Le nombre de frégates de la Royal Navy pourrait être drastiquement réduit pour des raisons budgétaires

Les informations sur l’avenir des forces britanniques sont à prendre avec des pincettes actuellement, dans la mesure où une revue stratégique est en cours afin de redéfinir les priorités stratégiques et militaires du Royaume-Uni, de même qu’un examen des dépenses publiques.

Aussi, dans certains cas, il est probable le gouvernement britannique envoie des coups de sonde pour voir jusqu’où il peut aller. Mais dans d’autres, même si, officiellement, il assure qu’aucune décision n’a été définitivement prise, des signes suggèrent le contraire, comme pour la décision visant à retirer prématurément les chars Challenger 2 et les blindés Warriors du service, le coût de leur modernisation étan jugé prohibitif.

Si la British Army risque de subir une nouvelle cure d’austérité pour financer d’autres capacités [comme le cyber par exemple], la Royal Navy va dans doute connaître quelques déconvenues.

Après la mise en service progressive de ses nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] de type Astute, le lancement du programme visant à renouveler ses sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] et la montée en puissance de ses deux nouveaux porte-avions de la classe Queen Elizabeth, la marine britannique pourrait voir le nombre de ses navires de surface de premier rang être réduit significativement à l’avenir.

En effet, selon le Daily Telegraph, qui s’appuie sur des sources industrielles, il serait question de porter à seulement 8 [au lieu de 13] le nombre de ses frégates. Au total, et si l’on tient compte des six destroyers [ou contre-torpilleurs] de type 45, au développement tumultueux, la Royal Navy ne disposerait plus que de 14 navires premier rang.

Actuellement, la marine britannique dipose de 13 frégates de type 23 [classe Duke], qui doivent être remplacées par autant de nouvelles frégates de type 26. Or, d’après le Telegraph, ces dernières seraient trop coûteuses, ce qui fait que la Royal Navy pourrait se contenter des trois exemplaires qui ont été commandés à ce jour [les HMS Glascow, Cardiff et Belfast]. Et le plan consistant à acquérir cinq frégates de type 31, censées être plus économiques, serait cependant « retardé ».

Or, l’épine dorsale d’une marine repose sur ses sous-marins et ses frégates de premier rang… Surtout pour un pays comme la Grande-Bretagne [qui est de surcroît une île], dont la dissuasion nucléaire repose exclusivement sur une composante océanique et qui a des possessions aux quatre coins de la planète [comme les Falklands/Malouines, par exemple].

Qui plus est, diminuer le nombre de frégates de première ligne revient à réduire les capacités de lutte anti-sous-marine. Ce qui, dans le contexte actuel, marqué par une forte recrudescence de l’activité des sous-marins russes, est crucial pour un pays qui entend jouer un rôle moteur au sein de l’Otan. En outre, si cette orientation se confirme, la Royal Navy sera bien en peine de trouver des navires pour escorter ses porte-avions…

« C’est tout simplement stupéfiant », ont réagi les sources citées par le Daily Telegraph. « Dans ces conditions, on pourrait aussi commencer à prétendre que l’on peut défendre la Grande-Bretagne avec des pirogues », ont-elles ironisé.

Pour Lord West, ancien chef d’état-major de la Royal Navy, tout porte à croire que l’examen actuellement en cours « est motivé par l’impératif de trouver des économies plutôt que de contrer les menaces », alors que « la première responsabilité d’un gouvernement doit être la défense et la sécurité de notre pays et nos concitoyens. » Et d’ajouter : C’est une « honte nationale pour une grande nation maritime que d’avoir un nombre pitoyable de frégates ».

Le quotidien conservateur épingle en effet Dominic Cummings, le conseiller « spécial » du gouvernement britannique, qui joue un rôle central dans les revues en cours. « Je ne pense pas qu’il [M. Cummings] comprenne les faits. […] Il ne comprend pas ce que signifient de telles décisions et comment elles sont interprétées par nos adversaires et nos ennemis », a commenté une source du journal.

Président du comité spécial de la Défense à la Chambre des communes, le conservateur Tobias Ellwood ne décolère pas. « Restera-t-il une capacité de l’armée qui ne sera pas coupée en tranches de salami?, a-t-il demandé. « Tout cela ressemble plus à un jeu de massacre qu’à une revue stratégique de défense. Ils sont moins intéressés par notre posture de défense que par une révolution à Whitehall [rue de la cité de Westminster, ndlr]. C’est dangereux et nous jouons avec le feu », a-t-il conclu.

Quoi qu’il en soit, le ministère britannique de la Défense [MoD] n’a pas explicitement démenti les informations du Daily Telegraph, si ce n’est qu’il a « déconseillé » de « faire des hypothèses basées sur des informations partielles ». Toutefois, a-t-il ajouté, le « principe directeur de l’examen en cours est de se demander quelle est la menace et si nous avons la capacité d’y faire face ».

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