L’Azerbaïdjan affirme avoir frappé des sites de lancement de missiles en territoire arménien

Le 10 octobre, et à l’issue d’une dizaine d’heures de négociations entre les ministres des Affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdajn, Moscou a obtenu la promesse d’un cessez-le-feu au Haut-Karabakh, territoire à population est majoritairement arménienne et auquel Bakou refuse l’indépendance.

Seulement, les combats entre les forces azerbaïdjanaises et les séparatistes soutenus par l’Arménie ont depuis continué… et même gagné en intensité. Et chaque camp s’en rejette mutuellement la responsabilité.

Ainsi, les séparatistes ont accusé l’Azerbaïdjan d’avoir lancé une triple offensive au nord, au nord-est et au sud du Haut-Karabakh, tandis que Bakou a fait état de tirs de « l’adversaire arménien » sur ses districts d’Agdam, de Goranboy et de Terter.

De son côté, la Turquie, qui a pris fait et cause pour l’Azerbaïdjan, a proposé des « pourparlers à quatre » pour trouver une issue au conflit, excluant ainsi le Groupe de Minsk qui, formé par la France, la Russie et les États-Unis, est le médiateur ‘historique » entre Erevan et Bakou sur le Haut-Karabakh.

Quoi qu’il en soit, l’échec de ce cessez-le-feu met la Russie dans l’embarras dans la mesure où elle cherche à éviter de prendre parti pour l’un ou l’autre des bélligérants, lesquels sont d’anciennes républiques soviétiques. Cela étant, Moscou a des accords militaires avec Erevan, notamment via l’Organisation du Traité de Sécurité Collective [OTSC], qui dispose d’une clause de défense collective engageant ses six membres, à savoir la Russie, le Kazakhstan, l’Arménie, le Kirghizistan et la Biélorussie. À noter, par ailleurs, que les deux derniers connaissent actuellement des troubles politiques majeurs…

Le 7 octobre, le président russe, Vladimir Poutine, avait prévenu que la Russie remplirait ses obligations dans le cas où le territoire arménien serait affecté par les combats du Haut-Karabakh.

« L’Arménie est membre de l’OTSC. Nous avons certaines obligations dans le cadre de ce traité. Mais les hostilités qui, à notre grand regret, se poursuivent à ce jour ne se déroulent pas sur le territoire arménien », avait d’abord rappelé le chef du Kremlin. « En ce qui concerne le respect par la Russie de ses obligations conventionnelles, nous les avons toujours rempli, les remplissons et les remplirons. […] Les dirigeants arméniens n’ont aucun doute sur la qualité du respect par la Russie de ses obligations en matière de défense », avait-il ensuite affirmé.

Et le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait également expliqué que la Russie était « obligée de défendre l’Arménie contre une agression étrangère », précisant que « ces obligations de l’OTSC ne s’étendaient pas au Haut-Karabakh. »

Or, ce 14 octobre, l’Azerbaïdjan a revendiqué deux frappes contre des sites de lancement de missile situés en territoire arménien, expliquant qu’ils étaient utilisés « pour viser des zones civiles dans le conflit au Nagorny-Karabakh ».

C’est la première fois, depuis le début des hostilités, le 27 septembre, que Bakou reconnaît avoir visé des cibles en Arménie. « Toutes les cibles militaires légitimes de l’ennemi qui menacent la population civile en Azerbaïdjan seront détruites », a assuré le ministère azerbaïdjanais de la Défense.

Pour rappel, les forces arméniennes sont dotées de missiles balistiques OTR-21 Tochka, Scud-B et 9K720 Iskander.

La porte-parole du ministère arménien de la Défense, Chouchian Stepanian, a confirmé les attaques azerbaïdjanaises, tout en démentant toute volonté de viser des cibles civiles en Azerbaïdjan.

« L’attaque a été effectuée sur la simple hypothèse que l’équipement en question allait frapper des zones civiles en territoire azerbaïdjanais. Il va sans dire que cette allégation est dénuée de tout fondement », a fait valoir Mme Stepanian, via Twitter. « Pas un seul missile, obus ou projectile n’a été tiré en direction de l’Azerbaïdjan », a-t-elle insisté. Et d’ajouter : « En réponse, l’armée arménienne « se réserve maintenant le droit de cibler toute installation militaire et tout mouvement de combat sur le territoire de l’Azerbaïdjan. »

Photo : Système OTR-21 Tochka © Jonj7490 – Travail personnel

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