Irini : La frégate Latouche-Tréville a contrôlé un cargo assurant une liaison entre la Turquie et la Libye

La Libye va-t-elle connaître enfin un réglement politique susceptible de mettre fin au conflit qui la déchire entre deux gouvernements rivaux? Le 21 octobre, au Sénat, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est dit optimiste pour trois raisons.

La première est qu’il y a une « trêve » car, à part quelques escarmouches, on « ne se bat plus dans la zone de Syrte et Joufra », a relevé le ministre. Ce qui augure d’un possible cessez-le-feu à venir. Ensuite, les deux camps rivaux se parlent à nouveau. « Il y a un forum politique interlibyen qui s’est réuni à Montreux, en Suisse, pendant une partie de l’été, et qui va se réunir de nouveau à Tunis », a-t-il dit. Enfin, au niveau économique, l’accord relatif à la levée du blocus des terminaux pétroliers est un « développement positif dans la mesure où les revenus du pétrole vont être gérés de manière transparente et non détournés au profit des milices », a-t-il expliqué.

En attendant, l’embargo sur les armes décrété par les Nations unies à l’égard de la Libye reste évidemment en vigueur. Ce dernier a été régulièrement violé par les puissances étrangères impliquées dans le conflit, comme la Turquie et le Qatar, qui se tiennent aux côtés du GNA, ou encore comme les Émirats arabes unis, l’Égypte et la Russie, qui soutiennent le gouvernement de Tobrouk, et plus particulièrement l’Armée nationale libyenne du maréchal Khalifa Haftar.

Les opérations visant à faire respecter cet embargo ont parfois donné lieu à des incidents, comme lorsque la frégate française Courbet, alors engagée dans la mission Sea Guardian de l’Otan, a été illuminée à trois reprises par le radar de conduite de tir d’un navire militaire turc qui escortait le cargo Cirkin, alors soupçonné d’acheminer des armes à Misrata, ville tenue par les milices pro-GNA.

De son côté, conformément à la résolution 2292 du Conseil de sécurité des Nations unies, l’Union européenne a lancé l’opération navale Irini afin de faire respecter cet embargo. Placée dans un premier temps sous commandement italien, cette mission est désormais dirigée par le contre-amiral grec Theodoros Mikropoulos. En outre, la France y a engagé la frégate Latouche-Tréville en septembre dernier.

Après l’épisode de la frégate Courbet et les avec les tensions récurrentre en la Turquie et la France [qui soutient la Grèce dans son différend territorial avec Ankara en Méditerranée orientale], on pouvait craindre un nouvel incident dans le cas où le « Latouche-Tréville » s’aviserait à contrôler un cargo suspecté de transporter des équipements militaires turcs vers la Libye.

Et c’est ce qu’il s’est produit le 21 octobre. En effet, selon un communiqué de l’opération Irini, la frégate française a arraisonné le MV Medkon Sinop, un cargo battant pavillon du Panama, parti du port d’Ambarli [Turquie] trois jours plus tôt et faisant route vers Misrata. Mais, contrairement lors de la tentative d’intercption du Cirkin par le Courbet, en juin dernier, aucun incident n’a été signalé.

« L’équipe de visite de la frégate Latouche-Téville, agissant dans le cadre de l’opération EUNAVFOR MED IRINI, est montée à bord du navire, dans les eaux internatinales, à 135 milles au nord de Benghazi, en Libye », a indiqué le texte. Et d’ajouter que la documentation du bord a été examinée par les marins français et que des « contrôles aléatoires » de la cargaison [des conteneurs, ndlr] ont été effectués.

« Rien de suspect n’a été trouvé et l’équipe de visite est retournée à bord » du « Latouche-Tréville », permettant ainsi au MV Medkon Sinop de « poursuivre sa route », a conclu l’opération Irini.

Appartenant à la société Medkon Lines, le cargo en question a déjà été suspecté de transporter des armes à Misrata, sous escorte militaire [constituée, en l’occurrence, des frégattes turques Göksu et Gökova], en février dernier.

À noter que, dans le différend opposant la France à la Turquie au sujet de la tentative d’arraisonnement du cargo Cirkin par la frégate Courbet, l’Union européenne a sanctionné Avrasya Shipping, c’est à dire l’armateur turc à qui appartient le navire, justement pour avoir violé l’embargo.

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