La Turquie annonce le retour d’un navire de recherche sismique dans les eaux revendiquées par la Grèce

Le 13 septembre, le navire de recherche sismique turc Oruç Reis mettait le cap vers son port d’attache, après une mission d’un mois effectuée sous bonne escorte militaire dans les eaux revendiquées par Athènes. Certains y virent l’amorce d’une « désescalade » entre la Turquie et la Grèce, ces deux pays étant alors à couteaux tirés. D’autant plus que le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait alors affirmé que ce retrait visait à donner une « chance à la diplomatie ».

Depuis, sous l’égide de l’Otan, Ankara et Athènes ont trouvé un accord sur un mécanisme censé éviter les incidents militaires entre leurs forces armées respectives. Et l’Union européenne [UE] a de nouveau agité la menace de sanctions à l’égard de la Turquie, lors d’un sommet ayant réuni les chefs d’État et de gouvernement de ses 27 membres.

« Si Ankara poursuit ses actions illégales, nous utiliserons tous les instruments à notre disposition », a ainsi prévenu Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. « L’usage continu d’un discours de sanctions n’est pas constructif » et « l’UE comprendre qu’elle ne peut rien obtenir de cette manière », a répondu le ministère turc des Affaires étrangères.

Puis, quelques jours plus tard, un autre navire de recherche sismique turc, le Yavuz, a également quitté les eaux de la République de Chypre pendant que le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, était attendu à Ankara. Ce qui a été perçu comme un nouveau signe d’apaisement, alors que la Turquie semblait s’intéresser davantage au conflit du Haut-Karabakh, via son soutien à l’Azerbaïdjan.

Mais cette « détente » n’aura été que d’une courte durée. En effet, le 11 octobre, une notice maritime [Navtex] a été émise par les autorités turques pour prévenir du déploiement prochain, pour au moins une dizaine de jours, de l’Oruç Reis dans un secteur qui, situé au sud de l’île grecque de Kastellorizo, est potentiellement riche en gaz naturel. Le navire de recherche sismique sera rejoint par deux autres bâtiments, à savoir le Cengiz Han et l’Ataman.

L’annonce de la nouvelle mission de l’Oruç Reis intervient seulement quelques jours après une brève rencontre du ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, avec son homologue turc, Mevlut Cavusoglu. Les deux responsables s’étaient mis d’accord, le 8 octobre, pour nouveau cycle de « pourparlers exploratoires » et de réunions « pour les mesures de confiance dans les prochains jours. »

« Quelques jours à peine après la réunion des ministres des Affaires étrangères de la Grèce et de la Turquie, au cours de laquelle la partie turque s’était engagée à proposer une date pour des contacts exploratoires, son manque de fiabilité est à nouveau démontré ainsi que le fait que la Turquie ne souhaite sincèrement pas le dialogue » et « ignore systématiquement le droit international, le droit maritime international et les règles de bon voisinage », a ainsi réagi la diplomatie grecque. Et, a-t-elle insisté, l’annonce du nouveau déploiement de l’Oruç Reis est une « escalade majeure et une menace directe pour la paix et la sécurité dans la région. »

En août, en réaction à la présence du navire Oruç Reis dans les eaux revendiquées par Athènes, Paris avait envoyé dans la région deux Rafale B de la 4e Escadre de chasse depuis la base aérienne de Saint-Dizier. En outre, le 12 août, ayant rappelé « la nécessaire solidarité de la France et de l’Union européenne envers tout État membre dont la souveraineté viendrait à être contestée », le président Macron avait décidé de « renforcer temporairement la présence militaire française en Méditerranée orientale […], en coopération avec les partenaires européens, dont la Grèce. » En sera-t-il de encore de même?

Photo : l’Oruç Reis, en août 2020

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