La France maintient son offre visant à livrer 12 Rafale d’occasion à la Croatie

Dans leur rapport sur la Base industrielle et technologique de Défense [BITD] à l’heure de la crise sanitaire provoquée par la covid-19, les députés Benjamin Griveaux et Jean-Louis Thiériot ont indiqué que la France avait l’intention de proposer 12 avions Rafale d’occasion à la Croatie, laquelle entend remplacer les MiG-Bis/UM de ses forces aériennes.

Lors d’une audition au Sénat, ce 14 octobre, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général François Lecointre, a confirmé qu’une telle offre avait été remise à Zagreb en septembre dernier. Or, entre-temps, la Grèce a connaitre son intention de se procurer 18 Rafale, dont… 12 d’occasion.

On aurait pu penser que, puisqu’il était question de vendre éventuellement 12 Rafale de seconde main à la Croatie, que des plans dans ce sens avaient été établis. Or, le contrat grec montre que ce n’était pas le cas. « Je n’ai pas le détail, à ce stade, des escadrons où seront ponctionnés » ces avions, a dit le CEMA aux sénateurs, en évoquant le contrat grec [qui reste à signer].

« Il ne faut pas aussi négliger le fait que nous allons nous priver momentanément de moyens aériens qui sont engagés en opération et en permanence dans la posture de protection aérienne. Ils sont donc absolument indispensables », a encore souligné le général Lecointre, pour qui, malgré tout, la vente de Rafale à la Grèce est un « grand succès » qui sera « extrêmement intéressant » en matière d’interopérabilité.

Aussi, et comme l’a indiqué la ministre des Armées, Florence Parly, il faudra remplacer les 12 Rafale ainsi prélevé sur la flotte de l’armée de l’Air & de l’Espace afin de tenir les objectifs fixés par la Loi de programmation militaire [LPM]. D’où la commande, d’ici la fin de cette année, d’autant d’avions neufs auprès de Dassault Aviation.

Cependant, la question du financement va se poser… D’autant plus que le produit de la vente des avions d’occasion sera reversé au budget général de l’État et non à celui des armées. « C’est un nouveau combat qui s’ouvre pour moi puisque nous aurons à négocier avec Bercy [ministère de l’Économie, des Finances et de la Relance, ndlr] la rétrocession de ces produits de cession », a assuré Mme Parly devant les députés, le 6 octobre.

Lors de son audition au Sénat, le général Lecointre a évoqué des « décalages » sur le programme 146, c’est à dire sur l’enveloppe dédiée à l’Équipement des forces [mais la qualité de la retransmission de la vidéoconférence n’a pas permis de saisir ce qu’il entendait par là].

Quoi qu’il en soit, si la Croatie choisit d’acquérir 12 Rafale d’occasion, l’équation risque de se compliquer pour l’armée de l’Air & de l’Espace. Pour rappel, Zagreb a considère également l’achat de F-16 Viper et de JAS-39 Gripen C/D neufs.

« Tout ce que nous souhaitons, c’est évidemment des dates de livraison de ces avions qui permettent une soutenabilité de cet effort par l’armée de l’Air & de l’Espace », qui ne pourra pas mener de front celui qu’elle aura à consentir avec la Grèce, a expliqué le général Lecointre. « Donc, soit ces deux prospects sont enchaînés dans le temps, et à ce moment là, l’effort sera soutenable, soit nous serons dans l’impossibilité, au risque de lacunes importantes sur le plan opérationnel et sur le plan organique », a-t-il dit.

En outre, le CEMA a également estimé que Dassault Aviation devait envisager d’augmenter ses capacités industrielles et « accepter de prendre le risque d’ouvrir des chaînes [d’assemblage] supplémentaires […] parce que, de toute évidence, les armées françaises […] ne peuvent pas servir de système d’assurance systématique. Et c’est bien compris de cette façon par ledit industriel ».

Cela étant, le ministre croate de la Défense, Mario Banožić, a indiqué que le choix de l’avion qui sera retenu dans le cadre de l’appel d’offres lancé par Zagreb serait annoncé le 12 décembre prochain.

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