Londres prend la tête d’une initiative internationale pour aider la marine ukrainienne à se reconstruire

Quand, en mars 2014, Russie prit le contrôle de la Crimée, la marine ukrainienne fut quasiment anéantie : 80% de ses navires étaient en effet basés dans la péninsule. Ce qui fait, que aujourd’hui, elle ne dispose plus que d’une seule frégate de type Krivak III technologiquement dépassée et d’une poignée de patrouilleurs, dont deux de classe « Island » ayant précédemment été mis en oeuvre par la garde-côtière américaine [US Coast Guard].

Aussi, le renforcement des capacités navales est-il une priorité pour Kiev, d’autant plus que, désormais, la Russie contrôle l’accès à la mer d’Azov [et donc à celui du port de Marioupol], via le détroit de Kertch. Ce qui donna d’ailleurs lieu, en novembre 2018, à un incident avec les gardes-côtes russes, lesquels arraisonnèrent trois patrouilleurs ukrainiens.

L’un des scénarios redoutés par l’état-major ukrainien est que les forces russes finissent par s’emparer du littoral donnant sur la mer d’Azov afin d’assurer une continuité territoriale entre la Crimée et le Donbass, où elles soutiennent les séparatistes acquis à la cause de Moscou.

À l’Otan, où l’on considère la région de la mer Noire comme étant stratégique, on encourage évidemment la modernisation de la marine ukrainienne, même si l’Ukraine ne fait pas partie [du moins, pas encore] de l’Alliance. Ce qui explique l’intérêt que lui portent les États-Unis. En 2018, il fut ainsi rapporté que le Pentagone avait l’intention de donner deux frégates de type Oliver Hazard Perry à Kiev.

Si ce projet ne s’est pas concrétisé pour le moment, l’agence chargée des exportations d’équipements militaires américains [la DSCA], a émis, en juin, un avis favorable à la vente de 16 patrouilleurs Mark VI à Kiev, pour un montant maximum de 600 millions de dollars. Et cela afin de « soutenir les patrouilles fluviales et littorales dans la zone économique exclusive de l’Ukraine. »

À noter que le Service national des gardes-frontières d’Ukraine [SBGSU], qui relève du ministère ukrainien de l’Intérieur, recevra bientôt 20 patrouilleurs de type FPB 98 [dotés d’un canon de 30mm, ndlr], commandés auprès du chantier naval frnaçais Ocea.

Cela étant, les États-Unis ne sont pas les seuls à contribuer à la reconstruction de la marine ukrainienne. Ainsi, le 18 août, le ministère britannique de la Défense [MoD] a annoncé que le Royaume-Uni va prendre la tête d’une « initiative internationale » associant le Danemark, le Canada et la Suède [non membre de l’Otan, ndlr] visant à renforcer la capacité de l’Ukraine à « lutter contre les menaces en mer Noire », via une formation maritime.

« L’initiative de formation maritime est un autre pas en avant pour les relations de défense du Royaume-Uni avec l’Ukraine. Nous avons déjà contribué à la formation de milliers militaires dans une pléthore de compétences, allant des premiers secours de base à la planification opérationnelle, afin de leur permettre de « défendre l’intégrité territoriale [de l’Ukraine] contre les séparatistes soutenus par la Russie », a déclaré Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense, lors d’un déplacement à Kiev.

« Désormais, l’Initiative de formation maritime permettra une collaboration encore plus étroite avec l’Otan et les forces armées du monde entier », a encore fait valoir M. Wallace, qui a en outre annoncé la visite prochaine de navires de la Royal Navy en Ukraine, ce qui n’était plus arrivé depuis la participation du destroyer de type 45 HMS Duncan à l’édition 2019 de l’exercice Sea Breeze.

En réalité, cette initiative annoncé par M. Wallace viendra s’ajouter aux formations déjà dispensées par la Royal Navy à la marine ukranienne, dans le cadre de l’opération « Orbital », en particulier dans les domaines de la plongée et du déminage.

Là, il est donc question d’aller plus loin, avec des formations portant sur la navigation, la planification opérationnelle, la surveillance en mer, la maintenance, etc. « L’Initiative de formation maritime permettra à la marine ukrainienne de travailler encore plus étroitement aux côtés de partenaires internationaux dans la défense de la région de la mer Noire », a insisté le MoD, lequel s’attend à voir « d’autres pays » s’y joindre.

Quoi qu’il en soit, un autre priorité de la marine ukrainienne, comme l’a récemment souligné son chef d’état-major, l’amiral Oleksii Neizhpapa, est de se doter de missiles anti-navires. Ce qui se comprend aisément : face à son homologue russe, elle ne fera jamais le poids. Pour cela, elle pourra compter sur le R-360 Neptune, qui, encore en cours de développement, est susceptible de constituer un « moyen de dissuasion significatif », selon Kiev.

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