Libye : Une vidéo montre un mercenaire russophone qui se serait éjecté de son avion de combat

En janvier, les pays soutenant les factions rivales en Libye, dont le gouvernement d’union nationale [GNA] établi à Tripoli et celui de Tobrouk, prirent l’engagement de « refréner toute activité exacerbant le conflit [libyen], y compris le financement de capacités armées et le recrutement de mercenaires. »

Plus de six mois plus tard, et après une nouvelle résolution des Nations unies [n°2526] prolongeant l’embargo sur les armes appliqué à la Libye, aucune des promesses faites à Berlin n’a été tenue.

Ainsi, entre le 8 juillet et le 4 septembre, « 70 vols de ravitaillement ont atterri dans les aéroports de l’est de la Libye dominé » par l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Haftar, soutien du gouvernement de Tobrouk et une « trentaine d’appareils ont été envoyés dans des aéroports de l’ouest » en appui au GNA, a affirmé Stephanie William, l’émissaire par intérim de l’ONU en Libye.

Durant la même période, et malgré l’opération navale européenne Irini, chargée justement de faire appliquer cet embargo, « neuf cargos se sont amarrés dans des ports de l’ouest en soutien au GNA pendant que trois navires sont venus apporter de l’aide à l’ANL », a poursuivi Mme William. « La Mission continue de recevoir des rapports de présence à grande échelle de mercenaires et agents étrangers », a-t-elle précisé

Pour rappel, la Turquie soutient militairement les forces loyales au GNA [avec lequel elle a signé un accord sur ses frontière maritimes lui permettant d’appuyer ses renvendications en Méditerranée orientale], via l’envoi d’armes et de mercenaires recrutés parmi les groupes armés syriens qui lui sont favorables. Cet appui a été derminant pour mettre en échec l’offensive lancée par l’ANL en direction de Tripoli.

Désormais, le « front » s’est stabilisé dans la région de Syrte, localité stratégique puisqu’elle verrouille l’accès au croissant pétrolier libyen. De son côté, les troupes du maréchal Haftar bénéficient d’une aide conséquente fournie par les Émirats arabes unis et, indirectement, par la Russie, via la présence de mercenaires de la société militaire privée [SMP] Wagner et l’envoi d’équipements militaires.

À noter que l’Égypte a fait savoir qu’elle s’impliquerait directement dans le conflit si jamais le GNA lance une offensive vers Syrte, la présence éventuelle d’éléments turcs [et de membres des Frères musulmans] près de ses frontières étant une « ligne rouge ».

Quoi qu’il en soit, fin mai, et photographies à l’appui, l’US Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique, a accusé la Russie d’avoir acheminé au moins huit avions combat dont six MiG-29 « Fulcrum » et deux Su-24 « Fencer ». La Russie a ensuite nié ces allégations.

Seulement, si les forces aériennes libyennes disposèrent, par le passé, de Su-24, jamais elles ne furent dotées de MiG-29. Aussi, de tels appareils ne peuvent qu’être pilotés par des mercenaires. Ce que semble confirmer une vidéo diffusée ce 8 septembre sur les réseaux sociaux. Du moins si l’on se fie à la présentation qui en est faite.

Ainsi, les images montrent un pilote russophone qui se serait éjecté de son avion de combat [donné comme étant un MiG-29, ce qui n’est pas possible de confirmer pour le moment] dans les environs de Syrte. On voit effectivement son parachute déployé sur le sol ainsi que son casque et une balise radio. L’homme s’exprime en russe [ce qui ne veut pas dire qu’il soit originaire de Russie]. À la fin de la vidéo, un hélicoptère Mi-24 Hind aux couleurs de l’ANL survole la zone où est tombé l’avion.

Selon les explications qu’il a données, le pilote, dont le visage apparaît flouté, se serait éjecté à 45 km de sa base [al-Joufrah?], son avion s’étant écrasé plusieurs centaines de mètres plus loin. Pour quelle raison? Sur Twitter, les russophones disent qu’il a été abattu. D’autres ont compris que son appareil avait eu une défaillance technique.

Pour le moment, les forces pro-GNA n’ont rien dit au sujet de cette éjection, dont on ignore pourquoi la vidéo qui en a été faite a été partagée sur les réseaux sociaux… En revanche, elles ont affirmé, photographies à l’appui, avoir mis la main sur un hélicoptère Mil Mi-17 de l’ANL ayant fait un atterrissage d’urgence et qu’elles ont récupéré dans la région de Syrte. Le statut de l’équipage n’a pas été précisé.

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