Un rapport plaide pour un nouvel avion de transport destiné à remplacer les CN-235 et les C-130H Hercules

L’actualisation de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 à la fin de l’année 2021 sera cruciale pour les armées, et pour l’armée de l’Air & de l’Espace [aAE] en particulier, tant elle présente encore actuellement des fragilités capacitaires persistantes. Or, le contexte économique du moment, plombé par la crise sanitaire, n’incite guère à l’optimisme, même si l’on peut toujours espérer une reprise rapide et forte de l’activité quand la pandémie de covid-19 sera passée.

Jusqu’à présent, la trajectoire budgétaire définie par la LPM est respectée quasiment à la lettre, le projet de loi de finances 2021 prévoyant une nouvelle hausse du budget de la mission « Défense » de 1,7 milliard d’euros. Et il est prévu une augmentation de la même ampleur pour 2022. Les choses deviendront plus compliquées par la suite, avec des « marches » de 3 milliards d’euros pour les années suivantes, avec l’ambition de porter les dépenses militaires à 2% du PIB. Or, compte-tenu de la crise, cet objectif est d’ores et déjà atteint… « Une telle évolution […] sera irréaliste dans le contexte post-crise sanitaire », estime par ailleurs le député [LR] François Cornut-Gentille.

S’agissant des capacités de l’armée de l’Air & de l’Espace, le député Jean-Jacques Ferrara, rapporteur pour avis sur les crédits des forces aériennes, a identifié cinq fragilités qui « ne doivent pas être occultées ».

L’une d’entre elles qui risquent de l’être est la modernisation du Système de commandement et de conduite des opérations aérospatiales [SCCOA] dans la mesure où elle ne bénéficie pas forcément de la même visibilité que les grands programmes d’armement. Or, avec ses radars et autres capteurs, elle est absolument indispensable pour la surveillance de l’espace aérien et la bonne conduite des opérations.

Un autre point d’attention, par ailleurs commun aux autres armées, est la nécessaire « reconstitution des stocks de munitions au ‘juste niveau’ ainsi que la définition des armements futurs », écrit M. Ferrara, qui cite également les « défis » de la composante héliportée de l’aAE.

Cette dernière va cependant bénéficier du plan de soutien à la filière aéronautique, avec la commande de 8 hélicoptères H225M Caracal alors qu’il était question de louer entre 12 et 20 Super Puma pour remplacer ses Puma à bout de souffle. Mais au-delà de cette commande, il faudra lancer les travaux sur le standard 2 du Caracal et définir les « spécifications propres à l’aAE pour l’hélicoptère Guépard », le successeur du Fennec, avec notamment l’ajout d’une perche de ravitaillement en vol et de la Liaison 16.

Mais l’une des fragilités majeures concerne l’aviation de combat, dont un quart, souligne le député, sera « dépourvu de capacité de combat air-air. »

Aussi estime-t-il qu’il est « indispensable d’intensifier la modernisation de l’aviation de chasse, au travers de la commande d’équipements missionnels supplémentaires, en particulier les pods Talios, de la poursuite des travaux sur les futurs standards du Rafale et, au-delà, du SCAF, ainsi que de l’installation d’un centre de simulation de Rafale sur la base aérienne d’Orange » et qu’il convient « également de mener à son terme le programme MENTOR de modernisation de la formation des équipages de l’armée de l’air, ce qui suppose d’acquérir des avions de formation PC-21 supplémentaire pour la base aérienne de Cognac. »

Cela étant, le prélèvement, au profit de la Grèce, de 12 Rafale sur la flotte que met en oeuvre l’aAE est un autre point d’attention. D’une part, parce qu’il n’est pas encore acquis que le produit de cette vente, qui rapportera 400 millions d’euros au budget général de l’État, sera reversé à celui du ministère des Armées. Et, d’autre part, parce qu’il y a encore des incertidudes sur les modalités de financement des 12 exemplaires qu’il faudra commander pour remplacer les appareils cédés à la force aérienne grecque. Qui plus est, cette opération n’était jusqu’alors pas prévue par la LPM… « Il y a là un sujet d’attention majeur », insiste M. Ferrara.

Enfin, une autre inquiètude porte sur l’aviation de transport, qui connaît de grandes difficultés depuis plusieurs années, en raison, notamment, des retards qu’a connu le programme A400M « Atlas », dont l’aAE attend cinquante unité. Mais certaines flottes sont vieillissantes, comme celle des 14 C-130H Hercules ou encore celle des 27 Casa CN-235, dont les premiers exemplaires furent mis en service en 1991.

Si la modernisation des C-130H Hercules est en cours, celle des CN-235 est à lancer, afin d’adapter leur avionique au normes du « Ciel unique européen » [Single European Sky ou SES]. En outre, le maintien en condition opérationnelle de ces deux types d’avions est compliqué… Dans un précédent rapport, publié en 2018, M. Ferrara avait précisé qu’il fallait compter « environ dix-huit heures trente de
maintenance pour une heure de vol sur CASA, et jusqu’à vingt-sept heures de maintenance pour une heure de vol de C130H. »

Quoi qu’il en soit, et comme le firent avant lui les députés Jean-Louis Thiériot et Benjamin Griveaux, le rapporteur estime qu’il faudrait d’ores et déjà « lancer les travaux sur le futur cargo tactique médian [FCTM] destiné à remplacer à la fois les Casa et les C130H à l’horizon 2030-2035. »

Le développement d’un tel appareil, dans le cadre d’un financement européen, serait pertinent dans la mesure où il permettrait, en plus, d’offrir un alternative au C-130J Hercules américain [dont l’aAE compte quatre exemplaires, ndlr]. En outre, Airbus aurait déjà un tel avion dans ses cartons, avec l’A200M, un appareil dont les capacités se situeraient entre l’A400M et le C-295.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]