L’Égypte aurait signé la commande deux frégates multimissions auprès de l’Italie

L’affaire était loin d’être acquise. Et pourtant, elle vient de connaître son épilogue, si l’on en croit les révélations « exclusives » de l’hebdomadaire italien Expresso. Ainsi, l’Égypte aurait signé, en août, et pour 1,2 milliards d’euros, la commande de deux frégates multimissions [FREMM] auprès de l’Italie, malgré les réserves que cette acquisition a suscitées de l’autre côté des Alpes.

Au moins trois facteurs étaient susceptibles de faire capoter ce contrat. En effet, l’affaire « Giulo Regeni », du nom de cet étudiant italien enlevé, torturé et assassiné au Caire, en février 2016, reste une pomme de discorde entre les autorités transalpines et égyptiennes, les premières cherchant – vainement pour le moment – à faire la lumière sur les circonstances de la mort de cet universitaire. Par ailleurs, la Marina Militare n’était pas disposée à voir deux de ses nouveaux navires prendre la direction de l’Égypte, tant pour des raisons capacitaires que financières. Enfin, les intérêts stratégiques des deux pays ne coïncident pas toujours, comme par exemple en Libye.

Pour autant, le gouvernement italien est passé outre. En juin, il fut rapporté qu’il avait donné son accord à cette vente et qu’il ne restait plus qu’à signer les licences d’exportations.

« La vente des frégates est une opération commerciale qui n’a rien à voir avec la recherche de la vérité sur la mort de Giulio Regeni. Au contraire, c’est seulement en maintenant les canaux ouverts que nous pouvons penser obtenir quelque chose de l’Égypte », s’était défendu Guiseppe Conte, le président du Conseil italien.

« Sans vraies réponses sur Regeni, l’Italie ne vendra pas d’armes à l’Egypte », assura, quelques jours plus tard, une motion du Parti démocrate italien, membre de la coalition gouvernementale, avec le Mouvement Cinq Étoiles [M5S], qui était dans le même état d’esprit.

Finalement, avance l’Espresso, au milieu de la trêve estivale, c’est à dire quand les passions sont endormies, le dossier s’est débloqué, l’UAMA [Unità per le autorizzazioni dei materiali di armamento], l’agence italienne chargée des exportations d’équipements militaires, ayant accordé, le 10 août, la licence d’exportation à l’Égypte pour ces deux FREMM au consortium Orizzonti Systemi Navali, dont le constructeur naval Fincantieri est le principal actionnaire.

D’après l’hebdomadaire italien, la frégate « Spartaco Schergat », qui effectue sa campagne d’essais en mer, mettra le cap vers l’Égypte d’ici la fin de l’année. La FREMM « Emilio Bianchi », lancée en janvier, en fera de même en 2021.

Devant faire une croix sur les dépenses déjà effectuées pour armer la FREMM « Spartaco Schergat » et contrainte, donc, de se passer de ses 9e et 10e FREMM, la Marina Militare a exigé le maintien en service de trois frégates de type Maestrale, aux équipages plus fournis [225 au lieu de 145], et dont il ne reste plus que quatre exemplaires encore opérationnels. Et encore, l’une d’elles a été placée en « disponibilité réduite ».

Mais là encore, elle n’aurait pas encore eu gain de cause. Si le ministre italien de la Défense, Lorenzo Guerini, a promis qu’elle aura bien ses deux FREMM d’ici 2024, la Marina Militare n’est pas assurée de conserver les trois frégates de type Maestrale, comme elle le réclame, pour patienter.

Pour rappel, l’Égypte met déjà en oeuvre une FREMM, mais de conception française, en l’occurrence la « Tahya Misr », acquise dans les mêmes conditions que les deux frégates italiennes. Par ailleurs, il avait été dit que Le Caire envisageait poser une option pour deux autres FREMM italiennes. A priori, ce ne serait pas le cas. Du moins pas encore.

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