Selon un sondage, 58% des électeurs suisses soutiennent l’achat de nouveaux avions de combat

Lors d’un référendum organisé en 2014, les électeurs suisses rejetèrent la création d’un fonds de 3,126 milliards de francs suisses devant financer l’achat de 22 avions de combat JAS 39 Gripen E/F, afin de remplacer les 54 F-5 Tiger à bout de souffle de la force aérienne de la Confédération.

Dans le fond, ce résultat n’était pas très surprenant, tant ce dossier ne fut pas épargné par les polémiques, notamment sur le choix du Gripen E/F. Ce qui contribua à cristalliser les oppositions à ce projet.

Le département fédéral de la Défense a donc bien été obligé de revoir sa copie. Les F/A-18 Hornet de la force aérienne suisse devant arriver tôt ou tard au bout de leur potentiel, il a donc été décidé de lancer le programme Air 2030, afin de remplacer ces derniers mais aussi les F-5 Tiger. Et cela, d’ici 2030. Et, désormais, il est question pour Berne d’acquérir 36 à 40 nouveaux avions de combat. Une enveloppe de 6 milliards de francs suisses doit être débloquée à cette fin.

Pour l’instant, quatre types d’avions de combat sont en lice : le Rafale de Dassault Aviation, l’Eurofighter Typhoon, le F/A-18 Super Hornet de Boeing et le F-35A de Lockheed-Martin. Le vainqueur du précédent appel d’offres ayant été écarté [signe que les électeurs avaient sans doute eu le nez creux en mai 2014].

Seulement, ce projet suscite des oppositions, venant en particulier des partis de gauche, dont le Groupe pour une Suisse sans Armée [GSsA], le PS et les Verts. Le Conseil fédéral ayant soumis l’acquisition de ces avions de chasse au Parlement sous la forme d’un arrêté de planification, un référendum sur ce dossier est susceptible d’être organisé à la condition de réunir 50.000 signatures. Ce que les opposants se sont empressés de faire.

Et il leur aura fallu six semaines pour collecter 53.000 signatures, soit bien avant le délai qui leur était imparti pour le faire. Ce qui, pouvait-on penser, ne serait pas forcément de bon augure pour le plan Air 2030.

Le comité à l’orgine de cette campagne affirme que « l’exploitation, la maintenance et les mises à niveau coûteront six milliards pour chacun de ces postes, soit au total un chèque en blanc de 24 milliards, soit le plus gros projet d’armement de tous les temps pour la Suisse. » Et s’il n’est pas contre à l’achat d’avions pour assurer la police du ciel, il estime que des appareils légers feraient parfaitement l’affaire.

Pour cela, ce comité s’appuie sur une étude réalisée à la demande du Parti socialiste suisse par le cabinet américain Acamar Analyse & Consulting, lequel a estimé que, neutralité oblige, la force aérienne suisse pouvait très bien se contenter d’avions d’entraînement, comme le M-346 Master de Leonardo pour remplir ses missions. Seulement, cette évaluation ne peut pas être considéré comme sérieuse… pour la bonne raison que la neutralité se défend [et elle ne protège nullement contre un conflit armé].

« En période de tensions accrue, les Forces aériennes doivent être en mesure de sauvegarder la souveraineté aérienne pendant des semaines, voire des mois, afin d’empêcher toute utilisation non autorisée de l’espace aérien suisse », assure le département suisse de la Défense. Et d’insister : « Si la Suisse est attaquée par un autre État ou si un groupe armé sévissant en Suisse reçoit un soutien militaire étranger, les avions de combat et la défense sol-air permettent aux Forces aériennes de protéger le peuple, les infrastructures critiques et les troupes au sol contre les attaques aériennes et d’empêcher l’arrivée de tout soutien venu de l’étranger. »

Quoi qu’il en soit, le 27 septembre prochain, les électeurs suisses auront à se prononcer sur le financement du plan Air 2030, et non sur le type d’avion qui équipera [ou pas] leurs forces aériennes. Et, si l’on en croit un sondage publié par la SSR et réalisé par l’institut gfs.bern, 58% des personnes interrogées se disent favorable à l’achat de nouveaux avions de combat, 39% ont fait part de leur opposition et seulement 3% n’ont pas d’avis sur le sujet.

« Concernant le crédit de 6 milliards de francs destiné à remplacer la flotte actuelle d’avions de combat, un clivage gauche – droite se dessine dans les intentions de vote. Le projet est largement soutenu par les sympathisants du camp bourgeois [UDC, PLR, PDC], alors qu’il est rejeté par la gauche [PS, Verts]. Seuls les partisans des Vert’libéraux se montrent divisés, avec 47% de non et autant de oui [6% d’indécis] », relève la Radio Télévision Suisse [RTS].

Pour gfs.bern, le projet Air 2030 part avec une « prédisposition nettement plus positive » par rapport à la votation de 2014, a porté, in fine, davantage sur le Gripen et que le financement du renouvellement des F-5 Tiger. Cependant, l’institut se veut prudent, les incertitudes liées à la crise économique née de la pandémie de covid-19 pourraient changer la donne d’ici le 27 septembre, étant entendu que les opposants ne manqueront pas d’insister sur les arguments financiers pour faire échec à cet achat de nouveaux avions de combat.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]