Tensions en Méditerranée : Les Émirats arabes unis envoient quatre F-16 en Grèce
Le 21 août, en Libye, le gouvernement d’union national [GNA] de Tripoli et son rival établi à Tobrouk ont annoncé, séparément, avoir conclu un accord prévoyant non seulement la cessation des hostilités mais aussi l’organisation prochaine d’élections présidentielle et législatives. Un développement inattendu…
Dans le détail, le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, a indiqué avoir ordonné « un cessez-le-feu immédiat et l’arrêt des opérations sur tout le territoire », afin de pouvoir établir des zones démilitarisées dans les régions de Syrte et de Joufra, que ses troupes, avec le soutien militaire de la Turquie, envisageaient jusqu’alors de reprendre à l’Armée nationale libyenne [ANL] du maréchal Haftar, laquelle relève du Parlement de Tobrouk.
L’annonce de cet accord est à prendre avec prudence… étant donné qu’il y en a déjà eu de ce type par le passé, comme en mars 2019. Un mois plus tard, le maréchal Haftar lançait ses troupes à l’assaut de Tripoli… Et, malgré le soutien militaire des Émirats arabes unis, de l’Égypte et de la Russie, ces dernières ont subi une série d’échecs face aux forces du GNA et aux mercenaires syriens envoyés en Libye par Ankara.
Justement, s’agissant de la Turquie, la question qui se pose est de savoir quel sort sera fait à l’accord sur les frontières maritimes qu’elle a signé en novembre avec Tripoli si jamais le GNA devait s’effacer devant un nouveau gouvernement rendu légitime par un processus électoral.
C’est d’ailleurs en partie à cause de cet accord, qui lui permet d’appuyer ses revendications territoriales en Méditerranée orientale qu’Ankara a décidé de soutenir militairement le GNA face à l’ANL [et, par extension, aux Émirats arabes unis, à l’Égypte et à la Russie].
Ces derniers jours, la tension est à nouveau montée d’un cran en Méditerranée orientale, avec la reprise des activités turques de de recherches de gisements gaziers dans des secteurs revendiqués par la Grèce et la République de Chypre. Et, dans cette affaire, Athènes a demandé le soutien de l’Union européenne.
La France y a répondu en annonçant le renforcement temporaire de sa présence militaire dans la région, « coopération avec les partenaires européens. » Ce qui s’est traduit, pour le moment, par l’envoi, pendant quelques jours de deux Rafale B, d’abord à Chypre, puis en Crète, ainsi que par la participation de la frégate légère furtive La Fayette et du porte-hélicoptère amphibie Tonnerre [alors en route vers Beyrouth dans le cadre de l’opération « Amitié »] à un exercice conduit par la marine grecque. Depuis, plus aucune communication n’a été faite.
Mais la Grèce, qui vient par ailleurs de signer un accord sur ses frontières maritimes avec l’Égypte, peut visiblement compter sur d’autres soutiens… venus du Moyen-Orient et avec lesquels elle partage la volonté de contrer les visées turques. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle avait annoncé, en février, l’envoi d’une batterie de défense aérienne Patriot en Arabie Saoudite pour y protéger les installations pétrolières menacées par les rebelles Houthis depuis le Yémen [voire par l’Iran].
Quoi qu’il en soit, selon le quotidien grec Ekathimerini, les Émirats arabes unis vont déployés quatre avionsF-16 sur la base aérienne de La Sude, en Crète. Et cela, « à la suite d’un appel », le 20 août, entre le chef des forces armées grecques, le général Konstantinos Floros, et le général Hamad Mohammed Thani Al Rumaithi, son homologue émirati ».
« Dans les prochains jours, ces avions et leurs équipages effecturont des exercices conjoints avec les forces armées grecques au-dessus de la Méditerranée orientale », précise le quotidien grec. Des techniciens émiratis sont également attendus à La Sude pour mettre en oeuvre ces quatre F-16.
L’annonce relative à ce déploiement des forces aériennes émiraties en Crète a coïncidé avec celle du président turc, Recep Tayyip Erdogan, sur la découverte d’un important gisement gazier en mer Noire, situé près dans les eaux territoriales turques, mais non loin de la Roumanie et de la Bulgarie. Pour autant, a-t-il prévenu, cela ne remettra pas en cause ses projets en Méditerranée orientale.
« Nous allons accélérer nos opérations en Méditerranée avec le déploiement en fin d’année du [navire de forage] Kanuni », qui est actuellement en maintenance, a en effet assuré M. Erdogan.