L’Union européenne met en garde la Turquie contre toute « intimidation » à l’égard de la Grèce et de Chypre

Hormis la France et l’Italie, qui ont participé aux manoeuvres militaires Eunomia pour « renforcer la sécurité et la stabilité » en Méditerranée orientale et y « garantir la liberté de navigation », ainsi que l’Allemagne, qui a tenté une médiation entre Ankara et Athènes, les pays membres de l’Union européenne [UE] ont donné le sentiment d’être plutôt indifférents face aux tensions suscitées par l’envoi de navires turcs de recherche sismique dans des zones maritimes revendiquées par la Grèce et la République de Chypre afin d’y prospecter des gisements d’hydrocarbures.

Cela étant, l’Union européenne discute de sanctions qu’elle pourrait prendre à l’égard de la Turquie. Pour cela, le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borell, a préparé des « mesures adéquates afin de répondre aux défis posés » par Ankara. Validées, fin août, lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE, ces dernières seront évoquées lors d’un sommet européen extraordinaire, prévu les 24 et 25 septembre prochain à Bruxelles.

« Nos relations avec la Turquie sont à la croisée des chemins et le moment est venu pour nos dirigeants de prendre des décisions difficiles », a ainsi prévenu M. Borrell, le 15 septembre, lors d’un débat au Parlement européen. Mais, pour le moment, « il n’y a pas encore un accord pour des sanctions », a-t-il dit… alors que l’unanimité des 27 États membres est requise pour sanctionner un pays tiers.

Ce 16 septembre, lors de son premier discours sur l’état de l’Union, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a donné le ton. « La Turquie est un voisin important et le sera toujours. Mais si nous sommes géographiquement proches, la distance entre nous semble ne cesser de croître », a-t-elle commencé par déplorer.

« Oui, la Turquie se situe dans une région qui connaît des troubles. Et oui, elle reçoit des millions de réfugiés, pour l’accueil desquels nous versons une aide financière considérable. Mais rien de tout cela ne justifie les tentatives d’intimidation de ses voisins », a continué Mme von der Leyen.

« Nos États membres, Chypre et la Grèce, pourront toujours compter sur une solidarité totale de l’Europe pour protéger leurs droits légitimes en matière de souveraineté », a assuré la présidente de la Commission, pour qui la « désescalade en Méditerranée orientale est dans notre intérêt mutuel ».

« Il n’y a qu’une voie à suivre : se garder d’agir unilatéralement et reprendre les pourparlers en toute bonne foi, car c’est la voie qui mène vers la stabilité et les solutions durables », en encore fait valoir Mme von der Leyen.

Cependant, la Turquie n’est pas dans cette logique, même si le retrait de son navire de recherche Oruç Reis d’une zone revendiquée par la Grèce, a été perçu par la présidente de la commission [ainsi que par Josep Borrell] comme étant une « étape allant dans la bonne direction » qui est « nécessaire pour créer l’espace indispensable au dialogue ».

Le 14 septembre, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, a réaffirmé que la Turquie était prête à un « dialogue sans conditions préalables » [posées par la Grèce, ndlr] et que le navire Oruç Reis reprendrait prochainement ses opérations. Évoquant les sanctions que pourrait prendre l’UE, il a estimé qu’elles viseraient probablement « notre navire, notre compagnie ou des individus ». Et d’ajouter : « Ils ont pris des décisions similaires par le passé. Est-ce que nous avons perdu notre détermination? Non, notre détermination a augmenté. »

« Une série de revendications maximalistes ne peut pas être imposée à la Turquie par l’intermédiaire de l’UE qui n’a aucune compétence en matière de délimitation des frontières maritimes », a par ailleurs estimé M. Cavusoglu dans une tribune publiée, le lendemain, par le journal grec Kathimerini.

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