L’armée turque renforce la protection de ses chars Leopard 2A4

Durant l’opération « Bouclier de l’Euphrate », qu’elle avait lancée en août 2016, l’armée turque eut la désagréable surprise de constater que ses chars Leopard 2A4, acquis d’occasion auprès de l’Allemagne, étaient particulièrement vulnérables en milieu urbain. Ainsi, durant la bataille d’al-Bab, livrée contre l’État islamique [EI ou Daesh], au moins 10 exemplaires furent détruits par des missiles et des roquettes RPG.

La raison était que, au moment de sa conception, les ingénieurs allemands avaient cherché le meilleur compromis possible entre la protection, la manoeuvrabilité et la puissance de feu. L’accent fut mis sur la protection avant du Leopard 2 [il était alors question de résister à un choc frontal]. Ce qui fit des flancs et de la partie arrière de la tourelle les points faibles de ce char. Et les jihadistes de l’EI s’en rendirent compte assez rapidement [comme, du reste, les combattants des milices kurdes syriennes].

En clair, la version du Leopard 2 utilisée par les forces turques n’était pas adapté au combat urbain, contrairement aux modèles ultérieurs. En effet, les chars déployés à al-Bab n’étaient pas dotés de protection active et de blindage réactif, ce qui aurait réduit l’impact des munitions tirés sur eux.

En janvier 2018, la Turquie se tourna vers l’Allemagne afin de pouvoir moderniser ses chars Leopard 2A4 et, ainsi, corriger leurs vulnérabilités. Seulement, Ankara venant de lancer l’opération « Rameau d’olivier » contre les milices kurdes syriennes à Afrin, Berlin ne donna pas de suite à cette demande. D’autant plus que les relations diplomatiques entre les deux capitales étaient alors déjà tendues.

« Il est totalement exclu que l’Allemagne continue à augmenter la puissance de combat des chars Leopard de la Turquie si le gouvernement turc s’en prend aux Kurdes » en Syrie, s’était emporté Norbert Röttgen, un proche de la chancelière Merkel et président de la commission des Affaires étrangères au Bundestag. La livraison d’armes à la Turquie devrait être « interdite en raison de la situation des droits de l’homme et du démantèlement de l’état de droit dans ce pays », avait-il insisté.

Aussi, le ministère turc de la Défense s’est-il tourné vers l’industrie locale. Et le groupe Roketsan s’est vu confier la tâche de moderniser ces Leopard 2A4. Pour cela, il mis au point un blindage réactif afin d’éliminer leurs vulnérabilités.

« Le blindage combine une protection réactive et passive », explique le quotidien Daily Sabah [proche du pouvoir]. Mais cela s’est traduit par une important alourdissement du char, sa masse étant passée de 55 à 62 tonnes [soit autant que la version A6M du Leopard 2]. Pour autant, assure le journal, « le franchissement d’obstacles et les tests de mobilité sur le terrain ont été réussis. » Et d’ajouter : « Il a été prouvé que malgré l’augmentation de la masse, il n’y avait aucune perte de puissance opérationnelle ».

Ce qui reste à démontrer… à moins que des modifications aient été apportées au moteur et au système de freinage…

Quoi qu’il en soit, les premiers des 40 Leopard A2 ainsi modernisés seront livrés à l’armée turque à partir d’octobre. A priori, d’autres devraient suivre par la suite.

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