Coalition anti-EI : Les États-Unis vont réduire significativement leur présence militaire en Irak

Venant de prendre le commandement de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [opération Inherent Resolve], le général américain Paul Calvert aura moins de troupes à sa diposition que son prédécesseur, le général Pat White. En effet, le 9 septembre, les États-Unis ont indiqué leur intention de réduire significativement [-40%] leur présence militaire en Irak, leurs effectifs devant passer de 5.200 à 3.000 soldats.

« Reconnaissant les grands progrès accomplis par les forces irakiennes et en consultation et en coordination avec le gouvernement irakien et nos partenaires de la coalition, les États-Unis ont décidé de réduire leur présence militaire en Irak d’environ 5.200 à 3.000 militaires durant le mois de septembre », a en effet annoncé le général Kenneth McKenzie, le chef de l’US Central Command [CENTCOM], le commandement américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale.

Cette décision n’est pas une surprise. En juillet, le général Kenneth Ekman, commandant adjoint d’Inherent Resolve, avait expliqué que le groupe État islamique [EI ou Daesh] n’était « plus l’ombre de ce qu’il avait été », assurant que l’organisation jihadiste n’avait plus la capacité de « contrôler des territoires. » Et d’ajouter : « Quand on arrive au point où on n’a plus qu’une petite insurrection qui se cache dans des zones rurales, dans des caves et des montagnes, on a globalement réussi ».

Aussi, écartant le risque d’une « résurgence » de l’EI, le général Ekman avait évoqué une réduction de la présence militaire américaine en Irak, soulignant que les forces irakiennes étaient « plus forte » que le groupe jihadiste.

Pour autant, dans son dernier rapport [publié en juillet], le groupe d’experts des Nations unies mis en place pour assurer le suivi des sanctions prises contre Daesh et al-Qaïda a fait un constat plus nuancé, parlant d’une « guerre d’usure » menée par les jihadistes en Irak, où ils ont établi des « sanctuaires dans la chaîne de montagnes Hamrin ».

Quoi qu’il en soit, le général McKenzie, il est nécessaire de poursuire la coopération « contre l’EI avec nos partenaires en Irak et en Syrie ». Ce que permettra cette présence miliaire réduite, laquelle consistera essentiellement à « conseiller » et « assister » les forces irakiennes ainsi que les Forces démocratiques syriennes [FDS].

Alors que les troupes américaines sont régulièrement visées par les milices chiites irakiennes soutenues par l’Iran, cette « décision est une démonstration claire de notre engagement continu envers l’objectif ultime, qui est une force de sécurité irakienne capable d’empêcher une résurgence de l’État islamique et de garantir la souveraineté de l’Irak sans aide extérieure », a continué le chef de l’US CENTCOM. « Le trajet a été difficile, le sacrifice a été immense, mais les progrès ont été significatifs » même s’il y a « encore beaucoup de travail à accomplir », a-t-il conclu.

Cependant, la capacité des forces irakiennes à opérer de façon indépendante est à relativiser, notamment dans le domaine aérien, la disponibilité F-16 acquis par Bagdad au début des années 2010 étant faible à cause de problèmes au niveau de leur maintenance. Cela étant, les chasseurs-bombardiers de la coalition n’étant pas basés en Irak, ils ne sont a priori pas concernés par le retrait annoncé par le général McKenzie.

À noter que, en février dernier, et à la demande de Bagdad, l’Otan a accepté de renforcer sa mission de formation au profit des forces irakiennes. Mission qui est suspendue pour le moment, en raison notamment de la pandémie de covid-19.

Outre l’Irak, Washington a également l’intention de réduire fortement sa présence militaire en Afghanistan, comme le prévoit, d’ailleurs, l’accord signé avec le mouvement taleb afghan en février dernier.

Le 8 septembre, en Caroline du Nord, le président Trump a une nouvelle fois répété que les États-Unis devaient en finir avec les « guerres sans fin ». « Nous ramenons nos troupes à la maison, depuis tous ces endroits lointains. […] Nous avons dépensé des milliards de dollars et qu’est-ce que nous en avons retiré? », a-t-il demandé.

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