrement communiqués par le ministère danois de la Défense. Quant aux trois CH-47 Chinook britanniques, ils ont effectué plus de 2.000 heures de vol entre août 2018 et mai 2020.

En outre, ces hélicoptères font plus qu’assurer des missions de transport. Par exemple, équipés de capteurs comme la boule optronique Wescam MX-15, les EH-101 danois font aussi de la reconnaissance de certains secteurs au cours de leurs vols. Et, pouvant emporter 2.000 litres de carburant grâce à des bacs souples, les CH-47 Chinook peuvent être utilisés pour mettre en place des points d’avitaillement pour les hélicoptères du groupement tactique aéromobile [GTD-A] de la force Barkhane.

Seulement, cette dernière devra probablement se passer de telles capacités dans les prochains moins. En effet, si l’engagement des trois CH-47 Chinook a été prolongé par Londres, l’activité de ces appareils pourrait se partager entre Barkhane et la Mission des Nations unies au Mali [MINUSMA], bientôt renforcée par l’arrivée de 250 militaires britanniques.

Le Royaume-Uni est « sur le point d’annoncer un renfort de 250 personnels au sein de la MINUSMA pour des patrouilles longue distance et prévoit que les trois Chinook présents au Mali seront dorénavant affectés à 50 % à cette mission », ont en effet récemment indiqué les députés Jacques Marilossian et Charles de la Verpillière, dans un rapport faisant le bilan des accords de Lancaster House, signés il y a dix ans.

Il faudra regarder de près les modalités de cet engagement… Sachant que, en vertu d’un accord, Barkhane peut solliciter des hélicoptères mis à la disposition de la MINUSMA pour des missions dites MEDEVAC [évucation médicale].

Mais le plus compliqué sera de remplacer les deux EH-101 danois, dont la mission va bientôt prendre fin. Sans doute que Copenhague pourrait envisager de prolonger leur engagement… Mais à la condition de trouver une solution budgétaire. Le journal en ligne Altinget a en effet récemment indiqué que l’enveloppe pour les déploiement internationaux des forces danoises, définie par un accord gouvernemental couvrant la période 2018-2023, a déjà presque été entièrement consommée pour l’année prochaine.

Or, selon Altinget, le surcoût du déploiement de ces deux EH-101 au Mali serait de 152 millions de couronnes danoises. En outre, le Danemark prévoit d’engager des appareils de ce type en Irak, dans le cadre de la mission de l’Otan visant à former les forces irakiennes.

Cela étant, la disponibilité des EH-101 au Mali n’a pas toujours été optimale, l’un des deux étant tombé en panne à la fin du mois d’octobre, alors que se terminait l’opération Bourrasque. Ce qui n’a cependant pas empêché les aviateurs danois d’assurer 10 heures de vol au profit de Barkhane.

Quoi qu’il en soit, via un communiqué publié à l’issue du déplacement d’une délégation au Sahel, la Commission de la Défense nationale de l’Assemblée nationale, a souligné que Barkhane « fera face à l’amoindrissement de ses capacités aéroportées en raison notamment du départ programmé du détachement danois d’hélicoptères Merlin, et des questionnements sur l’évolution du dispositif britannique d’hélicoptères Chinook. »

Aussi, pour les membres de cette délégation, il est « indispensable que nos partenaires européens continuent de s’engager à nos côtés ». Le député Jean-Jacques Ferrara, cité dans le communiqué, est allé plus loin. « Il est temps que nos partenaires européens acceptent de partager le prix du sang », a-t-il estimé. Ce qui est le cas, avec le groupement européen de forces spéciales Takuba, formé par l’Estonie, la République tchèque, la Suéde et, sans doute bientôt, par l’Italie et la Grèce.

Photo : EH101 Merlin © Force aérienne danoise

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