Le général Lecointre espère une reprise rapide des activités de l’EUTM Mali, suspendues après le coup d’État

En raison du coup d’État qui a permis à une junte de s’emparer du pouvoir à Bamako, les États-Unis ont fait savoir qu’ils suspendraient l’aide militaire qu’ils fournissaient jusqu’alors au Mali, en vertu d’une loi fédérale [la section 7008, ndlr] qui leur interdit théoriquement d’apporter toute assistance à un gouvernement non élu démocratiquement.

Et l’Union européenne s’est engagée dans la même voie, en annonçant, le 26 août, la suspension de sa mission militaire visant à former les forces armées maliennes [EUTM Mali], dont l’efficacité a pu être critiquée par le passé.

Forte de 600 instructeurs issus d’une vingtaines de pays européens et actuellement commandée par le général tchèque František Ridzák, cette mission avait vu le jour en février 2013, d’ailleurs non sans difficultés, sous les ordres du général François Lecointre, devenu, depuis, chef d’état-major des armées [CEMA].

Ce 27 août, en marge d’un déplacement en Estonie, ce dernier a dit avoir « pris acte » de la suspension de l’aide militaire américaine au Mali et des activités de l’EUTM Mali, en espérant qu’elles pourront être prochainement relancées. En effet, a-t-il dit à l’AFP, il « faut être capable de distinguer une réalité politique que la France a condamnée et une réalité militaire à laquelle nous sommes toujours confrontés, qui est une réalité de combat et de guerre. »

En outre, a encore estimé le général Lecointre, le Comité national pour le salut du peuple » [CNSP] composé de cinq officiers supérieurs des Forces armées maliennes [FAMa] et dirigé par le colonel Assimi Goita, doit garder le « même engagement face aux groupes jihadistes afin d’éviter que tous les efforts accomplis ces derniers mois ne soient perdus »

« Notre souhait, c’est de maintenir l’engagement de l’armée malienne dans la lutte contre les groupes armés terroristes », aux côtés de Bakhane, a expliqué le CEMA. « Nous avons un certain nombre d’exigences » pour la zone des trois frontières [située entre Mali, Niger et Burkina Faso]. Nous allons voir si les armées maliennes sont en mesure de garder le tempo […] . Nous leur avons indiqué que ça nous paraissait essentiel, sauf à voir perdus tous les efforts réalisés depuis le sommet de Pau [du 13 janvier 2020] », a-t-il ensuite développé.

Pour le moment, a poursuivi le général Lecointre, les « chefs de corps sont toujours là, les commandants de zone sont toujours là, ce ne sont pas des gens qui ont participé au coup d’Etat, et donc nous continuons à coopérer avec eux. » Enfin, a-t-il précisé, « nous avons pris contact avec la junte pour leur indiquer qu’il nous paraissait essentiel de ne pas relâcher la pression sur les groupes terroristes. On va voir comment ça va se passer dans les jours qui viennent. »

Quoi qu’il en soit, la suspension des activités de l’EUTM Mali ne change rien aux plans de la République tchèque, ses 140 militaires qui y étaient jusqu’alors affectés devant rester au Mali. L’annonce en a été faite le 26 août par le ministre tchèque de la Défense, Lubomír Metnar. De même que l’engagement des forces tchèques au groupement européen de forces spéciales « Takuba », mis sur pied à l’initiative de la France pour accompagner les forces maliennes au combat. Pour rappel, Prague entend mobiliser une soixantaine de commandos pour cette mission.

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