Le président Macron se dit préoccupé par les « messages guerriers » de la Turquie

Dans le conflit qui oppose l’Azerbaïdjan et l’Arménie au sujet du Nagorny-Karabakh, la Turquie se distingue par la rhétorique qu’elle emploie dans le soutien décomplexé qu’elle affiche à l’égard de Bakou. Ce qui tranche avec les appels au cessez-le-feu lancés avec insistance par les autres puissances depuis le 27 septembre, date à laquelle d’intenses combats ont éclaté entre les forces azerbaïdjanaises, arméniennes et celles du Haut-Karabakh.

Qui plus est, des soupçons sur un implication directe de la Turquie dans le conflit ont émergé. Ainsi, il a été avancé qu’Ankara aurait envoyé en Azerbaïdjan des mercenaires recrutés parmi les groupes rebelles syriens pro-turcs. Et, le 29 septembre, Erevan a affirmé que l’un de ses avions d’attaque Su-25 Frogfoot avait été abattu par un F-16 turc. Sur ce point, si le ministère arménien de la Défense a publié des photographies de l’épave de l’appareil, il n’a produit aucune preuve à l’appui de ses accusations.

Quoi qu’il en soit, le même jour, exprimant ses préoccupation au sujet « d’actions militaires à grande échelle », le Conseil de sécurité des Nations unies a réclamé un « arrêt immédiat » des combats et appelé à « reprendre sans tarder des négociations constructives » concernant le Nagorny-Karabakh.

Cependant, cet appel est resté lettre morte, Bakou et Erevan ayant refusé de renouer le dialogue. Ainsi, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a affirmé que son objectif reste le « retrait total, inconditionnel et sans délai des forces armées de l’Arménie » du Haut-Karabakh [peuplé majoritairement d’Arméniens, ndlr]. Et d’insister : « Si le gouvernement de l’Arménie accepte cette condition, les combats s’arrêteront, le sang arrêtera de couler. »

Déjà accusée par la Russie de chercher à mettre de l’huile sur le feu, la Turquie a de nouveau déclaré qu’elle « fera le nécessaire » si Bakou lui demande une aide militaire.

Pour rappel, l’Arménie abrite une base militaire russe et fait partie de l’Organisation du Traité de sécurité collective [OTSC], instituée par un traité dont l’article 4 instaure une clause de défense collective aux signataires. D’où le risque d’une régionalisation du conflit.

La France est concernée par cette affaire étant donné qu’elle fait partie, avec les États-Unis et la Russie, du groupe de Minsk, dont la médiation avait permis, en 1994, de mettre un terme à la guerre entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie au sujet du Haut-Karabakh. D’où les propos tenus ce 30 septembre par le président Macron. Propos qui, après ceux qu’il a eus au sujet de la Métiterranée orientale, de la Libye ou encore du sort fait aux Kurdes syriens, ne plairont certainement pas à Ankara.

« J’ai noté les déclarations politiques de la Turquie qui, je pense, sont inconsidérées et dangereuses », a en effet déclaré M. Macron, lors d’une conférence de presse donnée à Riga [Lettonie]. « La France demeure extrêmement préoccupée des messages guerriers que la Turquie a eus ces dernières heures, au fond décomplexant l’Azerbaïdjan dans ce qui serait une reconquête du Nord Karabakh et cela nous ne l’accepterons pas », a-t-il insisté.

Cela étant, M. Macron a estimé que, pour le moment, il n’était pas opportun de parler d’une « régionalisation du conflit. » Il faut « établir des éléments de faits… pour comprendre exactement ce qui s’est passé et où sont les responsabilités », a-t-il dit, avant de préciser qu’il aurait des entretiens avec ses homologues américain et russe dans la soirée. En tout cas, le président français a tenu à rassurer Erevan. « Je dis à l’Arménie et aux Arméniens, la France sera dans son rôle », a-t-il assuré.

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