Berlin annule la procédure visant à acquérir de nouveaux hélicoptères de transport lourd

Une décision était intialement attendue en 2020. Et le ministère allemand de la Défense a tenu sa promesse. Seulement, celle qu’il vient de rendre est une surprise.

En effet, en décembre 2017, et afin de remplacer les hélicoptères de transport lourd CH-53G Stallion de la Bundeswehr d’ici 2030, Berlin avait lancé une procédure pour se procurer 45 à 60 nouveaux appareils, dans le cadre du programme « Schwerer Transporthubschrauber » [STH]

Deux industriels étaient en lice, dont Sikorsky, avec le CH-53K King Stallion, et Boeing, avec le CH47F Chinook. En outre, il était prévu que la maintenance de ces aéronefs fût assurée en Allemagne. D’où les accords noués avec des entreprises locales par les deux groupes américains, Sikorsky ayant, par exemple, établi un partenariat avec Rheinmetall et MTU Aero Engines [Boeing a fait la même chose avec  CAE Elektronik et Diehl Defence, entre autres, ndlr].

Finalement, via un communiqué publié le 29 septembre, le ministère allemand de la Défense a annoncé qu’aucun des deux prétendants ne serait retenu pour la bonne raison qu’il a décidé de mettre un terme à cette procédure d’achat.

« Dans le cadre du processus d’attribution en cours, il a été estimé que que le projet aurait peu de chances de se concrétiser dans les limites de l’enveloppe budgétaire prévue tout en répondant aux exigences exprimées. L’Office fédéral des équipements, des technologies de l’information et du soutien en service de la Bundeswehr [Bundesamt für Ausrüstung, Informationstechnik und Nutzung der Bundeswehr, BAAINBw] a jugé les offres comme peu rentables [« unwirtschaftlich »] et a, pour cette raison, annulé la procédure », a en effet annoncé le ministère allemand de la Défense.

En clair, les offres reçues ne correspondaient pas aux besoins exprimés par la Bundewehr en plus d’être beaucoup trop onéreuses. Selon la presse d’outre-Rhin, les coûts d’acquisition et de maintenance avaient été estimés à 5,6 milliards d’euros d’ici 2031 pour « 45 à 60 hélicoptères ».

Or, certaines sources parlent d’une facture ayant gonflé dans des proportions « déraisonnables », en raison, justement, d’exigences qui ont « surpris » les soumissionnaires, comme l’avait rapporté Defense News en janvier dernier. Responsable commercial chez Sikorsky, Frank Crisafulli, avait évoqué des « complications supplémentaires », comme l’objectif de rendre les hélicoptères conformes aux normes européennes en matière d’aviation civile ou encore l’intégration d’équipement spécifiques.

Cela étant, il n’en reste pas moins que la Bundeswehr doit diposer de nouveaux hélicoptères de transport lourd d’ici 2030. « La réalisation du projet STH est prioritaire […] car la capacité de transport aérien est d’une importance capitale pour la mobilité et la réactivité des forces armées ainsi que pour les services d’assistance et de soutien », a souligné le ministère allemand de la Défense. « Le projet sera donc poursuivi avec des spécifications modifiées », a-t-il assuré.

Reste donc maintenant à voir comment Berlin va s’y prendre. « Dans les milieux industriels, il y a des spéculations sur la question de savoir si la commande pourrait désormais être attribuée directement à l’un des deux industriels américains, avec une plus grande implication d’entreprises allemandes ou européennes », résume le quotidien Die Welt.

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