La Russie et l’Égypte vont organiser des manoeuvres navales conjointes inédites en mer Noire

Depuis que le président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, a été renversé à la faveur d’un coup d’État mené par les forces armées égyptiennes, les relations entre l’Égypte et la Turquie sont exécrables, les deux pays n’étant d’accord sur rien. Cet antagonisme a par ailleurs pris une ampleur nouvelle en Libye, où Le Caire et Ankara soutiennent chacun l’un des deux camps rivaux qui s’affrontent.

Aussi, l’annonce faite par Moscou risque d’être mal perçue par les autorités turques. En effet, la Russie et l’Égypte conduiront prochainement l’exercice naval « Pont de l’Amitié 2020 » en mer Noire, soit dans l’arrière-cour de la Turquie.

« Des groupes tactiques de navires de la Flotte de la mer Noire et de la marine égyptienne, avec le soutien de l’aviation, s’entraîneront à protéger conjointement ls routes maritimes de diverses menaces », a ainsi détaillé le ministère russe de la Défense. « Les exercices mettront notamment l’accent sur le réapprovisionnement en mer, les communications et les actions d’inspection contre les navires suspects », a-t-il poursuivi, avant de préciser que des tirs d’artillerie [et de missiles] seraient également au programme.

« Les objectifs de l’exercice sont de renforcer et de développer la coopération militaire entre la marine égyptienne et la marine russe, dans l’intérêt de la sécurité et de la stabilité en mer », a résumé le ministère russe.

Selon l’expert militaire égyptien Nabil Muharram, cité par Arab News, la participation de la marine égyptienne à cet exercice, qui plus organisé en mer Noire, est un message adressé à la Turquie. Membre
du Conseil égyptien des affaires étrangères, Ayman Salama a souligné que l’annonce de ces manoeuvres survient à un « moment important, au milieu des tensions en Méditerranée en raisons des actions d’Ankara visant à contrôler les ressources énergétiques. »

Et d’ajouter : « Le renforcement des relations stratégiques entre l’Égypte et la Russie est une source de préoccupation pour Ankara, dont les relations avec Moscou se sont détériorées en raison des interventions turques en Libye et du conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. »

Reste que les navires de la marine égyptienne auront à traverser les détroits turques [Dardanelles et Bosphore] pour se rendre en mer Noire. Pour rappel, leur accès relève de la Convention de Montreux, qui, signée en 1936, impose des règles strictes aux vaisseaux militaires, en fonction de leur nationalité et de leur tonnage.

Ainsi, tout navire doit annoncer son passage avec un préavis de 15 jours [pour les États non riverains] ou de 8 jours [États riverains]. En outre, le tonnage des navires de guerre en transit simultanément est limité à 15.000 tonnes. Et leur présence en mer Noire, s’ils n’appartiennent pas à un État riverain, ne doit pas excéder 21 jours.

Photo : FREMM égyptienne « Tahya Misr » – par MrAsakku – Travail personnel, CC BY-SA 4.0.

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