L’étude d’architecture du futur système de patrouille maritime franco-allemand va bientôt être lancée

En juillet 2019, le Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, avait indiqué aux députés qu’il espérait pouvoir notifier la première étude d’architecture système relative au programme MAWS [Maritime Airborne Warfare Systems] d’ici la fin de cette année-là. Or, il n’en a rien été.

Pour rappel, le projet MAWS doit être mené dans le cadre d’une coopération franco-allemande. Il vise à renouveler les moyens de patrouille maritime [PATMAR] en misant sur un « système de système », à l’image du SCAF [Système de combat aérien du futur]. En clair, il s’agit de remplacer les avions de patrouille maritimes Atlantique 2 de la Marine nationale [et, jusqu’alors, les P3C de la Deutsche Marine] par un nouvel appareil qui serait au centre d’un réseau de capteurs [sémaphore, capacités de lutte anti-sous-marine, satellites, drones, etc].

En mars, il a été rapporté que ce programme était à l’arrêt, côté français, en raison de difficultés sur le choix des industriels appelés à y prendre part, le choix de Thales fait par la DGA n’ayant alors pas convaincu tout le monde… Finalement, lors d’une conférence de presse donnée ce 23 octobre, M. Barre a fait savoir que les feux sont passés au vert.

Ainsi, une étude de faisabilité et d’architecture système doit très prochainement être notifiée à un groupement qui, appelé, THED sera formé par Thales et les entreprises allemandes Hensoldt, ESG [Elektroniksystem] et Diehl. Cette première étape traduit une « approche système » du projet. Ce n’est que lors de la seconde qu’interviendront Dassault Aviation et Airbus, c’est à dire quand le moment sera venu de mettre au point une nouvelle « plateforme » aérienne.

Si un tel programme est important pour l’autonomie stratégique européenne, il l’est sans doute encore bien davantage pour celle de la France, étant donné que les capacités de patrouille maritime sont indispensables à la dissuasion nucléaire en général, et aux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] en particulier. En outre, la mise au point de ce MAWS concerne de nombreux domaines, de la guerre électronique au radars, en passant les sonars, les liaisons de données, l’armement, les bouées acoustiques ou bien encore les moyens de communication.

Cela étant, en juin, une complication est survenue avec l’annonce de la mise en retraite anticipée des P3C Orion de la Deutsche Marine, alors que les Atlantique 2 français sont en cours de modernisation pour prolonger leur temps de service jusqu’en 2035.

En effet, selon les explications données par le ministère allemand de la Défense, la modernisation des P3C Orion représenterait un « risque financier et technique trop élevé ». D’où leur remplacement d’ici 2025, au plus tard. Selon les appareils en lice, le RAS 72 « Sea Eagle » de Rheinland Air Service, le C-295 MPA d’Airbus et le P8A Poeseidon de Boeing ont été cités.

Mais, devant la presse, le DGA a prévenu : la « plateforme » aéronautique qui sera retenue au titre du MAWS devra être impérativement « européenne ». Reste à voir ce que décidera Berlin.

Photo : © Marine nationale / Opération AGENOR

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