Le Royaume-Uni bloque la vente d’avions de combat sud-coréens FA-50 à l’Argentine

Le renouvellement des capacités de la Force aérienne argentine [Fuerza Aérea Argentina, FAA] est une mission quasiment impossible, tant les difficultés sont nombreuses.

Ayant perdu ses derniers avions de combat supersonique avec le retrait de ses derniers Mirage IIIEA/DA et Mirage 5P Mara en 2015, la FAA ne compte désormais qu’une vingtaine d’A-4AR Fightinghawk entrés en service en 1998 et d’une trentaine d’avions d’attaque au sol FMA IA-58 Pucará qui, affichant plus de 40 ans de service, seront modernisés en 2021 sous l’appellation « IA-58H Fénix ». Mais, entre les contraintes budgétaires et les priorités politiques, il lui est difficile d’en faire davantage… d’autant plus qu’il lui faut composer avec les réalités… diplomatiques.

Durant la présidence de Mauricio Macri, entre 2015 et 2019, le ministère argentin de la Défense a connu une embellie budgétaire… Ce qui s’est d’ailleurs traduit par l’achat de quatre patrouilleurs de type « L’Adroit » et de cinq avions de combat Super Étendard Modernisés d’occasion auprès de la France, au profit de la marine.

Quant à la FAA, et après avoir examiné un possible achat d’une douzaine de Mirage F1 d’occasion, après avoir considéré, en 2014, celui d’avions FC-1 auprès de la chine ou de KFIR israéliens, elle a indiqué, en juillet 2019, avoir sélectionné le FA-50 « Fighting Eagle » du constructeur sud-coréen KAI.

Le choix en faveur de cet appareil était alors le fruit d’un bon compromis. En effet, la FAA allait pouvoir ainsi disposer d’un avion de combat moderne, bien armé [avec la possibilité d’emporter des missiles air-air AIM-9 Sidewinder et AIM 120 AMRAAM ainsi que de l’armement air-sol] et supersonique, sa vitesse maximale étant de Mach 1,4. Le tout à un prix compétitif.

Il était alors question de commander 10 exemplaires de cet appareils. Et les livraisons devaient commencer en 2022.

Seulement, c’était sans compter sur le Royaume-Uni, qui, depuis la guerre des Malouines/Falklands de 1982, s’oppose par principe à toute vente de matériels militaires pouvant améliorer les capacités des forces armées argentines. Et la commande de ces dix FA-50 sud-coréens n’y a pas échappé.

En effet, dans un courrier adressé à l’ambassadeur d’Argentine en Corée du Sud, Matin Chun, un cadre dirigeant de KAI, a fait savoir que la commande passée par Buenos Aires ne pourrait être honorée. La raison? « L’exportation de six composants principaux produits par des fournisseurs britanniques pour le FA-50 est soumise à l’approbation du gouvernement britannique », a-t-il justifié. Et d’ajouter : « Nous avons le regret de vous informer que le problème des licences d’exportation du Royaume-Uni n’est pas résolu à ce jour. » Cela étant, il est tout de même curieux que, tant chez KAI qu’au ministère argentin de la Défense, personne n’ait anticipé l’opposition du Royaume-Uni.

Aussi, on voit mal vers qui la FAA peut se tourner pour renouveler les capacités de son aviation de combat… avec les moyens dont elle dispose. Cela étant, Londres a peut-être fait un mauvais calcul… car Buenos Aires pourrait avoir la tentation d’acquérir un avion de combat sans doute plus performant que le FA-50… mais auprès de la Russie, voire de la Chine. Un tel scénario avait été envisagé par le passé….

Photo :  Gil Nartea/Malacanang Photo Bureau, via Wikipedia

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]