Face à face tendu entre des F-16 grecs et turcs en Méditerranée orientale

Le 10 août, la Turquie a envoyé, sous escorte militaire, son navire de recherche sismique Oruç Reis prospecter des gisements d’hydrocarbures dans un secteur situé entre la Crète et Chypre, soit dans une zone maritime revendiquée par Athènes et Nicosie. Depuis, les tensions vont crescendo. Et le dernier incident en date remonte au 27 août, alors que se tenait l’exercice Eunomia, lancé deux jours plus tôt à l’initiative de la Grèce, de la France, de l’Italie et de la République de Chypre.

En effet, le 28 août, Ankara a indiqué, images à l’appui, que sa force aérienne avait intercepté, la veille, six F-16 grecs qui venaient de décoller de Crète pour se diriger vers le sud de Chypre.

Le ministère turc de la Défense a expliqué que les chasseurs-bombardiers grecs s’étaient approchés de la région pour laquelle un Navtex [notice maritime], avait été émis par la Turquie pour prévenir toute activité susceptible de perturber celles de son navire de recherche.

La version donnée par le ministère grec de la Défense est différente. Ainsi, il a indiqué que, dans le cadre de l’exerice Eunomia, organisé à l’initiative de la Grèce, de la France, de la République de Chypre et de l’Italie, ses avions de combat venaient de décoller de Chypre pour regagner la base aérienne de La Sude, en Crète, quand ils ont rencontré des F-16 turcs en cours de route.

Quoi qu’il en soit, cette rencontre entre les avions de combat grecs et turcs a donné lieu à un « simulacre » de combat aérien rapproché [dog fight].

Les images diffusées par Ankara sur les réseaux sociaux montrent que les F-16 turcs ont visiblement eu le dessus sur leurs homogues grecs. D’ailleurs leur attitude semble avoir été particulièrement agressive, sans pour autant franchir la ligne rouge, les pilotes grecs n’ayant pas cherché la confrontation, même s’il semble qu’ils ont été « verrouillés » par les radars de conduite de tir de leurs adversaires.

« Nos F-16 les ont empêchés de s’approcher de la zone et les ont forcés à se retirer », a ensuite prétendu le ministère turc de la Défense. « Nos forces navales et aériennes poursuivent leurs travaux avec une détermination absolue pour protéger les droits et intérêts de la Turquie en Méditerranée orientale », a-t-il conclu.

À Athènes, on explique que des « avions turcs ont tenté » de bloquer six F-16 grecs qui rentraient en Crète, ce qui a « entraîné des combats aériens simulés ». Et d’ajouter : « Des chasseurs grecs sont venus en renfort et ont procédé à l’interception immédiate des avions turcs ».

Alors que l’Allemagne, qui tente d’apaiser les tensions entre la Grèce et la Turquie, a estimé que les manoeuvres militaires en Méditerranée orientale devaient cesser pour permettre le dialogue [certains y verront une critiques contre la position de la France et de l’Italie dans cette affaire], Ankara a annoncé qu’elle effectuerait des « exercices de tir » dans une zone située entre la ville d’Anamur [sud de la Turquie] et le nord, au nord-ouest de l’île de Chypre. Et cela, entre le 29 août et le 11 septembre.

Lors d’une rencontre avec l’Association de la presse présidentielle, le 28 août, le président Macron a justifié la position de la France en Méditerranée orientale.

« Quand on parle de souveraineté de la Méditerranée, je suis obligé d’être cohérent, en actes, avec les mots. Et je peux vous dire que les Turcs ne considèrent et ne respectent que cela », a-t-il expliqué. « L’Allemagne et d’autres partenaires sont en train de nous rejoindre pour voir que l’agenda turc pose problème », a-t-il continué. « De temps en temps il est utile d’avoir la France qui dit les choses que les autres n’osent pas dire », a-t-il conclu.

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