Une frappe américaine a visé un rassemblement de chefs jihadistes dans le nord-ouest de la Syrie

Si le combat contre les organisation terroristes vient en second rang parmi les priorités du Pentagone, conformément à la stratégie de défense des États-Unis dévoilée en janvier 2018, il n’en reste pas moins que les forces américaines gardent un oeil sur les activités de ces dernières, comme le montrent les frappes régulièrement menées en Libye, en Somalie ou encore en Syrie.

Ainsi, au cours de ces trois derniers mois, l’activité des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9 Reaper de l’US Air Force [et de la CIA] a été relativement importante. En août, dans la localité de Sarmad [province d’Idleb], l’un d’eux a effectué une frappe au moyen d’un missile AGM-114R9X contre un certain Abou Yahya al-Uzbaki, un responsable d’Huras al-Din, un groupe jihadiste affilié à al-Qaïda. Cette munition, appelée « Ginsu volant », présente la particularité de s’abattre comme une enclume tout en déployant six lames tranchantes repliées dans sa coiffe. De quoi déchiqueter le toit d’un véhicule… et ceux qui se trouvent à l’intérieur.

Signe de cette activité : deux drones américains se sont écrasés quelques jours plus tard, alors qu’ils évoluaient dans le secteur de Kafr Takharim, situé également dans le province d’Idleb, près de la frontière avec la Turquie. La cause de la perte de ces deux appareils n’est toujours pas connue.

Un mois plus tard, il a été rapporté qu’un autre responsable jihadiste, en l’occurrence Sayyaf al-Tunsi, un ressortissant tunisien membre d’Hurras al-Din après avoir été exclu du groupe Hayat Tahrir al-Sham [HTS], avait été éliminé de la même façon qu’Abou Yahya al-Uzbaki, c’est à dire par un « Ginsu volant ». Il était alors suspecté de planifier des attentats contre des intérêts occidentaux

Ces deux frappes n’ont pas été confirmées officiellement par le Pentagone. Cependant, Christope Miller, directeur du National Counterterrorism Center, a récemment souligné que les « pertes successives de cadres et d’actifs infligées à Hurras al-Din, parallèlement à celles qu’il subit dans des conflits avec d’autres factions extrémistes, ralentissaient sa croissance ».

Quoi qu’il en soit, en plus de ces éliminations ciblées, qui ne sont probablement pas du ressort du Pentagone, des frappes visant des ressemblements de jihadistes sont également effectuées et revendiquées par les forces américaines.

Cela a été le cas le 15 octobre dernier, quand le commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale [US CENTCOM] a confirmé une information de Fox News selon laquelle l’un de ses drones venait de viser deux « hauts responsables d’al-Qaïda en Syrie » [AQS], sans en préciser l’identité.

« Les forces américaines ont mené une frappe contre al-Qaïda en Syrie dans les environs d’Idlib, en Syrie, le 15 octobre. AQ-S continue de présenter une menace pour l’Amérique et nos alliés », a simplement déclaré le commandant Beth Riordan, porte-parole de l’US CENTCOM.

Une autre frappe a été réalisée le 22 octobre. Et comme la précédente, elle a été confirmée par le Pentagone. Cette fois, elle a visé un « groupe de hauts responsables d’al-Qïda qui s’étaient réunis près d’Idleb », a précisé l’US CENTCOM. « L’élimination de ces dirigeants d’al-Qaïda en Syrie va réduire la capacité de l’organisation terroriste à planifier et à mener des attentats contre les citoyens américains, nos partenaires et les civils innocents », a-t-il ajouté, sans donner le bilan de ce raid, ni les moyens qui ont été engagés pour le mener.

Mais selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDF], la frappe américaine aurait fait 14 tués dans les rangs jihadistes, dont « cinq étrangers et six commandants ». Ces derniers s’étaient réunis dans à Jakara, dans la régino de Salqin [province d’Idleb]. A priori, deux cadres du HTS auraient été éliminés. De son côté, cette organisation, qui a pris ses distance avec al-Qaïda sans renoncer à l’idéologie jihadiste, a confirmé qu’une frappe avait visé « une tente appartenant à l’un des dignitaires », faisant plusieurs morts.

Cette frappe contre des cadres du HTS a été effectuée alors que l’enquête sur l’assassinat de Samuel Paty, le 16 octobre à Conflans-Sainte-Honorine, a permis de déterminer que le terroriste d’origine tchétchène, Abdouallakh Anzorov, était en relation avec au moins deux jihadistes se trouvant dans la région d’Idleb. Selon Le Monde, leur identité n’a pas encoré été établie à ce stade. Et on ignore le rôle qu’ils ont pu tenir dans cette affaire.

« Les Tchétchènes qui sont présents à Idleb ont leurs propres factions indépendantes, mais qui sont alliées à Hayat Tahrir al-Sham », a expliqué Rami Abdel Rahmane, le directeur de l’OSDH, à l’AFP. « Ils se trouvent à Idleb mais aussi dans le nord-est de la région voisine de Lattaquié », a-t-il précisé.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]