La Chine dénonce l’intrusion d’avions espions américains U-2 et RC-135S dans ses exercices militaires

En juillet, l’Armée populaire de libération [APL] a effectué une série d’execices en mer de Chine méridionale, que Pékin revendique dans sa quasi-totalité, en réponse à la présence dans cette région de deux groupes aéronavals de l’US Navy formés autour des porte-avions USS Nimitz et USS Ronald Reagan. Puis, en août, de nouvelles manoeuvres ont été conduites dans le détroit de Taïwan, alors que le secrétaire américain à la Santé, Alex Azar, était en visite officielle à Taipeh, remettant ainsi en cause le principe de « Chine unique ».

Et ce n’est pas fini. La semaine passée, l’APL a diffusé pas moins de quatre avis pour faire connaître son intention de mener, quasi-simultanément, quatre exercices navals impliquant des tirs réels dans les jours à venir. Et cela, en mer de Chine méridionale, en mer de Chine orientale, dans le détroit de Bohai et en mer Jaune.

Et c’est justement dans cette dernière, précisément au large de Lianyungang, qu’un avion espion américain U-2 « Dragon Lady » se serait invité aux manoeuvres navales qui y étaient conduites, le 25 août. C’est, en effet, ce qu’a affirmé le ministère chinois de la Défense, qui y a vu une « action provocatrice » de la part des États-Unis.

« Un avion de reconnaissance à haute altitude U-2 américain a fait irruption dans la zone d’exclusion aérienne établie pour des exercices à tirs réels dans le théâtre Nord de l’Armée populaire de libération, perturbant gravement ses activités d’entraînement et de formation et violant gravement le code de bonne conduite en matière de sécurité maritime et aérienne en vigueur entre les deux pays », a dénoncé le ministère chinois de la Défense.

Selon la même source, l’avion espion américain aurait volé dans le bloc n°105 [34°30 N 123°00 E] de la zone d’exclusion aérienne, soit à environ moins de 300 km des côtes chinoises.

Cette intrusion d’un U-2 aurait pu être à l’origine d’un « malentendu », d’une « erreur de jugement » ou d’un « incident inattendu », a souligné le ministère. « C’était un acte de provocation pure et simple. La Chine s’y oppose résolumant et a déjà effectué des démarches sévères auprès des États-Unis », a-t-il ajouté.

Pouvant voler à 70.000 pieds d’altitude [21.000 mètres], ce qui rend compliqué toute interception, le U-2 Dragon Lady est bardé de capteurs [électro-optique, infrarouge, radar à synthèse d’ouverture, caméra très haute résolution, etc].

Pour le moment, les autorités américaines n’ont pas réagi officiellement aux accusations chinoises.

Cela étant, un satellite d’observation, opéré par la société américaine Planet Labs [qui exploite des nanosatellites de type CubeSat, ndlr] s’est visiblement intéressé aux manoeuvres chinoises en mer Jaune : un photographie prise dans le secteur où elles ont lieu montre en effet le départ d’un missile.

Il y a quelques jours, la même entreprise a diffusé un cliché sur lequel on pouvait voir un sous-marin chinois de Type 093 à l’entrée de la base navale installée sur la côte sud de l’Île de Hainan.

Quoi qu’il en soit, le renseignement militaire américain doit d’autant plus être aux aguets que, parmi les exercices annoncés par Pékin, l’un d’eux prévoirait le tir de missiles balistiques anti-navires DF-21 [surnommé le « tueur de porte-avions »] et DF-26, d’une portée de 4.000 km, au sud-est de l’île de Hainan.

D’ailleurs, le Global Times, quotidien qui suit la ligne du Parti communiste chinois, a évoqué, ce 26 août, la présence dans la zone de l’un des trois avions de renseignement RC-135S « Cobra Ball », utilisés par l’US Air Force pour détecter les tirs de missiles balistiques et suivre leur trajectoire.

L’appareil « a traversé le canal de Bashi depuis l’est, s’est dirigé vers le sud-ouest en direction de la mer de Chine méridionale et a fait demi-tour en suivant la même route. Il est venu près d’un exercice de l’APL en cours dans les eaux situées au large de la côte sud-est de l’île de Hainan », affirme le journal, en s’appuyant sur des données fournies par la South China Sea Strategic Situation Probing Initiative [SCSPI].

Dans le même temps, l’US Navy a indiqué que le groupe aéronaval formé autour du porte-avions USS Ronald Reagan venait de conduire des opérations aériennes en mer de Chine méridionale.

Par ailleurs, l’exercice aéronaval Rim of the Pacific [RIMPAC], organisé tous les deux ans par l’US Indo-Pacific Command avec la participation de forces navales alliées, n’a, cette année, pas éveillé la curiosité de la Russie et de la Chine qui, d’habitude, envoient des navires de renseignement pour le suivre de près. « Nous n’avons eu aucune présence de navires [de la République populaire de Chine] ou de la Fédération de Russie dans nos eaux à notre connaissance », a en effet affirmé un responsable de l’US Navy. Il faut dire que le format de l’édition 2020, par rapport aux précédentes, a été réduit à cause de l’épidémie de covid-19.

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